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Des volontaires de la Fondation Al-Khidmat distribuent en bateau de l'aide à des personnes sinistrées de Sukkur, dans la province pakistanaise de Sindh, le 31 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les inondations dues aux pluies de mousson ont submergé un tiers du Pakistan, causant la mort de 1.191 personnes depuis juin selon un bilan publié mercredi 31 août, dévastant de larges pans de terres agricoles essentielles à l'économie, et détruisant ou endommageant gravement plus d'un million d'habitations.
"Le Pakistan est inondé de souffrances. Le peuple pakistanais est confronté à une mousson cataclysmique", a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en lançant mardi un appel aux dons de 160 millions d’USD pour financer un plan d'urgence pour les six prochains mois.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé mercredi 31 août qu'elle plaçait le Pakistan à son plus haut échelon d'alerte et dégageait 10 millions d’USD d'un fonds d'urgence pour l'aider. Plus de 33 millions de personnes - un Pakistanais sur sept - ont été affectées par ce que le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a qualifié de "pires inondations de l'histoire du Pakistan".
Son gouvernement estime qu'au moins 10 milliards d’USD seront nécessaires pour réparer les dégâts massifs causés aux infrastructures, en particulier dans le secteur des télécommunications, des routes et de l'agriculture. La priorité toutefois pour l'instant restait d'atteindre les milliers de personnes bloquées dans les montagnes et vallées du nord, et dans les villages isolés du Sud et de l'Ouest.
"Nous avons désespérément besoin d'aide", a déclaré Muhammad Amir, dont le village de Balaqot est inaccessible par route après la crue de la rivière Swat, dans le Nord-Ouest. "Il n'y a plus d'électricité dans notre village depuis presque une semaine. Les gens n'ont même pas une bougie à allumer. Plusieurs personnes souffrent de diarrhée. (...) Nous avons absolument besoin de médicaments."
Risque sanitaire
L'OMS a mis en garde contre le risque d'apparition de maladies liées à l'eau (diarrhée, maladies de peau, infections respiratoires, paludisme, dengue...) dans un pays confronté "aux dommages causés aux infrastructures sanitaires, au manque de personnel de santé et à un matériel de santé limité".
Dans une clinique improvisée du Sind (Sud), des médecins soignaient des patients qui ont dû marcher pieds nus dans l'eau sale, boueuse et cachant de nombreux débris. "L'un des pieds de mon enfant est très douloureux. Les miens aussi", a déclaré Azra Bhambro, une femme de 23 ans.
Le Pakistan a reçu deux fois plus de précipitations qu'habituellement, selon le service météorologique. Dans les provinces du sud (Baloutchistan et Sind), les plus touchées, les pluies ont été plus de quatre fois supérieures à la moyenne des 30 dernières années. Padidan, une petite ville du Sind, a reçu l'équivalent de 1,75 m de précipitations depuis juin.
Carte du Pakistan montrant le débit de certaines rivières du pays, au 30 août à 01h00 GMT. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La mousson, qui dure habituellement de juin à septembre, est essentielle à l'irrigation des plantations et à la reconstitution des ressources en eau du sous-continent indien. Mais le Pakistan n'avait pas connu de pluies aussi soutenues depuis au moins trois décennies.
Aide dépensée de "façon transparente"
Islamabad impute ces inondations dévastatrices au changement climatique, qui augmente la fréquence et l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes sur toute la planète. Cette année, le pays a déjà été confronté à une vague de chaleur qui a parfois dépassé les 50°C, à des feux de forêts ravageurs et à des crues dévastatrices causées par la fonte rapide des glaciers.
Le Pakistan est responsable de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais il figure en 8e position des pays les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l'ONG Germanwatch.
Très dépendant de son agriculture, le Pakistan s'attend à ce que son économie, déjà en difficulté, soit durement touchée. Les prix de certaines denrées alimentaires menacées de pénurie - notamment les oignons, tomates et pois chiches - ont déjà fortement augmenté ces derniers jours.
M. Sharif a promis que chaque centime d'aide internationale serait dépensé "de façon transparente" et irait "à ceux qui en ont besoin". Les États-Unis ont annoncé mardi 30 août un premier envoi d'aide humanitaire, d'une valeur de 30 millions d’USD. Des vols cargos ont commencé à arriver de Chine, de Turquie et des Émirats arabes unis.
Mercredi 31 août, la France a annoncé l'envoi d'un avion apportant notamment 83 puissantes motopompes, 200 tentes, des équipements de survie, ainsi que des secouristes, médecins et infirmiers.
AFP/VNA/CVN