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Officiellement, dix sportifs russes, sept nageurs, deux haltérophiles et un lutteur, ont été déclarés non éligibles le 25 juillet pour les Jeux de Rio. Et donc retirés de la liste de la délégation russe pour Rio établie par le Comité olympique russe (ROC).
Mais Ioulia Efimova, quadruple championne du monde et médaillée de bronze sur 200 m brasse aux Jeux de Londres, n'a pas accepté cette sanction. Son agent, Andreï Mitkov, a aussitôt annoncé qu'elle allait faire appel devant le Tribunal arbitral du sport de Lausanne, en Suisse, et ce à la fois contre le Comité international olympique (CIO), le ROC et la Fina, la Fédération internationale de natation.
Ioulia Efimova, le 9 août 2015 à Kazan. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il s'agit donc du premier recours judiciaire contre le bel édifice mis en place le 24 juillet par le CIO, consistant à sauver le ROC certes, mais à demander aux diverses Fédérations internationales (FI) de trier elles-mêmes et de sélectionner les sportifs russes qui ne seraient pas touchés par le scandale de dopage dévoilé en détail par le rapport McLaren le 18 juillet.
En donnant cette mission aux FI, le CIO avait fixé deux critères stricts : ne jamais avoir été sanctionné pour dopage, quand bien même la peine aurait été purgée, et ne pas être cité dans le rapport McLaren.
Feu vert du tennis
C'est ce premier critère qu'attaque Efimova, contrôlée positive en 2014 à un stéroïde, ce qui lui avait valu une suspension de 16 mois.
Si la Fina et les Fédérations d'haltérophilie et de lutte ont donc trouvé matière à appliquer les consignes du CIO le 25 juillet, cela n'a pas été le cas des Fédérations de tennis et d'équitation, qui ont, elles, donné leur feu vert à la présence des sportifs russes dans leurs disciplines.
Cette décision du CIO de laisser aux fédérations la responsabilité de la présence de sportifs russes à Rio, sans exclure le ROC, a suscité de nombreuses critiques dans le mouvement olympique.
L'AMA s'est ainsi dite "déçue" tandis que l'Usada, l'Agence américaine antidopage, a parlé de "désordre" créé par le CIO.
Le 25 juillet, l'Agence française de lutte antidopage a aussi regretté la décision du CIO, estimant que l'instance aurait pu "faire preuve d'une grande fermeté".
En Russie, où le sport et les médailles sont une priorité nationale, le soulagement était par contre immense le 25 juillet. "Nous nous félicitons naturellement" de la décision du CIO, a ainsi estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, évoquant une "décision positive".
"Cette décision n'est pas mauvaise pour nous. Elle a été prise et nous devons la respecter", a déclaré le président du Comité pour le sport à la Douma (Chambre basse du parlement), Dmitri Svichtchev, tout en regrettant que les sportifs russes ayant déjà été sanctionnés pour dopage soient privés de Jeux.
Lors d'une conférence de presse, le président du ROC, Alexandre Joukov, avait lui annoncé qu'il allait "étudier l'historique en matière de dopage de chaque sportif sélectionné" pour les JO. En début de soirée, il a indiqué qu'au moins 13 sportifs avaient des "antécédents" de dopage et ne pourraient pas s'envoler pour Rio, sans préciser les noms des trois qui ne sont pas encore connus, et leurs sports.
Ces dix sportifs officiellement interdits de Rio, voire treize bientôt, s'ajoutent aux 67 athlètes russes déjà collectivement bannis des JO par la Fédération internationale d'athlétisme.
Gymnastes et escrimeurs déjà à Rio
La décision de la Fédération internationale de judo, qui avait soutenu la Russie avant même que se prononce le CIO, devrait rapidement suivre.
Les patrons des Fédérations russes d'escrime et de pentathlon ont estimé eux que leurs sportifs seraient autorisés à concourir à Rio, mais ils attendent une confirmation officielle qu'ont déjà reçue les archères russes, championnes du monde.
Mais certains sportifs n'ont pas attendu pour s'envoler à Rio. C'est le cas des escrimeurs et des gymnastes, dont l'entraîneur principal, Valentina Rodionenko, a assuré à l'Agence de presse TASS : "Le pire est derrière nous."
La majorité de la sélection russe s'envolera pour Rio jeudi 28 juillet. Pour les 67 athlètes privés de JO à cause de la suspension de la Fédération russe d'athlétisme, il n'y a en revanche plus aucune chance d'aller à Rio après la décision jeudi 28 juillet du Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne.
"Notre bataille pour Rio est terminée", a regretté la star du saut à la perche Yelena Isinbayeva, qui visait à Rio une troisième médaille d'or olympique avant de prendre sa retraite.
Pas celle de la nageuse Efimova donc. Avant d'autres recours éventuels à venir, de la part d'autres sportifs déboutés. Ce que craignait le président de la Fédération internationale d'aviron pourrait se produire : voir les recours s'éterniser, et certains athlètes russes être interdits de JO... après les JO.