La guerre commerciale rend le FMI moins optimiste

La guerre commerciale qui fait rage entre les États-Unis et la Chine est une ombre au tableau de l'économie mondiale, a souligné lundi 8 octobre le Fonds monétaire international (FMI) en abaissant les perspectives de croissance pour 2018 et 2019.

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Les présidents américain Donald Trump (gauche) et chinois Xi Jinping à Pékin, le 9 novembre.

Le FMI, qui pointe également du doigt les risques entourant la crise des devises dans certains pays émergents, table désormais sur une croissance du produit intérieur brut mondial (PIB) de 3,7% pour chacune de ces deux années (-0,2 point), une hausse similaire à celle de 2017.

"La croissance économique mondiale est toujours solide comparée à ce qu'elle était plus tôt au cours de cette décennie mais elle semble avoir plafonné", a commenté Maurice Obstfeld, le chef économiste du FMI. En outre, les risques se sont accrus quand ils ne sont pas déjà "partiellement matérialisés".

L'expansion est également moins synchronisée entre les pays, moins d'économies y participent tandis que la dette publique et celle des entreprises atteint des nouveaux records, observe le Fonds, qui tient ses réunions annuelles cette semaine à Bali, en Indonésie.

Éviter le protectionnisme

Au printemps, le FMI évoquait déjà ces risques, citant en particulier, les taxes douanières que l'administration Trump envisageait alors d'imposer sur les marchandises de ses partenaires, notamment chinois.

Depuis, Washington est passé des paroles aux actes: 250 milliards de dollars d'importations chinoises sont sous le coup de tarifs douaniers supplémentaires. Et Pékin a rétorqué en imposant des taxes sur 110 milliards de dollars de marchandises américaines.

Pour l'heure, les prévisions de croissance en 2018 des États-Unis et de la Chine, les deux premières puissances économiques du monde, ont été maintenues, à respectivement "2,9% et "6,6%: des rythmes encore très soutenus. Pour les États-Unis la croissance envisagée se situe au-dessus de celle des pays avancés ("2,4%). Pour la Chine, elle dépasse légèrement celle de la région Asie en développement ("6,5%).

Mais le FMI estime que la croissance va ralentir en 2019, à 2,5% pour les États-Unis (-0,2%) et "6,2% (-0,2%) pour la Chine.

In fine, les croissances des deux géants pourraient faiblir encore davantage puisque ces nouvelles prévisions n'incluent pas les autres menaces de Donald Trump, dont de nouvelles taxes sur 267 milliards de dollars de marchandises chinoises supplémentaires. Cela reviendrait à surtaxer la totalité des exportations chinoises vers les États-Unis.

Donald Trump justifie son offensive par le fait qu'il entend obtenir de Pékin un changement concernant des pratiques commerciales qu'il juge "déloyales" (transfert de technologies forcé, dumping, "vol" de propriété intellectuelle).

"Éviter des réactions protectionnistes et trouver des solutions prônant la coopération pour promouvoir la croissance du commerce des biens et services demeure essentiel pour préserver et étendre l'expansion mondiale", insiste le FMI.

L'institution s'inquiète en particulier d'une nouvelle intensification des tensions commerciales qui pourrait créer un peu plus d'incertitude, éroder la confiance des entreprises et des marchés financiers, conduire à plus de volatilité financière et ralentir enfin les investissements et le commerce, moteurs de la croissance mondiale.

Elle a d'ailleurs déjà revu en baisse la croissance du volume du commerce mondial à 4,2% cette année (-0,6 point) et à 4% l'année prochaine (-0,5 point). Au total, le PIB mondial pourrait être réduit de 0,8% d'ici 2020 contre 0,5% estimé en juillet.

Risques politiques

Ailleurs dans le monde, le Fonds a également abaissé la prévision de croissance de la zone euro à 2% cette année (-0,2 point) dont celle de l'Allemagne ("1,9% soit -0,3 point) et de la France (+1,6% soit -0,2 point) dont les exportations pâtissent du ralentissement économique en Chine. Il se montre encore plus pessimiste pour l'Amérique Latine et la zone des Caraïbes dont le PIB pour 2018 est désormais attendu en hausse de 1,2% (-0,4 point).

Dans cette partie du monde, le Venezuela s'enlise dans la récession et la reprise de l'expansion au Brésil, première puissance économique d'Amérique du Sud, sera bien moins forte que prévu. Enfin, l'Argentine, qui a obtenu du FMI une aide financière de 57 milliards de dollars, n'est pas épargnée par la crise des devises de certains pays émergents.

La mauvaise passe de ces économies suit jusqu'à présent un scénario plus ou moins classique: les États-Unis relèvent leurs taux d'intérêt. Les pays lourdement endettés en dollars en pâtissent. Les investisseurs se tournent vers des placements en dollars redevenus attractifs. Et les devises émergentes flanchent.

Le FMI relève par ailleurs les tensions politiques et diplomatiques qui ont contribué à affaiblir certaines économies. Et de citer les difficultés récentes en Italie de former un gouvernement, les incertitudes que fait toujours peser le Brexit en Grande-Bretagne, les tensions politiques entre les États-Unis et la Turquie ou encore la réimposition des sanctions américaines sur l'Iran.

Sans surprise enfin, la hausse récente du prix du pétrole profite aux économies exportatrices d'Afrique sub-saharienne et du Moyen-Orient.

AFP/VNA/CVN

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