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La bonzesse Pham Thi Kim Sang et ses enfants adoptés. |
À Châu Dôc, province méridionale d’An Giang, Mme Kim Sang raconte qu’elle a quitté sa famille à 16 ans pour prendre l’habit dans une pagode. Quand ses parents l’ont découverte, ils ont essayé de la convaincre d’abandonner et l’ont presque forcée à retourner auprès d’eux pour mener une vie laïque. Pourtant, elle était déterminée à devenir bonzesse. Cinq ans plus tard, et malgré l’opposition de ses parents, elle a décidé de se rendre seule dans la province de Lâm Dông, dans les hauts plateaux du Centre, pour prononcer ses vœux. Elle n’est retournée au logis familial qu’à l’occasion du décès de sa mère, en 2003.
Réciter des prières pour amasser des fonds
Cet épisode dramatique créa chez elle une vocation: adopter les orphelins qu’elle pouvait rencontrer lors des funérailles auxquelles elle assistait.
Neuf enfants ont ainsi pu bénéficier des attentions de la religieuse. Outre le départ de l’un d’eux ayant rejoint sa famille il y a peu, quatre sont frappés de troubles mentaux et doivent être régulièrement admis à l’hôpital, deux suivent des études au sein des écoles locales alors que les deux derniers ne peuvent y accéder, faute de documents officiels valides.
Pour Mme Sang, le cas de Phan Thi Ngoc Diêm, 4 ans, est sans doute le plus douloureux. Elle a trouvé la petite d’à peine sept mois devant sa porte au début de l’année 2013. Elle a immédiatement informé la police et emmené l’enfant à l’hôpital pour un traitement.
Depuis lors, Mme Sang prend soin de la jeune Diêm. Selon les médecins, la maladie du cerveau de la fillette va entraver sa croissance, l’obligeant à être hospitalisée à chaque crise.
"Je ne connais pas ses parents. Mon cœur se brise chaque fois que je la vois souffrir. Je récite des prières aux gens pour collecter de l’argent pour son traitement. Heureusement, l’assurance santé et une petite somme d’allocation de l’État ont quelque peu allégé le casse-tête financier", explique Mme Sang.
En plus du traitement de Diêm, Mme Sang recueille aussi de l’argent en récitant des prières lors de funérailles pour nourrir et éduquer ses enfants. Parfois, elle se rend au monastère Ngoc Châu pour demander du riz.
Quant à Câm Tu, 5 ans, "sa mère est décédée et son père l’a abandonnée", dit Mme Sang en tapotant sa tête, avant d’ajouter: "Elle vivait avec sa grand-mère sur l’île de Phu Quôc (Sud), qui me l’a remise car elle ne pouvait pas l’élever, faute de moyens. Câm Tu a presque atteint l’âge de la scolarité, mais je suis inquiète car elle ne pourra pas y aller car elle ne possède aucun papier d’identité".
Malgré les difficultés de la vie, la bonzesse Kim Sang essaie toujours d’offrir le meilleur pour élever ses enfants moins chanceux. "Mon désir a toujours été d’offrir un abri à ces pauvres petits enfants. Je vais continuer à les adopter jusqu'à ce que je ne sois plus en mesure de le faire. Mais tant que je serai assez forte, je trouverai tous les moyens possibles pour leur fournir de la nourriture, une éducation et un abri au lieu de les laisser dans leur misère", dit-elle.
Phan Thi Kim Phung, 15 ans, vit avec elle depuis l’âge de deux ans. Les parents de Phung sont décédés quand elle était petite. Alors, elle prit l’habitude de traîner dans les rues pour mendier de la nourriture.
Vœux d’une bonzesse
Mme Kim Sang enseigne à ses enfants d’adoption à réciter des prières. |
Photo: TT/CVN |
Mme Sang l’a apperçue alors qu’elle se faisait brimer par d’autres enfants, et l’a ramenée chef elle. "Elle s’occupe de moi comme de son propre enfant et me permet aussi de fréquenter l’école. Elle a économisé de l'argent pour m'acheter un vélo afin que je puisse m’y rendre. Je ne sais pas comment ma vie serait sans son aide", dit la petite Phung.
La bonzesse Kim Sang révèle également que parmi les huit enfants qu’elle élève, certains ont toujours leurs parents biologiques. Cependant, ils vivent dans la pauvreté et sont incapables de s’en occuper.
Ce qui l'inquiète le plus maintenant, c’est la taille de sa maison, devenant plus étroite à mesure de la croissance des bambins, et l’argent pour leurs frais de scolarité.
"Nous prenons en considération les sentiments louables de la bonzesse. Nous ferons des efforts pour l’aider à soigner ces enfants", partage Tang Thanh Vân, président du Front de la Patrie de la ville de Châu Dôc. Avant d’ajouter: "Nous l’aiderons avec les documents administratifs requis pour la scolarité des enfants et la soutiendrons constamment par des dons".
Ayant pris connaissance de l’œuvre de la bienfaitrice, Luu Vinh Nguyên, secrétaire du Comité du Parti pour la ville de Châu Dôc, à la tête d’une délégation, a rendu visite à Mme Sang et lui a offert une somme de cinq millions de dôngs. En outre, il a demandé aux autorités du quartier de Châu Dôc 2 de faciliter la scolarisation des enfants adoptés de la bonzesse Kim Sang.