Euro-2016
La Croatie, la Turquie et les "terroristes du sport"

L'Euro rêvait de tourner la page "hooligans" et de parler enfin football ? Raté. Des fumigènes lancés sur la pelouse par des supporters croates et allumés en tribune par des fans turcs le 17 juin relancent le débat sur la sécurité des stades et ternissent encore l'image du tournoi.

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Bagarre entre supporters croates et tchèques lors du match de l'Euro-2016 opposant leur deux équipe à Saint-Etienne, le 17 juin 2016.

"Ce ne sont pas des supporters, mais des terroristes du sport", a enragé le sélectionneur croate Ante Cacic après République tchèque - Croatie (2-2) à Saint-Étienne. Ce sont des "ennemis de la Croatie", qui "haïssent leur équipe et leur pays", a tonné la présidente Kolinda Grabar-Kitarovic sur Facebook.

En lançant sur la pelouse en toute fin de match des fumigènes et un pétard qui a explosé aux pieds d'un stadier, les encombrants fans croates ont réussi un triplé peu glorieux : ils ont coûté à leur équipe sa qualification en 8e de finale, au moins pour l'instant, la placent sous la menace d'une sanction et relancent le débat sur la sécurité dans les stades, où il est interdit d'introduire des engins pyrotechniques.

Avant les 4 minutes d'interruption provoquées par ces incidents, la Croatie menait 2-1 et était qualifiée en 8e. Mais juste après la reprise, elle a concédé un penalty qui a permis l'égalisation tchèque.

86e minute : des fumigènes sont lancés sur la pelouse d'une tribune de fans croates. L'arbitre stoppe la rencontre. Les joueurs de la Croatie, qui mènent 2 à 1, tentent de calmer leurs fans. Un pétard explose tout près d'un stadier, d'abord étourdi par la détonation, qui s'éloigne en courant, soutenu par d'autres.

Des coups sont échangés en tribune et le kop croate en partie évacué. Le match reprend quatre minutes plus tard. Penalty et égalisation tchèque.

"Des gens qui font peur"

Jets de fumigènes par les supporters croates sur la pelouse lors du match de l'Euro-2016 contre la République Tchèque à Saint-Etienne, le 17 juin 2016.

La Croatie risque maintenant des sanctions de l'UEFA, qui a ouvert une procédure disciplinaire. Une suspension avec sursis ? C'est la peine infligée à la Russie pour les incidents au Vélodrome à la fin du match contre l'Angleterre le 11 juin (1-1).

Les fans croates sont des récidivistes. Lors des qualifications de l'Euro, la Croatie avait été sanctionnée d'un retrait d'un point et de deux matches à huis clos pour une croix gammée tracée sur le terrain du match contre l'Italie en juin 2015 à Split.

Cacic ne décolère pas : "Ce sont des gens qui font peur, c'est pour ça qu'on les appelle les hooligans".

D'autres incidents similaires mais de moindre ampleur ont eu lieu à Nice, à la fin d'Espagne - Turquie (3-0), quand trois fumigènes et quatre pétards ont été allumés dans la tribune turque.

L'homme de nationalité française qui avait allumé deux des fumigènes a été interpellé et placé en garde à vue. Trois Français d'origine turque ont également été placés en garde à vue pour avoir allumé ou transporté des fumigènes devant une porte d'entrée du stade, avant le début du match.

Également en garde à vue, un Français qui a tenté de rentrer sur le terrain durant la rencontre mais a été immédiatement stoppé.

Onze ultras espagnols ont par ailleurs été interpellés plusieurs heures auparavant. Deux auraient porté des coups à un gérant de supérette qui refusait de leur vendre de l'alcool, dans l'après-midi. Ils ont été repérés avec l'aide de six policiers espagnols spécialisés dans les hooligans qui patrouillaient dans les rues de Nice.

Comme la Croatie, la Turquie sera sans doute sanctionnée.

Nouveau match à risques

Le joueur croate Ivan Perisic face aux forces de l'ordre après les jets de fumigènes par des supporters de son pays sur la pelouse lors du match de l'Euro-2016 contre la République Tchèque à Saint-Etienne, le 17 juin.

Ironie du sort, le directeur général de l'Euro-2016, chargé de la gestion des événements à l'UEFA, avait déclaré dans la matinée à Paris : "Maintenant nous avons haussé le niveau de sécurité en faisant appel à davantage de stewards dans les stades". "Ce n'est pas si facile, parce que le marché de la sécurité privée est asséché en France", avait poursuivi Martin Kallen.

La journée du 17 juin aura donc à nouveau été phagocytée par la question des hooligans, un mot que l'Euro espérait oublier, six jours après les graves violences provoquées par des Russes à Marseille.

À la mi-journée, tout en condamnant les débordements, Vladimir Poutine avait ironisé depuis le Forum économique de Saint-Pétersbourg : "Comment 200 supporters russes ont pu passer à tabac plusieurs milliers d'Anglais ?"

Il parlait des hooligans impliqués dans les graves affrontements le 11 juin à Marseille, qui avaient fait 35 blessés, majoritairement anglais.

Vingt d'entre eux vont être expulsés le 12 juin, dont le sulfureux président de l'association des supporters russes, l'ultranationaliste Alexandre Chpryguine.

L'Euro reste donc sous haute surveillance. La rencontre entre la Russie et le pays de Galles, prévue le 20 juin à Toulouse, a rejoint la liste des matches classés à risques.

Et le football ? Les deux finalistes de l'édition précédente, l'Espagne et l'Italie, se sont qualifiés en 8e de finale. Mais le mot "hooligans" risque de planer encore sur cet Euro.

AFP/VNA/CVN

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