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Une caméra de télévision devant le logo de la COP26 sur un écran, le 9 novembre à Glasgow, en Écosse. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Juste avant et pendant la conférence climat de Glasgow qui a commencé le 31 octobre, une trentaine de pays ont mis sur la table de nouveaux engagements, à court ou à long terme, notamment le Brésil ou encore l’Inde qui s’est engagée à la neutralité carbone pour 2070. Des annonces que les observateurs avaient souvent jugées significatives.
Mais "quand on regarde ces nouveaux engagements, franchement, c’est la montagne qui a accouché d’une souris", a déclaré mardi 10 novembre la patronne du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) Inger Andersen.
Le rapport annuel de référence du PNUE publié juste avant le début de la COP26 prédisait un réchauffement "catastrophique" de +2,7°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Ou +2,2°C en prenant en compte les promesses de neutralité carbone pour le milieu du siècle.
Les prévisions mises à jour mardi 10 novembre par le PNUE, qui évaluent les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet serre de quelque 150 États pour 2030 ne changent pas vraiment la donne.
Les engagements pour 2030 des deux dernières semaines représenteraient 0,5 gigatonne d’équivalent CO2 d’émissions en moins en 2030, mais il faudrait ajouter à cela 27 gt pour limiter le réchauffement à +1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris.
De ce fait, les objectifs à 2030 révisés n’entraînent aucun changement de la trajectoire de température : +2,7°C d’ici la fin du siècle, selon le PNUE.
Si l’on prend en compte promesses de neutralité carbone aux environs du milieu du siècle de plus de 70 Etats représentant trois quarts des émissions mondiales, la trajectoire montre une légère amélioration : +2,1°C, contre +2,2°C.
"Avant le coup de marteau final"
Mais ces promesses de neutralité carbone "sont généralement vagues, généralement pas transparentes, certaines parlent de gaz à effet de serre et d’autres seulement de C02, elles sont difficiles à évaluer, et beaucoup d’entre elles reportent les efforts à faire après 2030", alors qu’il faudrait réduire les émissions de 45% d’ici cette date pour espérer +1,5°C, a commenté Inger Andersen.
D’autres estimations des prévisions de températures ont été publiées ces derniers jours.
Évaluation des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 36 pays et de l'Union européenne à l'issue de la COP21 de Paris en 2015, selon Climate Action Tracker. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La plus optimiste émanant de l’Agence internationale de l’Énergie évoque un espoir de limiter le réchauffement à +1,8°C si toutes les promesses à court terme et de neutralité carbone étaient respectées. Mais elle comptabilise l’engagement d’une centaine de pays à réduire les émissions de méthane, puissant gaz à effet de serre, de 30% d’ici 2030, alors que le PNUE ne prend pas en compte ce type d’annonces transversales qui peuvent "se chevaucher" avec les engagements nationaux.
Une autre analyse du Climate Action Tracker publiée mardi 10 novembre prédit une hausse de +2,4°C en se basant sur les objectifs de court terme.
Mais la plupart des estimations récemment mises en avant sont basées sur une probabilité de 50% de rester sous un plafond donné, alors que le PNUE adopte l’approche plus prudente de 66%, comme les experts climat de l’ONU (Giec).
Toutes ces évaluations "démontrent qu’il y a eu des progrès mais que ce n’est clairement pas suffisant", a commenté mardi 10 novembre le président de la COP26 Alok Sharma, qui veut pouvoir dire avec "crédibilité" à la fin de cette conférence que l’objectif de +1,5°C est "vivant".
Dans tous les cas, aucune des prévisions ne deviendra réalité sans des politiques mises en oeuvre sur le terrain. Des actions réelles qui nécessitent un véritable leadership, a souligné Inger Andersen.
"Nous espérons que ce déficit de leadership puisse être réduit par les chefs d’État, les dirigeants, les ministres, et tous les autres, avant le coup de marteau final de la COP".