Vente de papiers votifs dans la rue Hàng Ma. |
Les Vietnamiens ont l’habitude de prendre congé des Génies du Foyer que sont Ông Công (le Génie de la Terre) et Ông Tao (les Génies de la Cuisine), le 23e jour du 12e mois lunaire (le 3 février cette année). C’est précisément ce jour là que ces derniers s’envolent vers le Ciel pour aller faire leur rapport à l’Empereur de Jade sur la vie du propriétaire de la maison où ils logent, en lui demandant pour ces derniers la chance, la prospérité et le bonheur. La veille du Nouvel An lunaire, ils reviennent sur Terre pour reprendre leurs fonctions, qui consiste à surveiller la cuisine de la maison. Ce culte rendu aux Génies de la Terre et de la Cuisine a une valeur humaine qui reflète le bonheur familial. Le feu dans la cuisine ne manifeste pas seulement l’union chaleureuse de la famille, mais aussi une bonne récolte et la prospérité.
Évolution des mœurs
Chaque famille prépare généralement un festin, des bonnets et des paires de bottes en papier pour les Génies du Foyer, ainsi que trois carpes rouges leur servant de montures. La cérémonie de culte nécessite aussi des bâtonnets, des fruits et des papiers votifs. Après le culte dans la cuisine, les vêtements sont brûlés et les carpes sont libérées dans des étangs ou rivières.
Il n’y a pas encore si longtemps, l’on achetait les carpes au marché mais aujourd’hui, les habitants les ont majoritairement remplacées par des reproductions en papier votif.
Chaque année, à l’approche du jour J, les gens se ruent vers la rue Hàng Ma où sont vendus ces fameux papiers. Et ce sont les faux billets et donc les carpes qui ont, et de loin, le plus la cote. Le repas d’offrande a aussi beaucoup changé. Les habitants, pressés par les activités du quotidien, sacrifient la préparation en allant directement acheter des plats préparés vendus sur les marchés.
Mme Trang, domiciliée rue Giang Vo, informe que les membres de sa famille sont tous fonctionnaires, et donc très occupés. Sa famille doit terminer les «formalités» comme brûler des bâtonnets d’encens et les papiers votifs… avant de partir au travail. «Mes parents disent qu’il faut reconduire les Génies avant midi», insiste-t-elle.
Auparavant, on préparait un plat à base de carpe pour le repas de fête car en chinois, carpe signifie «surabondant». Les agriculteurs vietnamiens qui devaient travailler durement toute l’année croyaient dur comme fer que manger ce plat les aiderait à bénéficier d’une vie plus confortable.
Même si le Docteur Nguyên Lân Dung affirme que la préparation d’un plat à base de carpe est une coutume, elle risque néanmoins bien de disparaître, tant les gens sont occupés par leurs activités professionnelles et manquent de temps pour s’y consacrer pleinement. C’est aussi cela, la modernité.
Hà Minh/CVN