La biodiversité, une richesse à protéger

Afin de renforcer la sauvegarde de la biodiversité, le Vietnam perfectionne progressivement son cadre politico-juridique pour promouvoir des actions inclusives à tous les niveaux, dans tous les secteurs et au sein de toutes les communautés.

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La Réserve naturelle de Vân Long, dans la province de Ninh Binh (Nord) est un habitat pour plus de 50 espèces d’oiseaux. 
Photo : VNA/CVN

Le Vietnam est reconnu comme l’un des 16 pays possédant une biodiversité parmi les plus riches au monde, comprenant des espèces endémiques, rares et précieuses, mais il est actuellement confronté à une rapide dégradation de sa biodiversité. Le pays fait face à d’importants défis tels que la pollution, la dégradation des sols, la pollution plastique des océans et d’autres effets graves du changement climatique.

Par conséquent, la Stratégie nationale sur la biodiversité à l’horizon 2030 et vision jusqu’en 2050 met l’accent sur l’objectif d’augmenter d’ici la fin de cette décennie la superficie des écosystèmes naturels protégés ou restaurés. Il s’agit de préserver et d’utiliser durablement la biodiversité afin de contribuer au développement socio-économique en allant vers une économie verte et une adaptation proactive au changement climatique.

Protection et restauration des écosystèmes

Le gouvernement a également adopté un projet visant à renforcer la prévention et la lutte contre les crimes liés à la biodiversité d’ici 2030, avec vision à l’horizon 2050. Il s’engage fermement à opérer une transformation significative dans l’application des lois sur la biodiversité, contribuant ainsi à la préservation des écosystèmes, de la faune, de la flore et des ressources génétiques - des richesses précieuses pour le pays. Cela inclut particulièrement la réduction du braconnage, du commerce illégal et de la consommation d’espèces animales et végétales sauvages.

Hoàng Thi Thanh Nhàn, directrice adjointe du Département de la conservation de la nature et de la biodiversité du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, fait savoir que : “D’ici fin 2030 sera une période importante pour que les ministères, les secteurs et les localités prennent des mesures”.

Depuis 2015, la province de Thua Thiên Huê (Centre) a réussi à planter 160 ha de mangrove, créant ainsi un environnement propice à la reproduction d’espèces aquatiques. 
Photo : VNA/CVN

Selon elle, la mesure prioritaire est de continuer à améliorer les politiques et les réglementations afin de mieux conserver la biodiversité. Les politiques et le cadre juridique doivent être revus pour garantir des exigences systématiques, cohérentes et actualisées afin de répondre aux engagements internationaux et aux besoins concrets du Vietnam.

En tant que chef de file de la Convention sur la biodiversité, le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement a soumis à l’approbation du Premier ministre, en 2023, les projets de “Plan national de conservation de la biodiversité pour la période 2021-2030, avec vision à l’horizon 2050”, et de “Programme national pour la biodiversité d’ici 2030, avec vision à l’horizon 2050, qui met l’accent sur la conservation de la faune et de la flore, en particulier des espèces menacées”.

Les organismes concernés perfectionnent et modifient également de toute urgence le contenu du décret N°08/2022 et de la circulaire N°02/2022 qui fournissent des orientations détaillées et mettent en œuvre certaines dispositions de la loi sur la protection de l’environnement. Il s’agit notamment des contenus relatifs à l’évaluation de l’impact sur la biodiversité, à la gestion du patrimoine environnemental et aux plans de protection. Le système de documents politiques et juridiques, associé à la sensibilisation et la responsabilisation en matière de protection de la nature et de la biodiversité, a contribué à promouvoir des activités généralisées au sein de la communauté.

De nombreuses localités et entreprises ont fait de la conservation de la nature et de la biodiversité un critère de développement durable et vert. Il s’agit d’un signal positif pour le Vietnam, car la construction d’une société en harmonie avec la nature est devenue un modèle pour de nombreux pays dans le monde.

En 2024, le Département de la conservation de la nature et de la biodiversité effectuera une évaluation sur 15 ans de la mise en œuvre de la Loi sur la biodiversité. Cette évaluation servira de base pour proposer des amendements à la Loi sur la biodiversité en 2028. Parallèlement, des recherches seront menées pour proposer des mécanismes, des politiques et des mesures de gestion afin de protéger les paysages naturels et établir des mécanismes de gestion des espaces naturels au-delà des zones protégées.

L’archipel de Cù Lao Cham, à 20 km au large de la vieille ville de Hôi An, dans la province de Quang Nam (Centre), a été reconnu en 2009 par l’UNESCO comme Réserve mondiale de biosphère. 
Photo : Huong Linh/CVN

Pham Minh Thao, directrice du développement des programmes du Fonds mondial pour la nature (WWF) au Vietnam indique que les forêts existent toujours, mais sous le couvert forestier, on observe une perte d’habitats pour la faune et une diminution de la diversité des espèces. Si l’on n’agit pas à temps, de nombreuses espèces menacées risquent de s’éteindre.

