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Clarisse Agbegnenou (droite) lors d'un entraînement à l'Insep, à Paris, le 30 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Teddy Riner, lui, ne combattra pas dans la capitale tchèque. On ne reverra donc pas le double champion olympique en titre des poids lourds et décuple champion du monde sur les tatamis internationaux avant 2021, le prochain tournoi au calendrier du circuit mondial étant le Masters en janvier, à Doha.
À l'horizon de cet automne 2020, Agbegnenou (28 ans), vice-championne olympique 2016 et déjà quadruple championne du monde et d'Europe, aurait espéré avoir comblé le dernier manque à son palmarès avec une médaille d'or olympique, et s'octroyer une respiration avant de replonger vers Paris-2024. Mais l'irruption du COVID-19 a bousculé tous ses plans.
"J'étais vraiment anéantie. J'en ai beaucoup pleuré", racontait-elle au printemps au sujet du report d'un an des Jeux de Tokyo (du 24 juillet au 9 août 2021), depuis son confinement en famille sur l'île de la Réunion.
"Ça a été très dur pour toute l'équipe, mais paradoxalement, c'est peut-être elle que ça a le plus impacté. Certainement parce qu'elle a tout gagné et qu'il ne lui manque plus que ça", estime le responsable de l'équipe de France féminine Larbi Benboudaoud.
"Très compliqué de revenir"
"On a été obligé d'adapter (l'entraînement), on ne lui a pas tout de suite remis des exigences très élevées. Mais ce n'est pas tant en termes de charge d'entraînement, c'est plus sur l'aspect psychologique : on a essayé de casser la routine en termes de planification et de programmation", développe-t-il.
"Ça a été très compliqué pour elle, et pour les autres, de revenir. Il n'y a pas pire que l'incertitude, poursuit l'entraîneur. C'est beaucoup d'engagement, de sacrifices... Quand il y a une carotte et qu'on sait pourquoi on le fait, ok, mais quand on ne sait pas si on va avoir ou pas cette carotte, c'est dur de maintenir" le même degré d'investissement.
Clarisse Agbegnenou pose lors du Grand Slam de Paris, le 30 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le déconfinement venu, Agbegnenou et ses camarades avaient en plus fait partie des derniers à pouvoir pratiquer de nouveau leur discipline comme l'ensemble des sports de contact. Ils n'ont vraiment repris le judo que fin juin lors d'un stage aux Ménuires.
Depuis la rentrée, la quadruple championne du monde s'est elle lancée en parallèle dans une formation de coach de vie à HEC, qui l'occupe environ trois jours par mois.
Son dernier combat remonte au tournoi de Paris début février, il y a plus de neuf mois. Elle s'y était imposée aux dépens de la Japonaise Nami Nabekura.
Avec trois championnes du monde
Ses retrouvailles avec la compétition se font sous une stricte bulle sanitaire. Une illustration : chaque judoka doit se soumettre à au moins quatre tests PCR (deux avant son départ, un à son arrivée à l'hôtel et un autre à la veille de sa journée de compétition).
Agbegnenou fait figure de chef de file d'une armada féminine tricolore, composée notamment de ses deux autres championnes du monde 2019, Marie-Eve Gahié (-70 kg) et Madeleine Malonga (-78 kg), et des championnes d'Europe 2019 Margaux Pinot (-70 kg) et 2018 Romane Dicko (+78 kg). Amandine Buchard (-52 kg), touchée à une côte, est elle absente.
Dans quel état de forme et d'esprit arrivent-elles ?
"Comme il y avait cette incertitude, il n'y a pas eu vraiment de préparation spécifique (pour cette compétition), mais on a maintenu un certain niveau d'entraînement. Notre couteau n'est pas bien aiguisé, mais il l'est certainement plus que celui d'autres qui n'ont pas pu s'entraîner avec un gros collectif comme on a la chance de le faire au quotidien", illustre Larbi Benboudaoud.
Côté messieurs, le double médaillé de bronze mondial Axel Clerget (-90 kg) et Alexandre Iddir (-100 kg) sont les deux seuls classés dans le top 15 de leur catégorie respective.
Initialement programmés début mai, ces Championnats d'Europe ont été reportés trois fois, à mi-juin, début novembre, puis à la fin de ce mois, sous l'effet de la pandémie de nouveau coronavirus.