>>La CNIL veut un "acte" des internautes pour prouver leur consentement
>>Protection des données: les plaintes à la Cnil en forte hausse en 2018
>>Règlement sur les données personnelles : la CNIL sera indulgente au début
Des employés passent devant une caméra thermique détectant la température corporelle, le 6 mai à l'usine Renault de Flins. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Si la CNIL est pleinement consciente de la situation sanitaire, il lui apparaît cependant que certains dispositifs envisagés ne respectent pas le cadre légal applicable à la protection des données personnelles", a-t-elle précisé dans un communiqué. "Leur développement incontrôlé présente le risque de généraliser un sentiment de surveillance chez les citoyens, de créer un phénomène d’accoutumance et de banalisation de technologies intrusives, et d’engendrer une surveillance accrue, susceptible de porter atteinte au bon fonctionnement de notre société démocratique", a ajouté la commission, reprenant à son compte l'un des arguments des opposants aux technologies de traçage.
Ces dispositifs "conduisent le plus souvent soit à traiter des données sensibles sans le consentement des intéressés (notamment la température), soit à écarter le droit d'opposition", prévient aussi la CNIL, qui demande un "encadrement normatif spécifique". Les caméras thermiques, qui prennent instantanément la température à distance à partir du rayonnement infrarouge émis par le corps, présentent également "le risque de ne pas repérer des personnes infectées puisque certaines sont asymptomatiques" et que le système peut "être contourné par la prise de médicaments antipyrétiques (qui réduisent la température corporelle sans traiter les causes de la fièvre)".
Des caméras thermiques ont été déployées en France par certains employeurs (comme Renault sur son site de Flins dans les Yvelines ou dans les entrepôts d'Amazon) et dans des lieux de transport, comme à l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. "La sécurité sanitaire, c'est la succession de mesures de contrôle, de vigilance, qui permet de créer un environnement contrôlé et de confiance", avait expliqué le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari au cours d'une visite de l'aéroport.
Pierre Bédier, le président (LR) du conseil départemental des Yvelines, avait également présenté mi-mai son projet pour équiper les établissements publics du département de "portiques thermiques". Et depuis le 6 mai, une dizaine de caméras sont installées dans la station de métro Châtelet-Les Halles à Paris pour évaluer si les passants portent bien un masque, dans le cadre d'une expérimentation avec la société Datakalab.
AFP/VNA/CVN