La crise à l'Ukraine fait paniquer les marchés, des Bourses aux matières premières

Jeudi noir sur les marchés mondiaux, les Bourses chutent et les matières premières flambent.

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Tableau des indices boursiers à la Bourse de Francfort, le 24 février en Allemagne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les places boursières européennes ont connu l'une des plus mauvaises séances depuis mars 2020 et la mise en place des confinements, perdant jusqu'à 5% au pire de la journée.

Après la clôture, Francfort a perdu 3,96%, Paris 3,83%, Milan 4,14%, Londres 3,88% (chiffre ajusté peu après la clôture) et l'Eurostoxx 50, indice de référence, 3,63%. La Bourse de Varsovie, principale place financière de l'Europe centrale et orientale, a chuté de plus de 10% et celle de Moscou s'est effondrée de plus de 35%.

Wall Street était aussi bousculée : l'indice phare, le Dow Jones, tombait de 1,62%, l'indice élargi S&P 500 de 0,72%, vers 17h00 GMT. Le Nasdaq, à coloration technologique, était à part, prenant 0,26%.

Le prix du baril de pétrole a dépassé au cours de la journée les 100 USD, autant pour le baril américain que celui de la mer du Nord, une première depuis 2014. L'aluminium et le blé battaient aussi des records.

"Les marchés mondiaux n'avaient pas prévu un scénario de guerre et s'adaptent maintenant à l'ampleur de cette action militaire", estiment les analystes d'Amundi dans une note.

Les investisseurs se ruent vers les valeurs refuges telles que l'or, qui a frôlé les 2.000 USD l'once, et les obligations d’État. Le rendement de la dette américaine à 10 ans reculait à 1,94%, contre 1,99% mercredi, avec un plus bas à 1,84% à 11h30 GMT.

Les matières premières s'embrasent

La Russie et l'Ukraine sont des pays essentiels pour l'approvisionnement en pétrole, gaz, blé et autres matières premières cruciales. "Les approvisionnements en pétrole et en gaz ne sont pas encore affectés par l'escalade actuelle", mais Michael Hewson, analyste de CMC Markets, craint qu'"ils soient coupés".

Le cours du baril de pétrole Brent de la mer du Nord s'envolait de 6,56% à 103,19 USD et celui du baril de WTI américain pour livraison en avril de 4,76% à 96,47 USD.

Du côté du gaz naturel, le marché de référence en Europe explosait de 33% par rapport à la veille. "La flambée des prix de l'énergie est un gros casse-tête pour l'Europe, puisque 40% de son gaz naturel et 30% de son pétrole viennent de Russie", explique une analyste de Swissquote.

Les groupes miniers fortement liés à la Russie se sont effondrés à Londres: Polymetal de près de 40%, Ferrexpo de plus de 42%, Evraz de 30% et Petropavlovsk de 27%. Les groupes ayant des activités en Russie étaient particulièrement touchés sur les marchés. À Francfort, Uniper, lié au gazoduc Nord Stream 2, a baissé de 13,95%.

Les valeurs de la défense étaient les rares à échapper au marasme, comme Thalès (+4,87%) à Paris, ou BAE Systems (+5,16%) à Londres ou Leonardo (+4,34%) à Milan.

Les banques et le secteur financier ont été visés par les premières sanctions prononcées par l'Union européenne et les États-Unis. A Moscou, Sberbank dégringolait de 42,49%, VTB Bank de 37,91%. A Vienne, Raiffeisen a cédé plus de 23%.

À Paris, Société Générale, présente en Russie via Rosbank, a perdu 12,15%. À Milan, UniCredit a lâché 13,69%, sanctionnée pour son exposition à la Russie.

À Francfort, Deutsche Bank a chuté de 12,54% et Commerzbank de 13,11%.

Chute du rouble, bond du USD

Après un plus bas historique à 90 roubles pour un USD, la devise reculait de 6,58% vers 16h50 GMT, après l'intervention de la Banque centrale russe pour "stabiliser la situation".

Le billet vert, considéré comme une valeur refuge, prenait 1,49% face à la monnaie européenne, à 0,8976 euro pour un USD, son plus haut depuis juin 2020. Le bitcoin baissait de 3,81% à 36.000 USD.


AFP/VNA/CVN

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