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Les nourrissons et les bébés sont les plus vulnérables face aux infections nosocomiales. |
La tragédie qui a frappé l’unité de réanimation de néonatalogie de l’Hôpital de gynécologie et de pédiatrie de Bac Ninh (province éponyme) démontre bien cette affirmation. En effet, ce sont quatre nourrissons hospitalisés qui ont perdu la vie dans la même matinée du 20 novembre, choquant ainsi tout le corps médical du pays ainsi que la population. Les bébés étaient en état de choc septique, causé par une infection sanguine.
Des conséquences regrettables
Présumant qu’il s’agissait bien d’une infection nosocomiale, les équipes médicales ont alors immédiatement envoyé les 19 autres bébés également hospitalisés dans le même hôpital vers d’autres établissements médicaux afin d’établir un diagnostic. Bilan : les nourrissons sont tous infectés, à différents degrés, certains légèrement mais d’autres, moins chanceux, où l’infection s’est déjà infiltrée dans les organes vitaux tels que le cerveau, le cœur et les poumons.
On a ensuite découvert la présence de bactéries résistantes aux antibiotiques sur les mains des soignants et aux endroits où on prend soin des bébés prématurés. Ces bactéries sont les grandes coupables de ce drame et sont responsables de la mort de ces quatre bébés.
Suite à l’affaire, l’unité de réanimation des nourrissons de l’hôpital a dû fermer ses portes et a du envoyer tous ses patients vers les hôpitaux voisins dans le but d’une stérilisation globale.
Ce n’est pas la première fois que des cas d’infections nosocomiales font la une au Vietnam. En 2014, une centaine d’enfants sont morts après contagion de la rougeole.
Au Vietnam, la menace est réelle, on peut être atteints de maladies à tout moment de l’année car les hôpitaux sont constamment remplis. Les infections contractées à l’hôpital sont donc nombreuses et dangereuses.
«L’infection est nosocomiale si elle apparaît moins de 48 heures après l’admission. Les services les plus touchés sont ceux où l’on reçoit des patients gravement blessés ou ayant subi de nombreuses opérations chirurgicales. Ces services accueillent des patients à la santé fragile et à la résistance faible et représentent ainsi un danger considérable. En particulier, envers les nourrissons et les bébés prématurés, qui sont les plus vulnérables face à ce phénomène car les organes et le système immunitaire restent encore limités et ne sont pas capables de lutter contre de telles bactéries», a fait savoir le Dr Nguyên Viêt Hùng, chef de la spécialité du contrôle des infections nosocomiales, de l’hôpital Bach Mai (Hanoï).
Avant d’ajouter que le taux de patients infectés à l’hôpital reste élevé et parmi eux, ceux atteints d’infections sanguines et urinaires représentent la majorité. Toujours selon ce médecin, les causes de ces infections sont variées. Sont notamment mis en cause la qualité du processus de stérilisation des équipements médicaux ainsi que la violation des règles sur le contrôle sanitaire du personnel, des patients et de leurs proches.
La responsabilité appartient aux hôpitaux
Le contrôle des infections à l’hôpital s’est déjà inscrit dans la liste des critères du ministère de la Santé visant à évoluer la qualité des hôpitaux. |
Photo : CTV/CVN |
«Les infections nosocomiales présentent encore une menace pour la santé publique car la majorité des équipements des hôpitaux sont dégradés et l’exercice du contrôle n’est pas bien respecté», a-t-il souligné.
Partageant son avis, le vice-ministre de la Santé, Nguyên Viêt Tiên, défend l’idée que beaucoup d’établissements médicaux ne prennent pas conscience du rôle et de l’importance du contrôle sanitaire des infections nosocomiales. Ils ne mettent donc pas l’accent sur ce sujet préoccupant et aucunes compensations favorables ne sont reversées à la formation d’un personnel, non seulement limité en nombre mais également peu voire pas qualifié pour ce genre de situations.
D’après le Dr Nguyên Viêt Hùng, la prévention et le contrôle des infections nosocomiales au Vietnam sont absolument faisables. Des recherches ont montré l’efficacité du contrôle des infections à l’hôpital à l’aide de simples mesures systématiques. Ce sont les dirigeants des établissements médicaux qui jouent un rôle déterminant dans la limitation de ce problème. Ils peuvent effectivement surveiller le respect des critères de stérilisation.
En réalité, certains hôpitaux exécutent avec respect les mesures de contrôle des infections nosocomiales baissant ainsi considérablement le taux des personnes touchées. L’Hôpital central de pédiatrie en est notamment un exemple. Il y a 7 ans, parmi les patients en état de choc septique, 75% d’entre eux étaient atteints d’une infection sanguine. Cette année, le taux a baissé et tourne autour de 50%. Le respect des règles portant sur le contrôle des infections à l’hôpital est la clé de ce progrès.
L’hôpital Bach Mai a quant à lui remporté un exploit notable. Le nombre de victimes d’infections nosocomiales au service de réanimation en 2017 a diminué de 50% par rapport à l’année 2007 grâce à un renforcement des mesures en la matière. En effet, l’instauration de cours de formation dans le cadre du perfectionnement des pratiques de contrôle des infections au sein de l’établissement ont été mis en place. La formation est réservée au personnel, aux patients mais aussi à leurs proches. Y sont enseignées toutes sortes de mesures dont notamment, les plus rudimentaires qui semblent couler de source, à savoir de se laver correctement les mains avant et après chaque visite.
Le contrôle des infections à l’hôpital s’est déjà inscrit dans la liste des critères du ministère de la Santé visant à évoluer la qualité des hôpitaux ainsi que celle de la consultation du patient et du traitement des maladies.
Ledit ministère va ainsi soutenir six grands hôpitaux au Nord, au Centre et au Sud du pays, tels que Bach Mai, l’hôpital central de Huê, l’hôpital central des maladies tropicales, Cho Rây, l’hôpital de l’Université de médecine et de pharmacie de Hô Chi Minh-Ville, l’hôpital de pédiatrie N°1 à faire de leur système de contrôle des infections nosocomiales un modèle à suivre pour ainsi l’appliquer aux autres établissements médicaux.
Mai Quynh/CVN