>>Descente aux enfers de Sharp coulé par un maelström de rumeurs
Nobuhiro Higashiiriki, PDG de Japan Display, lors d'une conférence de presse à Tokyo, le 9 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Japan Display, née il y a cinq ans de la fusion des activités de petits et moyens écrans à cristaux liquides (LCD) de Sony, Hitachi et Toshiba, est confrontée à la montée en puissance des écrans organiques électroluminescents (Oled), technologie qu'elle ne maîtrise pas encore en production de masse, et à une concurrence asiatique féroce.
"Nous avons jugé qu'il était nécessaire de réduire nos frais fixes, car nous nous retrouvons avec une surcapacité de production qui coûte cher dans un contexte d'accélération de l'emploi des Oled et de poids croissant des fabricants chinois de LCD", justifie Japan Display dans un communiqué.
Le groupe ne dit pas où précisément les emplois seront supprimés hors du Japon, mais ses usines à l'étranger se trouvent essentiellement en Chine et aux Philippines.
La charge exceptionnelle découlant de ces dispositions devrait s'élever à 170 milliards de yens, dont 2,65 milliards (20 millions d'euros) enregistrés sur les trois premiers mois de l'année comptable.
Pour le trimestre d'avril à juin, Japan Display a affiché une perte nette de 31,45 milliards de yens (246 millions d'euros), trois fois plus importante qu'un an plus tôt, et un déficit d'exploitation quadruplé à 14,4 milliards, sur un chiffre d'affaires qui a pourtant progressé de 8,2% à 188,6 milliards de yens.
"En cinq ans, nous avons dégagé de bons résultats les deux premiers exercices, mais avons déploré des comptes dans le rouge les trois suivants (jusqu'à 2016/17)", a regretté le patron, Nobuhiro Higashiiriki, lors d'une conférence de presse.
"Notre plus gros problème est de parvenir à constituer une structure rentable. La restructuration engagée est notre dernière chance", a-t-il prévenu.
Oled pas avant 2019
Japan Display paie le prix d'une stratégie quasi entièrement tournée vers les écrans LCD, lesquels sont de plus en plus confrontés à la concurrence des Oled pour les smartphones notamment.
Les médias prêtent depuis des mois à l'américain Apple l'intention d'équiper ses futurs iPhone d'écrans organiques, ce qui se ferait essentiellement au détriment de ses plus gros fournisseurs de LCD du moment que sont les japonais Sharp et Japan Display.
Le premier dispose désormais de fonds importants émanant de sa nouvelle maison-mère, le taïwanais Hon Hai/Foxconn, assembleur des produits d'Apple, pour tenter de rattraper son retard sur les sud-coréens Samsung et LG Electronics, mais Japan Display, ancré dans le rouge, est à court d'argent pour pouvoir investir autant qu'il le faudrait.
La situation dans laquelle se trouve cette entreprise qui se voulait "le porte-drapeau japonais des fabricants d'écrans" est aussi un signe d'échec pour le fonds semi-public nippon INCJ, son premier actionnaire.
En juin, Japan Display avait en outre repoussé à l'année prochaine, au mieux, l'absorption, envisagée depuis décembre 2016, de son compatriote Joled, spécialiste des écrans Oled et dont l'INCJ détient 15%. Joled est une entreprise née de la fusion en 2015 des activités d'écrans Oled de Sony et Panasonic.
Pour autant, Japan Display est conscient que les Oled sont l'avenir.
"Sans hésitation, nous allons nous concentrer sur les Oled", a précisé le patron de Japan Display qui dispose déjà de lignes de test de production de ces écrans.
"Je pense que cela prendra encore un peu de temps pour parvenir à une production en série", a reconnu M. Higashiiriki, tout en estimant que le groupe parviendrait à sortir des Oled en nombre pour les smartphones courant 2019.