>>UE - Japon : visite cruciale à Tokyo pour boucler l'accord de libre-échange
>>Japon - UE : Barroso et Van Rompuy plaident pour l'ouverture des négociations ALE
La commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, et le chef de la diplomatie japonaise, Fumio Kishida, le 30 juin à Tokyo. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous y sommes presque", a lancé tard dans la soirée de samedi 1er juillet Cecilia Malmström peu avant de reprendre l'avion à l'issue de deux jours de consultations décisives menées aux côtés du commissaire à l'Agriculture Phil Hogan, dans des négociations officiellement entamées fin mars 2013.
"Je suis bien convaincue que nos dirigeants pourront s'entendre sur un projet et lui donner leur bénédiction lorsqu'il se verront le 6 juillet, en marge du sommet du G20 en Allemagne", a déclaré à quelques journalistes la commissaire suédoise. L'objectif est de parvenir à un accord final "d'ici à la fin de l'automne".
"Le projet que nous espérons conclure la semaine prochaine abolira presque tous les droits de douane entre nous et ceci représente beaucoup d'argent, des milliards en fait", a-t-elle précisé, disant espérer un triplement des exportations agricoles de l'Europe vers le Japon et une hausse d'un tiers des exportations totales vers ce pays.
Questions "sensibles"
Cet ensemble à présenter dans quelques jours concernerait l'accès des produits de chacun au marché de l'autre, tandis que sur certaines questions techniques, sur la protection des investissements et le règlement des différends, Japon et Union européenne comptent prendre plus de temps après les vacances d'été, a expliqué Mme Malmström.
Les discussions achoppaient notamment sur les taxes très élevées appliquées sur les fromages importés des pays de l'Union, d'un côté, et les droits de douane imposés en Europe sur les voitures en provenance du Japon, de l'autre. Sur ces questions "sensibles" de barrières tarifaires, une entente n'est "pas encore tout à fait là", a tempéré la commissaire en réponse à une question.
L’accord commercial de libre-échange entre l’UE et le Japon, troisième puissance économique mondiale, est fin prêt et sera signé au courant de cette année. |
Le ministre japonais des Affaires étrangères Fumio Kishida a de son côté décrit des pourparlers "très durs". "Il y a eu des progrès significatifs mais il reste encore des questions importantes que les deux parties doivent régler", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il se rendrait peut-être à Bruxelles pour tenter d'y parvenir.
Un accord enverrait "un signal fort au reste du monde sur le fait que l'Union européenne et le Japon croient dans le libre-échange et pensent qu'on ne devrait pas construire des murs ou accroître le protectionnisme", a dit Mme Malmström. Elle faisait allusion à la politique du président américain Donald Trump qui consiste selon elle à dire "vous perdez et je gagne".
M. Trump a retiré cette année les États-Unis de l'accord transpacifique (TPP) conclu entre 12 pays.
Le Jefta (Japan-EU free trade agreement) couvrirait près d'un tiers du produit intérieur brut mondial et 36,8% des échanges commerciaux. Si l'UE est le troisième client commercial du Japon, ce dernier n'arrive qu'en sixième position pour le Vieux Continent qui cherche, via cet accord, à doper ses exportations vers l'Archipel. Contrairement au TPP ou au Ceta, l'accord entre l'UE et le Canada signé dans la douleur il y a huit mois, le Jefta a pour l'heure avancé dans l'ombre.
Mais des voix ont commencé à s'élever depuis l'intensification des pourparlers. Greenpeace, qui a rendu publiques des centaines de pages du projet, a ainsi dénoncé des négociations "derrière des portes closes". "Le Jefta va pourtant affecter la vie quotidienne de plus de 630 millions de citoyens européens et japonais", a déploré l'organisation, évoquant "une menace pour nos droits démocratiques, notre santé et l'environnement".