Pour sa part, Nguyên Manh Hà, directeur du Centre de conservation et de développement de la nature, fait savoir que le budget de l’État ne répond actuellement pas de manière adéquate aux besoins en matière de conservation de la biodiversité dans la mise en œuvre des tâches de gestion et de recherche. Il est donc nécessaire de mettre en place un nouveau mécanisme financier et de nouvelles politiques pour attirer des ressources extérieures.

Par exemple, le pays pourrait établir des mécanismes pour encourager la participation des citoyens et des entreprises vietnamiennes dans la conservation de la biodiversité, ou de nouveaux mécanismes pour les paiements des services écosystémiques en dehors des écosystèmes forestiers et des politiques visant à encourager les contributions fiscales des particuliers et des entreprises à la conservation de la biodiversité. En outre, il est nécessaire de créer des mécanismes de crédit pour la biodiversité, d’accéder aux marchés des crédits carbones, de mettre en place des mécanismes d’échange de dettes pour la conservation de la nature, des obligations vertes et des crédits verts, ajoute-t-il.

Pour Trân Quang Bao, directeur du Département des forêts (ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement), le département finalisera les réglementations visant à fournir une base juridique aux conseils de gestion forestière spécialisés afin de mettre en œuvre la location de forêts en collaboration avec les entreprises et les particuliers qui œuvrent dans l’écotourisme.

Extension du système de conservation

Les zones situées en dehors des réserves naturelles ne bénéficiant pas d’une protection stricte, le Vietnam s’oriente vers une approche intégrée du développement économique durable, avec la participation des communautés locales, ce qui permettra d’accroître considérablement la superficie des écosystèmes préservés.

Dans le cadre de sa participation au cadre mondial pour la biodiversité, le pays devrait s’engagé à ce que 30% des zones terrestres et marines soient conservées grâce à la création de réserves et d’autres mesures de conservation efficaces par zone (AMCE) d’ici 2030.

Vân Long, dans la province de Ninh Binh (Nord), est la plus importante zone humide classée Réserve naturelle du Nord du Vietnam.
Photo : VNA/CVN

D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les AMCE aident non seulement le Vietnam à respecter ses engagements en matière de conservation vis-à-vis de la communauté internationale, mais permettent également de protéger des points chauds de la biodiversité très menacés.

Une étude réalisée en 2023 a identifié neuf AMCE potentielles au Vietnam. Il s’agit des zones tampons naturelles des réserves, des zones de conservation, des forêts naturelles de production, des zones protégeant les ressources halieutiques, des zones à forte biodiversité en dehors des réserves, des corridors de biodiversité, des zones humides importantes, des paysages écologiques et des sites touristiques nationaux. Ce sont des espaces naturels importants, dotés d’une grande biodiversité, reconnus dans les documents juridiques du Vietnam et au niveau international pour les efforts de conservation déployés en dehors des réserves officielles.

En outre, les zones de production agricole, telles que les systèmes crevettes - riz dans le delta du Mékong et les systèmes agroforestiers comme durian, fruit de la passion et avocat sur les hauts plateaux du Centre, peuvent également permettre de tirer des enseignements en matière de conservation à l’intérieur et à l’extérieur du système de réserves afin d’améliorer la biodiversité.

Si elles sont combinées à une protection stricte des forêts naturelles restantes, de nombreuses grandes zones ayant un potentiel d’AMCE peuvent être identifiées, offrant à la fois une biodiversité et des avantages socio-économiques aux localités.

Le nombre d’AMCE dans les localités sera important en raison des politiques d’attribution des terres aux communautés locales. Cela pose des problèmes pour définir des limites spécifiques, créer des cartes et établir des organisations de gestion.

Les espèces de primates rares seront familiarisées avec l’environnement semi-sauvage au Centre de sauvetage des primates en danger de Cuc Phuong, dans la province de Ninh Binh, avant d’être relâchées. 
Photo : VNA/CVN

Pour accélérer la reconnaissance, la création, et la gestion des AMCE, les organisations internationales ont recommandé au Vietnam d’élaborer et de publier rapidement des critères et des lignes directrices officiels, des mécanismes de gestion pilotes pour les nouveaux modèles d’AMCE et des politiques destinées aux communautés locales et aux secteurs privés. En outre, l’application du paiement des services écosystémiques aux AMCE serait cruciale pour établir des mécanismes financiers durables.

“Alors que les réserves doivent avant tout viser la conservation, les AMCE peuvent être gérées à des fins diverses tant qu’elles atteignent des objectifs de conservation efficaces et à long terme”, estime Jake Brunner, responsable de l’UICN pour la sous-région du Bas-Mékong. “La structuration des AMCE aidera non seulement le Vietnam à respecter ses engagements internationaux, mais aussi à protéger la biodiversité dans des habitats menacés tels que les zones de montagnes calcaires isolées, les zones de plaines inondées de matière saisonnière et les zones intertidales qui sont actuellement sous-représentées dans le système de réserves”, affirme-t-il.

Huong Linh/CVN

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