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L'or a été poussé jusqu'à son record historique en décembre 2023, atteignant 2.135,39 USD l'once. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La demande mondiale a reculé de 5% l'an dernier, à 4.448,4 tonnes, lestée par un quatrième trimestre plus faible (-12% en glissement annuel), d'après le rapport trimestriel du Conseil mondial de l'or (CMO) publié mercredi 31 janvier.
Des sorties d'ETF, ces titres financiers cotés indexés sur le cours du métal jaune, ainsi qu'une légère baisse de la demande de lingots et pièces ont fait chuter le total de l'investissement en or de 15% en 2023, à 945,1 tonnes, soit son plus bas niveau depuis 10 ans, selon le rapport du CMO.
"Les investisseurs ont réagi à l'environnement de politique monétaire", avec "la hausse des taux d'intérêt" de la Réserve fédérale américaine (Fed) et "les conséquences que cela a eu sur les rendements obligataires", a expliqué Louise Street, analyste du CMO.
À partir de mars 2022, la banque centrale américaine a procédé à onze hausses de taux, le principal taux directeur de la Fed se situant depuis juillet 2023 dans une fourchette de 5,25 à 5,50%, son niveau le plus élevé depuis janvier 2001.
Or, les hausses de taux de la Fed ont tendance à soutenir le dollar et les rendement des taux obligataires américains. Tous les deux sont considérés comme des valeurs refuges concurrentes de l'or.
Pour l'analyste du CMO, les investisseurs "considèrent que cela a un effet négatif sur le coût d'opportunité de l'or, ce qui peut nuire à leur vision de l'investissement".
Les bijoux "très résilients"
Fin 2023, la tendance s'est inversée, et les attentes chez les investisseurs de baisses à venir des taux d'intérêts américains pèsent sur le billet vert comme sur les rendements des obligations d'État.
L'or a quant à lui été poussé jusqu'à son record historique en décembre 2023, atteignant 2.135,39 USD l'once, sur fond de tensions géopolitiques.
Côté lingots et pièces uniquement, la demande a baissé de 3% l'année dernière, à 1.189,5 tonnes.
La consommation annuelle de bijoux est, elle, restée à quelques tonnes près stable en 2023 par rapport à l'année précédente, s'établissant à 2.092,6 tonnes.
La demande en bijoux "s'est montrée très résiliente" compte tenu du fort prix de l'or, a souligné Mme Street.
D'autant que pour certaines devises, en Inde ou en Chine, "nous avons constaté une augmentation encore plus forte du prix local (de l'or) que du prix en dollars américains", a signalé l'analyste.
Selon Mme Street, les achats de bijoux ont repris en Chine, après les années de pandémie de COVID-19 marquées par une demande de bijoux en berne, en l'absence de mariages et célébrations où ils sont traditionnellement offerts. Sans ces prix si élevés, "nous aurions probablement constaté une augmentation encore plus forte", a estimé l'analyste.
Les banques centrales ont quant à elles acheté 1.037,4 tonnes d'or en 2023, soit 4% de moins qu'en 2022, année qui avait été marquée par une demande des institutions monétaires au plus haut depuis 55 ans.
L'or a, en effet, été particulièrement prisé par les banques centrales au cours des deux dernières années, en raison de la performance du métal précieux "en tant que protection contre l'inflation, de sa performance en temps de crise et de son rôle de valeur refuge", a relevé Mme Street.
Enfin, sur l'année 2023, l'utilisation de l'or dans le secteur technologique a fléchi de 4%, à 297,8 tonnes, car la demande d'électronique a souffert.
En 2024, la perspective d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine devrait soutenir l’or avec des taux d'intérêts légèrement plus bas, selon le rapport.
Les risques de récession mondiale ainsi que la baisse de l’inflation pourraient cependant plomber la demande d'or, valeur refuge contre la hausse des prix. Mais, à l'inverse, le risque géopolitique élevé devrait soutenir le métal précieux, prisé en temps de crise, note le CMO dans ses perspectives pour cette année.
AFP/VNA/CVN