La mode africaine se transforme sous l’influence de l’Europe

La mode africaine, qui commence à se faire remarquer sur la scène internationale, se détourne de plus en plus des traditionnelles étoffes colorées, pour épouser d’autres matériaux et adopter des coupes plus classiques, en absorbant des influences venues d’Europe.

Modèle de Tina Lobondi  présenté à l’Africa Fashion Week de Johannesburg.

«Je crois que la mode africaine a dépassé les impressions, motifs et perles typiquement africains», estime le créateur sud-africain David Tlale, qui présentait sa collection à l’Africa Fashion Week de Johannesburg, fin octobre. «Nous ne pouvons pas rester coincés dans le passé... Le monde a évolué, les tendances ont évolué!»

Sa collection de prêt-à-porter propose des coupes simples, de la minijupe à la robe très longue, dans des couleurs de lever et de coucher du soleil allant du jaune à l’orange brûlé et au noir. Sans motifs traditionnels.

Si la Nigériane basée au Ghana Titi Ademola s’en tient aux couleurs vives qui ont fait connaître la mode africaine, elle a choisi pour sa griffe Kiki Clothing des coupes résolument modernes pour répondre aux besoins de sa clientèle de base : les femmes qui travaillent.

«C’est merveilleux d’utiliser ces imprimés magnifiques qui sont à notre disposition, mais la mode africaine est plus grande que cela», explique-t-elle.

Deux créateurs espagnols sont installés depuis trois ans à Kigali. Avec leur griffe Mille Collines, ils revendiquent leur africanité, mais n’oublient pas leurs origines.

«Nous faisons les choses à l’envers, vu que nous sommes des designers européens basés en Afrique, et qui créent pour l’Afrique», sourit Ines Cuatrecasas Barcelo, cofondatrice de la marque rwandaise.

«Les gens pensent que la femme africaine vient de son village. Oui... mais il y a une nouvelle femme africaine», souligne son collègue Marc Oliver.

Leurs vêtements de coton et polyester sont clairement d’inspiration occidentale, avec des finitions brodées à la main de motifs africains. Ils sont accompagnés de bracelets de sisal et de colliers en étain et en bois.

Leur cible? L’Africaine qui veut rester africaine, mais qui ne dédaigne pas les apports extérieurs. Et aussi des clientes non africaines en mal d’exotisme.

La Congolaise Tina Lobondi utilise également des imprimés africains, mais leur ajoute du cuir de luxe et d’autres tissus.

La Congolaise basée à Londres Tina Lobondi utilise également des imprimés africains, mais leur ajoute du cuir de luxe et d’autres tissus.

«Nous n’utilisons jamais le terme +mode européenne+, alors pourquoi utilisons-nous celui de +mode africaine+? Je suis une créatrice d’origine africaine qui essaye d’apporter un peu de ma culture dans mes dessins, mais je ne veux pas que mes vêtements soient étiquetés +mode africaine+, parce que pour moi ce mot ne veut rien dire», souligne-t-elle.

Les organisateurs de l’Africa Fashion Week veulent en faire une rampe de lancement pour des marques africaines, qui pourrait un jour rivaliser avec les plus grands.

Mais si ces créateurs haut de gamme repoussent les limites de la mode africaine, de nombreux Africains sont fiers de leurs racines, et refusent de transiger sur les impressions et les couleurs.

Pour Folake Kolawole, gérant du magasin An African Influence à Randburg, un quartier de la classe moyenne de Johannesburg, «le tissu africain est unique».

Dorothy Phiri, une acheteuse, insiste d’abord sur un cocktail de couleurs vives et d’impressions africaines, «et puis, après, le design. C’est cela qui montre que vous êtes en Afrique!»

AFP/VNA/CVN

 

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