La coach Hông Vân (2e à gauche) partage un fabuleux moment avec «ses enfants» aux ASEAN Para Games 7, en janvier dernier au Myanmar. |
Fraîche émoulue de l’École secondaire de l’éducation physique et des sports de Dà Nang, Nguyên Thi Hông Vân, venue au monde en 1962, retourne immédiatement sur les terres qui l’ont vue naître, la province de Quang Tri, en vue de consacrer une partie de son temps aux activités sportives de cette localité.
C’est en 1997 que son destin prend forme. Elle se voit confier la sélection de natation handisport de Quang Tri dans l’optique du premier Festival national des sports et des arts en faveur des handicapés, organisé ici chez elle. Les résultats vont bien au-delà des espérances, puisque ses élèves comme Hô Thi Huê, Nguyên Van Do, Lê Van Anh… y font sensation. Hông Vân commence à se faire un nom à Quang Tri, en aidant les handicapés à faire du sport pour garder la santé et surtout, l’énergie de vivre. C’est aussi l’année où elle entame son parcours qui consiste à partager et cultiver les rêves des enfants handicapés vivant dans les nombreuses régions rurales pauvres de la province.
Si les petits protégés de Hông Vân ont chacun une situation particulière, ils ont tous le point commun d’avoir été des «laissés pour compte» dans la société.
Un parcours du combattant...
Il n’est pas simple d’accueillir de tels enfants, car ils font un complexe d’infériorité et n’osent le plus souvent pas sortir de la maison. D’autant que les parents ne sont pas enclins à les voir partir. Hông Vân doit ainsi se rendre auprès de chaque famille afin de convaincre les parents de leur permettre de vivre avec elle et de faire du sport.
Le fait que Hông Vân adopte des enfants handicapés donne lieu à bien des commentaires de la part de ses voisins, certains allant même jusqu’à dire qu’elle est «toquée». Face à de tels propos, elle préfère faire la sourde oreille. Le plus important pour elle, c’est d’être soutenu par sa famille, pour qu’elle puisse nourrir et entraîner sereinement ce petit monde.
Même si cette situation n’est pas toujours facile à gérer au quotidien, vous ne l’entendrez jamais se plaindre. Si le budget est restreint, les repas en famille sont souvent de bons moments, car tous savent d’où ils viennent. Son bonheur est à son comble lorsque ses «enfants» l’appellent affectueusement «me Vân» (maman Vân).
La première fille que Hông Vân a adoptée s’appelle Lê Thi Dung, souffrant d’une paralysie à une jambe. Lorsqu’elle l’a prise en charge, Dung ne savait pas nager. Pour cette jeune fille, la natation était quelque chose qu’elle n’aurait jamais pu imaginer pratiquer un jour.
... pour des victoires encore plus belles !
La volonté et le dévouement de sa mère adoptive ont permis à Dung de soulever des montagnes, en raflant quatre médailles d’or (catégorie S10) lors des ASEAN Para Games 3 aux Philippines en 2005, dont trois individuelles sur 50 m, 100 m et 200 m nage libre.
Autrefois, le fleuve Thach Han servait de lieux d’entraînement aux «enfants» de Hông Vân. |
Photo : Hô Câu/VNA/CVN |
Depuis, tous les sportifs handicapés que Hông Vân prend sous son aile surfent sur la vague de ce succès, clamant haut et fort le message «Handicapé mais utile». Résultat : Truong Quang Gôn a remporté l’or du 100 m dos-crawlé et deux d’argent sur 100 m et 400 m nage libre (catégorie S8) lors des 3es Jeux handisport d’Asie juniors en en 2013 en Malaisie. Quand à Nguyên Thi Diêu Hà, en plus de ses deux titres décrochés lors de ces jeux, elle a remporté l’argent du 50 m dos-crawlé (catégorie SB8) aux ASEAN Para Games 7 au Myanmar en janvier 2014.
Se remémorant les débuts chaotiques sur la voie difficile qu’elle a choisie d’emprunter, Hông Vân raconte : «Les fleuves Thach Han et Hiêu nous servaient de lieux d’entraînement. Chaque jour, je devais porter un enfant sur mon vélo pour nous y rendre, car il n’y avait pas de fauteuil roulant. Je veux remercier les Cieux. Il y a eu des moments chauds, notamment pendant la saison des pluies où le niveau des cours d’eau est élevé. Certains des enfants ont été entraînés vers le centre du fleuve, avec un fort courant et des remous. C’était dangereux car il fallait toujours leur dire de bien faire attention à nager au bord. Mais aujourd’hui, nous pouvons nous entraîner à la piscine, ce qui nous facilite énormément la tâche».
Hông Vân voit plus loin que la simple dimension sportive, en pensant à l’avenir professionnel de ses enfants. Elle les aide à apprendre un métier pour qu’ils puissent avoir un emploi avec un revenu stable. Pour heure, Lê Thi Dung travaille dans une entreprise étrangère, Trân Van Thông est fonctionnaire dans son quartier, Trân Van Diêu tient un atelier de menuiserie… Et c’est ainsi qu’un nouveau cycle débute.
Le vœu le plus cher de ce qui est certainement la meilleure ambassadrice du handisport au Vietnam, serait de voir les sportifs handicapés de Quang Tri bénéficier d’une assistance matérielle et financière régulière de la part des instances. Cela permettrait, selon elle, de les rassurer, eux qui souvent hésitent avant de se lancer dans une carrière.
Phuong Nga/CVN