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Le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit, Michel Barnier, en conférence de presse le 31 janvier. |
Sorti vendredi soir 31 janvier de l'UE après 47 ans d'appartenance houleuse, le Royaume-Uni doit désormais redéfinir les modalités de sa relation avec le bloc européen réduit à 27, sur le plan commercial mais aussi de la sécurité, de la pêche ou de l'éducation. Et ne dispose pour cela que d'une période de transition de 11 mois que Londres refuse d'ores et déjà de prolonger.
Boris Johnson, grand apôtre du Brexit, doit présenter lundi 3 février dans un discours sa vision de la place du Royaume-Uni dans le monde, tandis que le même jour le négociateur de l'UE Michel Barnier doit détailler ses priorités.
"Il n'y a pas besoin d'un accord de libre échange qui implique d'accepter les règles de l'UE en termes de concurrence, de subventions, de protection sociale, d'environnement ou autre, pas plus que l'UE ne devrait être obligée d'accepter certaines règles britanniques", doit déclarer le Premier ministre, selon des extraits diffusés par ses services.
Il doit assurer que Londres veut maintenir des standards élevés dans ces domaines mais "sans que cela soit imposé par un traité".
Selon la presse britannique, la volonté de Downing Street est de durcir le ton face à des Européens qui martèlent le même message: si les Britanniques veulent un accord douanier avantageux ouvrant le marché européen à ses produits, ils ne pourront pas s'affranchir totalement des normes communautaires et créer ainsi un concurrent dérégulé et déloyal aux portes de l'Union.
"Nous reprenons le contrôle de nos lois, ce n'est pas pour nous aligner avec les règles de l'Union européenne", a averti le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab dimanche matin 2 février sur Sky News.
"Je suis sûr que l'UE voudra respecter son engagement en faveur d'un accord de libre-échange du type de celui conclu avec le Canada", a-t-il ajouté, voyant dans cette option le "meilleur (accord) de sa catégorie" et une "opportunité d'obtenir un résultat avantageux pour tous".
Un tel accord permettrait une fluidité des échanges tout en renonçant aux normes de l'UE que Boris Johnson raillait déjà quand il était journaliste à Bruxelles.
Le dirigeant conservateur compte avertir les Européens lundi 3 février qu'en l'absence d'un tel accord de libre-échange, l'autre solution serait un accord tel celui liant l'UE à l'Australie, limité à certains secteurs, les autres restant régis par les règles de l'Organisation mondiale du Commerce (OMS). Cela signifierait des droits de douanes sur de nombreux produits, potentiellement très coûteux pour de nombreux secteurs.
Johnson "furieux"
Selon le Sunday Telegraph, ce durcissement est dû à des "tentatives de l'Union européenne" visant à "changer les termes" de l'accord négocié fin octobre par Boris Jonhson, ce qui a rendu "furieux" le Premier ministre.
"Bruxelles a demandé au Royaume-Uni d'accorder l'accès à sa zone de pêche, de s'aligner sur les normes économiques européennes et de laisser ses frontières ouvertes à la liberté de circulation", détaille le Sunday Express.
Sur la chaîne française de télévision LCI dimanche 2 février, Michel Barnier a averti qu'un accord sur la pêche sera "non dissociable" de l'accord de commerce à négocier. "Il n'y a pas de surprise, il ne faut pas que les Britanniques fassent semblant de découvrir cette contrainte maintenant", a-t-il poursuivi.
Plus généralement, le président français Emmanuel Macron avait prévenu samedi que l'UE ne laisserait pas "une compétition néfaste s'établir" avec l'ex-État membre.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Alors qu'il s'engage dans un nouveau bras de fer avec l'UE, après trois ans et demi de tractations déjà difficiles, le Royaume-Uni cherche de nouveaux partenaires, du côté de son allié historique américain mais aussi en Asie-Pacifique.
M. Raab a ainsi annoncé dimanche 2 février qu'il se rendrait la semaine prochaine au Japon et en Australie pour négocier des accords commerciaux et explorer les opportunités "à l'international".
De l'autre côté du globe, le président américain Donald Trump fait miroiter depuis plusieurs mois un accord commercial bilatéral "magnifique" à son allié historique. Son chef de la diplomatie Mike Pompeo, en visite au Royaume-Uni jeudi 30 janvier, a insisté auprès de Londres sur les "énormes bénéfices" de leur rapprochement post-Brexit.
AFP/VNA/CVN