La justice française enquête sur une vente de sous-marins au Brésil

La justice française enquête sur des soupçons de pots-de-vin qui pourraient avoir permis à la France de décrocher fin 2008 une importante commande de sous-marins au Brésil, pour plusieurs milliards d'euros, a rapporté samedi 20 mai le journal Le Parisien.

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Le parquet national financier (PNF) a ouvert en octobre une enquête préliminaire pour "corruption d'agents publics étrangers" autour de ce contrat signé le 23 décembre 2008, à l'occasion d'une visite de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, à son homologue brésilien Lula, selon le site internet du journal.

Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP qu'une enquête était en cours pour des faits de corruption autour d'une commande de sous-marins par le Brésil, sans donner plus de précisions. Contacté par l'AFP, le PNF n'a pour sa part "ni confirmé, ni infirmé" les informations du Parisien.

Le Brésil avait, entre autres contrats, commandé quatre sous-marins d'attaque Scorpène. La transaction prévoyait aussi d'importants transferts de technologie. Le Scorpène est un sous-marin d'attaque conventionnel, fabriqué par les chantiers français DCNS, en coopération avec l'industriel espagnol Navantia.

Le constructeur naval DCNS a fait savoir à l'AFP qu'il n'avait "rien à voir avec l'affaire +Lavage express+, du nom d'une tentaculaire enquête anticorruption en cours au Brésil. L'entreprise "respecte partout dans le monde scrupuleusement les règles de droit", a indiqué un porte-parole. DCNS est partenaire au Brésil du géant du BTP Odebrecht, au coeur du méga-scandale de corruption qui agite le pays au travers du groupe pétrolier d'État, Petrobras.

Le Scorpène est un sous-marin d'attaque conventionnel, fabriqué par les chantiers français DCNS, ici à Cherbourg le 21 octobre 2003.
Photo : AFP/VNA/CVN

Odebrecht est accusé de verser systématiquement des pots-de-vin à des responsables politiques pour truquer des marchés publics. En avril dernier, le président de DCNS Brésil, Eric Berthelot, avait assuré à l'AFP que ces enquêtes ne "touchaient qu'Odebrecht elle-même."

Une source de la présidence française avait à l'époque évalué le contrat sur les sous-marins à 6,7 milliards d'euros dont 4,1 milliards pour la France, le reste allant à des entreprises brésiliennes. Selon Le Parisien, le PNF s'interroge sur le versement éventuel de pots-de-vins, suivis de rétrocommissions, à cette occasion. La patronne du PNF, Eliane Houlette, s'est rendue récemment au Brésil, avec toute une délégation dont faisait partie Thomas de Ricolfis, le chef des policiers de l'office anticorruption français (Oclciff).

Dans un communiqué du 9 mai, son hôte brésilien, le procureur général de la République Rodrigo Jano, avait évoqué la possibilité de mener des enquêtes conjointes sur des "cas concrets" de corruption "intéressant les deux pays."

Le Brésil est secoué par des scandales de corruption à répétition, visant l'actuel président Michel Temer, mais aussi ses prédécesseurs: l'icône de la gauche Luis Inacio Lula da Silva dit "Lula" (président de 2003 à 2010) et Dilma Rousseff (2010-2016). Lula en particulier est sous le coup de plusieurs procédures judiciaires dans le cadre d'une tentaculaire enquête anticorruption dite "Lavage express".


AFP/VNA/CVN

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