Les Neuf Urnes dynastiques de Huê, au Centre. |
Photo : VNA/CVN |
Je me contente d’en signaler des exemples : Certains dictons populaires vietnamiens font appel au chiffre 9 pour exprimer la tolérance, la réconciliation : "Il n’y a que neuf, comptons pour dix" (Chín bo làm muoi), "Une concession que vous faites vous rapportera neuf bonnes choses" (Môt su nhin là chín su lành).
Le neuf évoque ainsi un grand nombre, l’idée d’abondance. Citons comme exemples les locutions : "Neuf greniers et dix buffles" (Chín dun muoi trâu) se dit d’un paysan riche, un homme cupide "qui possède déjà neuf greniers en convoite encore un pour faire dix" (Chín dun con muôn dun nua là muoi), "Quand on est neuf, ça fait dix villages" (Chín nguoi muoi làng) s’applique à une réunion composée de personnes venues de beaucoup d’endroits, "Les neuf couches de nuages" (Chín tâng mây) désigne le ciel, le firmament. Le Mékong se traduit par Cuu Long (Neuf Dragons). L’idée "partout" se traduit par : "Les neuf directions du Ciel et les dix régions de Bouddha" (Chín phuong troi, muoi phuong Phât).
Le nombre 9 est souvent lié à l’éthique confucéenne. La piété filiale rappelle à l’enfant les "neuf caractères qui disent les peines des parents" (Chín chu cù lao, expression tirée du Livre des Odes de Confucius). Selon l’esprit de la grande famille, même quand quelqu’un vous est lié par une parenté de la 9e génération, il vaut mieux qu’un étranger (Chín doi còn hon nguoi dung). Les Neuf étages du Ciel (Cuu trùng) désignent le trône impérial.
Un symbole de la dynastie des Nguyên
Le Mékong au Vietnam se traduit par Cuu Long ou Neuf Dragons. |
Photo : CTV/CVN |
À Huê, vous pouvez admirer les Neuf Urnes dynastiques (Cuu dinh) en bronze, symbole de la dynastie des Nguyên (1802-1945), dans la citadelle royale ; sur chacune d’elles sont gravées en haut-relief des images représentant l’univers et les sites naturels du Vietnam. Le 9e Degré du mandarinat (Cuu phâm van giai) était l’échelon honorifique le plus bas de la Cour de Huê. Sous l’administration coloniale française, on pouvait acquérir ce titre avec une certaine somme d’argent. Le Double Neuf (9e jour du 9e mois lunaire) est une fête célébrée en famille (en Chine). Les Neuf sources (Chín suôi) désignent le séjour des morts.
Le bouddhisme se réfère au chiffre 9 dans de nombreuses circonstances. Si vous visitez une pagode vietnamienne, vous remarquerez sur l’autel la Statue des Neuf Dragons (Cuu Long) ou de Çakyamuni naissant : le petit Bouddha reçoit des ablutions faites par 9 dragons. Selon la légende, il fait sept pas, indiquant d’une main le Ciel, de l’autre la Terre, en disant : "En haut le Ciel, en bas la Terre, seul le Moi est digne du culte" (sans doute, il faut comprendre ici le Grand Moi, ou Brahman, âme universelle dans laquelle viennent se fondre les atmas - les mois individuels). Un proverbe bouddhiste conseille :
"Même si vous bâtissez neuf marches d’un pont flottant,
Cela vaut moins que de sauver une personne en détresse"
Ce qui veut dire qu’un acte obscur de charité vaut mieux qu’un geste de générosité ostentatoire.
La tour est souvent conçue comme une fleur de lotus à plusieurs rangées de pétales, chaque rangée marquant un degré d’ascèse. Le nombre maximum est de 9 (Cuu phâm liên dài).
(1995)