La France se prépare à une nouvelle semaine sociale agitée

La France s'apprête à vivre une nouvelle semaine sociale agitée avec des appels à la grève dans le secteur clé des transports à l'approche de l'Euro de football, les syndicats opposés à une réforme espérant faire fléchir le gouvernement.

>>Près de la moitié des Français souhaitent le retrait du projet de loi travail

>>Le gouvernement français à la recherche d'une sortie de crise

Si tous les dépôts d'essence ont été débloqués, les raffineries tournent toujours au ralenti.

Depuis près de trois mois, la réforme sur le Code du travail, en discussion au parlement, divise la majorité socialiste au pouvoir et ses opposants tentent de paralyser le pays.

L'exécutif, très impopulaire à moins d'un an de l'élection présidentielle, a jusqu'à présent refusé tout compromis, contribuant à durcir le bras de fer mené par le premier syndicat du pays, la CGT.

Après une semaine marquée par le blocage de sites pétroliers en France, la situation s'est un peu améliorée concernant l'approvisionnement en carburants, avec la levée de la quasi-totalité des dépôts pétroliers. Mais les perturbations perduraient dimanche 29 mai, avec de nombreuses stations-service encore en rupture ou en difficulté.

Six des huit raffineries françaises sont toujours à l'arrêt ou au ralenti. La grève a été reconduite aux terminaux pétroliers de Marseille (Sud) et du Havre (Nord-Ouest), qui alimentent les deux aéroports parisiens de Orly et Roissy en kérosène. Le gouvernement a néanmoins imposé un service minimum, permettant une reprise partielle des expéditions d'hydrocarbures. "Il y a aura de l'essence dans les stations" lundi 30 mai, a promis dimanche 29 mai le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.

Si François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls entendent aller "jusqu'au bout" du projet de loi, certains députés socialistes estiment qu'une modification d'un article, point névralgique de la fronde, pourrait constituer une sortie de crise.

Les opposants contestent cet article qui permet aux entreprises de négocier directement avec leurs salariés les conditions de travail, au lieu de négociations générales par secteur d'activité. Ils estiment que cette disposition favorise la précarité.

Pour la première fois depuis deux mois, le Premier ministre a appelé samedi 28 mai le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, qui y a vu un "bon signe".

Dimanche soir 29 mai, ce dernier a exigé le retrait de l'article incriminé.

Selon un sondage pour Le Journal du Dimanche, 46% des Français souhaitent que le gouvernement retire le projet tandis que 40% souhaitent qu'il soit modifié et seuls 13% plaident pour le statu quo.

Les opposants au texte, qui dénoncent une réforme trop libérale, ne désarment pas. Huit syndicats ont ainsi appelé "à poursuivre et amplifier les mobilisations", avant la prochaine journée nationale d'action le 14 juin, une date choisie pour coïncider avec le début des débats sur le texte au Sénat.

Négociations cruciales

D'ici là, la mobilisation va se concentrer dans les transports. Dans les chemins de fer, où des négociations internes sur le temps de travail des cheminots entrent dans leur phase finale, les quatre syndicats représentatifs ont déposé des préavis de grève reconductibles à partir de mardi soir 31 mai.

Les syndicats espèrent peser sur l'issue des négociations qui doivent se poursuivre jusqu'au 6 juin, à quelques jours du coup d'envoi de l'Euro de football, le 10 juin, dont la Société nationale des chemins de fer (SNCF) est le transporteur officiel.

En région parisienne, des difficultés sont aussi à prévoir à partir du 2 juin dans le métro et les transports locaux en raison d'un appel à la grève "illimitée" lancé par la CGT. Ce syndicat demande la réouverture des négociations salariales annuelles et le retrait de la réforme.

Pour sa part, SUD, troisième force syndicale, appelle à une grève illimitée la semaine suivante à compter du lancement de l'Euro de football, qui va drainer vers la France des dizaines de milliers de supporters.

"Il n'y aura pas de grèves de trains et de métro" pendant l'Euro, a néanmoins assuré dimanche 29 mai le patron du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, disant ne pas "croire une seule seconde qu'ils prennent en otage la France".

Dans le secteur aérien, les syndicats de l'Aviation civile ont quant à eux appelé à une grève du 3 au 5 juin, cette fois pour des revendications uniquement internes. Enfin dans les ports, la CGT appelle à un arrêt de travail jeudi 2 juin.

AFP/VNA/CVN

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