La Dr. Phuong Thu et son rêve d'élever le secteur des médicaments vietnamiens

Lorsqu'on rencontre la docteure Hà Phuong Thu (de l'Institut de science des matériaux, relevant de l'Académie des sciences et des technologies du Vietnam), seuls quelques-uns peuvent croire que la petite femme à l'accent doux est une scientifique de premier plan du Vietnam.

La Dr. Hà Phuong Thu.
Photo : NDEL

D'enseignante à docteure en nanosciences

Peut-être, la Dr. Phuong Thu ne croyait pas elle-même devenir une scientifique. Poursuivant la tradition de sa famille, Phuong Thu a commencé à enseigner dans un lycée de la ville centrale de Huê, après avoir obtenu son diplôme de l’École normale supérieure de cette ville. À 30 ans, elle a décidé de quitter son emploi d'enseignant stable à Huê pour entamer un nouveau parcours, la recherche sur les nanotechnologies.

Des cours de formation postdoctorale sur l'énergie nucléaire en France et de formation pratique à l'Institut de Technologie de Tokyo, au Japon, ont ouvert de nouveaux horizons à ses connaissances. Lors de son retour à l'Institut des sciences des matériaux, relevant de l'Académie des sciences et technologies du Vietnam, la Dr. Phuong Thu a commencé à se familiariser avec la nanotechnologie, nouveau domaine dont les opportunités d’application sont nombreux au Vietnam.

À l'époque, la nanotechnologie était une discipline étudiée dans plusieurs pays au monde, mais pour le Vietnam, elle était encore extrêmement nouvelle. Trois ans plus tard, est née sa première publication scientifique internationale sur la nano-biomédecine. Jusqu’à maintenant, Phuong Thu a publié 30 autres travaux.

Particulièrement, les résultats de sa recherche sur «Le processus de fabrication et l'évaluation de l'efficacité du système de délivrance des médicaments des nanostructures ciblées sur les cellules cancéreuses» montrent qu’on peut distribuer directement les médicaments aux cellules cancéreuses, sans affecter les cellules saines.

La valeur de ce travail a été hautement appréciée par la fondation française l’Oréal-UNESCO et a permis au Dr. Phuong Thu de remporter le Prix «Pour les femmes et la science».

Rien n'est impossible

«Les patients qui luttent contre le cancer doivent non seulement souffrir la douleur physique et mentale mais aussi supporter des soucis financiers. Malheureusement, on ne trouve pas encore un traitement efficace et il y a de plus en plus cancers», a partagé la Dr. Hà Phuong Thu.

C’est pour cette raison que Hà Phuong Thu et ses associés ont recherché et appliqué les nanotechnologies, utilisé toutes les matières premières et composé des ingrédients naturels à partir d’herbes vietnamiennes dans la prévention et la lutte anticancéreuse.

Selon la docteure Hà Phuong Thu, l’utilisation directe des curcumines et des racines du notoginseng n’est pas efficace, car la curcumine est difficilement soluble et absorbable, et la teneur des saponines du notoginseng est très faible dans les racines du notoginseng. Grâce au nano complexe FGC composé de Fucoïdane-Curcumine-Ginseng, on peut transformer la curcumine difficilement soluble en molécule bien soluble dans l’eau, pour créer un produit CumarGold Kare utilisé dans la prévention et l’assistance du traitement du cancer.

Les patients cancéreux, après chaque séance de radiothérapie ou de chimiothérapie, souffrent souvent d'anorexie (peur de manger), entraînant un épuisement rapide. Avec ce complexe, ils peuvent utiliser une quantité de médicaments plus faible mais le résultat est plus élevé, sans causer d'effets secondaires.

Cependant, le coût de ces produits est encore assez élevé car le complexe Nano FGC est extrait de matières premières précieuses, tandis que les cancéreux rencontrent toujours des difficultés financières. Cela pose beaucoup d'inquiétude sur Thu, l'encourageant à prendre des mesures pour partager les difficultés avec les patients.

Cumargold Kare, peu de temps après son lancement sur le marché, a vu plus de 10.000 unités vendues et reçu beaucoup de commentaires positifs. Pour répondre à la demande du marché, la Dr Phuong Thu et ses collègues doivent améliorer la productivité de 30 kg à 60 kg de ce produit par mois, (équivalant à 5.000 à 10.000 boîtes).

Lorsqu’on s’engage pour la science, affronter les difficultés est inévitable. En montrant une vieille machine dans son laboratoire, Phuong Thu nous a fait un clin d'œil : «Croirez-vous, peut-être un jour, nous pourrons guérir le cancer en n'utilisant qu'une vieille machine comme celle-là. En science, tout peut arriver !».

NDEL/VNA/CVN

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