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Dà Nang (Centre) dispose de nombreuses anciennes maisons communes de grande valeur. |
Pour les Vietnamiens, le dinh làng, ou maison commune, est considéré comme le centre culturel, spirituel et social du village. Il s’agit d’une structure architecturale importante où l’on rend le culte au Thành hoàng làng (littérairement Génie tutélaire du village). La bâtisse reflète le talent architectural des ancêtres et arbore des choix de matériaux qui varient d’une localité à l’autre.
Auparavant, la maison commune n’était qu’un lieu de repos de passage pour les mandarins en déplacement dans les villages. C’est à la fin du XVe siècle qu’elle revêt une fonction de croyance, de pratique ou de vénération à une divinité. Au XVIIe siècle, sa construction s’est développée largement avec la naissance des ouvrages de Thô Tang et Huong Canh (province de Vinh Phuc), de Hoàng Xa (Hà Tây, une partie de Hanoï aujourd’hui) ou encore de Thô Hà et Phù Lao (Bac Giang), au Nord.
Architecture typique
La ville de Dà Nang compte aujourd’hui environ 80 maisons communes dont quatre construites entre 1841 et 1883 : Phuoc Thuân en 1844, Bô Ban en 1852, Phong Lê Bac en 1855 et Duong Lâm en 1866. Plusieurs d’entre elles conservent à ce jour leurs sac phong (décrets royaux), panneaux transversaux et parallèles. Il s’agit d’une source d’archives historiques inestimables contribuant à enrichir le trésor culturel de la localité.
En tant qu’ouvrage clé du village, le choix de la terre pour la construction est primordial. Ainsi, les villageois optent souvent pour un endroit vaste, entouré de montagnes et de rivières. C’est pourquoi les maisons communes sont généralement édifiées dans des lieux ouverts et leurs quatre façades tournées vers les quatre côtés : nord, sud, est et ouest. En face, se situe une étendue d’eau, un petit lac ou un étang selon les principes du Feng shui, cet art de vivre issu de l’ancienne cosmogonie chinoise permettant une meilleure harmonie de l’individu avec son environnement.
Ces ouvrages, dont l’ossature est en bois, comprennent notamment une porte, un paravent, une cour et un lieu de culte. Ils se distinguent par leurs toits richement décorés de bas-reliefs remarquables, souvent inspirés des tu linh (quatre animaux sacrés : dragon, licorne, tortue et phénix) selon la croyance vietnamienne.
La plupart des maisons ont été construites par des migrants du Nord. Il s’agit de lieux où les habitants locaux pratiquent le culte aux vieux sages et aux fondateurs du village. Le directeur du Musée de Dà Nang, Huynh Dinh Quôc Thiên, fait savoir que la maison commune est le fruit de l’histoire et de la culture, établie par les générations précédentes lors de leur migration vers le Centre.
La restauration et la préservation des maisons communes s’inscrivent dans le cadre du programme de protection des vestiges culturels traditionnels de Dà Nang.
Selon M. Quôc Thiên, entre 2016 et 2020, la ville a versé 253 milliards de dôngs dans la restauration de 39 vestiges dont 26 maisons communes. Celles-ci ont été remises en état tout en respectant leur architecture initiale comme les maisons communes de Xuân Thiêu dans le district de Hoà Hiêp Nam, ou encore Mân Quang (Tho Quang) et Phuoc Thuân dans le district éponyme.
Attractivité touristique
La maison commune de Cô Mân, arrondissement de Son Trà. |
Le directeur du Service municipal de la culture et des sports de Dà Nang, Pham Tân Xu, souligne que la restauration, la gestion ainsi que la sauvegarde de ces vestiges demeurent des priorités. La ville a d’ailleurs approuvé le projet sur la préservation et la promotion des valeurs culturelles et traditionnelles pour la période 2021-2025, dans le but d’assurer l’attractivité au service du tourisme.
La protection va de pair avec le développement touristique. Étant l’une des villes les plus fréquentées du pays, Dà Nang se concentre notamment sur la diversification de ses services et produits touristiques en introduisant les maisons communes au programme de ses circuits. On peut citer Tuy Loan ou Hai Châu qui, grâce à leur architecture typique et originale, ont su devenir des sites captivants.
Afin de mieux s’adapter à la situation épidémique, la ville applique les technologies modernes dans la gestion et la promotion des valeurs de ses vestiges. C’est dans cette optique que la numérisation en 2D et 3D de ces ouvrages historiques et culturels au service des touristes a été réalisée.
La restauration et la sauvegarde des maisons communes jouent un rôle clé dans la protection des us et coutumes des autochtones. De plus, cela contribue également à éduquer les générations futures sur la tradition ainsi qu’à stimuler le tourisme local.