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Le président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell, le 3 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'objectif est de corriger "les lacunes" dans la réalisation d'une des deux missions de la Fed, à savoir atteindre l'emploi maximum, a résumé son président Jerome Powell, à l'occasion du symposium annuel consacré à la politique monétaire qui se tient habituellement à Jackson Holes dans le Wyoming (Ouest).
Ce changement intervient alors que la pandémie de COVID-19 a plongé la première économie du monde en récession.
Le Produit intérieur brut des États-Unis a enregistré une contraction de 31,7% en rythme annualisé, selon une deuxième estimation révisée en hausse publiée jeudi 27 août par le département du Commerce.
Concrètement, les modifications apportées à la politique cadre de la Fed prévoient que l'inflation peut rester au-dessus de l'objectif de 2,0% "pendant un certain temps" avant que la Fed n'ait à agir en augmentant les taux d'intérêt, a expliqué Jerome Powell.
La puissante institution financière a pris acte qu'avant la pandémie, croissance relativement soutenue et plein emploi n'avaient pas rimé avec hausse des prix : l'inflation est restée modérée, en-deçà de l'objectif des 2% de la Fed.
Dans la pratique, le changement annoncé jeudi maintiendra les taux d'emprunt à un niveau bas pendant beaucoup plus longtemps que lors des expansions économiques précédentes, ce que le président républicain Donald Trump appelle lui-même de ses vœux.
"L'économie est en constante évolution et la stratégie du FOMC (comité monétaire de la Fed décidant des taux d'intérêt, ndlr) pour atteindre ses objectifs doit s'adapter pour relever les nouveaux défis qui se présentent", a souligné le patron de la Fed.
Alors que le pays est secoué depuis des mois par des manifestations anti-raciales et que des élues ont appelé la Fed à faire davantage en faveur des minorités raciales, Jerome Powell a rétorqué qu'un marché du travail "solide" pouvait bénéficier à de "nombreuses communautés à revenus faibles ou modérés".
Et, a-t-il ajouté, "un marché du travail robuste peut être maintenu sans provoquer une augmentation indésirable de l'inflation".
Avant la pandémie, le taux de chômage était à son plus bas niveau en 50 ans (3,5%) et les revenus de tous les ménages en hausse. Cette conjoncture favorable avait même bénéficié aux minorités noire et hispanique même si les écarts avec les blancs étaient encore marqués.
Des secteurs sinistrés pour longtemps
Jerome Powell a martelé, comme il le fait depuis des mois, que l'institution utilisera toute sa "gamme complète d'outils" pour soutenir l'économie.
Pour l'heure, le chômage reste élevé : 10,2% en juillet. La semaine dernière, le nombre de demandes d'allocations chômage était en baisse mais toujours à un million.
Jerome Powell s'est voulu pourtant rassurant, rappelant que l'économie était solide en février avant la crise sanitaire.
"La reprise en mai et juin est intervenue plus tôt et a été plus forte que prévu", ce qui signifie qu'il y a "toujours une économie saine à l'exception des secteurs directement touchés" par la crise sanitaire, a-t-il noté, citant les secteurs de la restauration, du voyage et de l'hôtellerie.
Dans ces secteurs, ce sont des millions de personnes qui ont perdu leur emploi et qui auront des difficultés à en retrouver tant que le risque de contracter le coronavirus n'est pas écarté, a-t-il admis.
"Cette partie de l'économie va avoir beaucoup de mal à se remettre", a-t-il également déploré alors qu'elle emploie aussi les personnes moins qualifiées qui peuvent donc difficilement se tourner vers un autre secteur.
"Nous devons être aux côtés de ces personnes, nous devons les soutenir et les aider à reprendre une vie professionnelle", a-t-il poursuivi, soulignant que pour ces personnes, cela pourrait prendre "plusieurs années".
Mais, a-t-il opiné dans une note plus positive, une fois la maladie "sous contrôle", "le reste de l'économie pourra se redresser assez rapidement".
AFP/VNA/CVN