>> La NASA va dévier un astéroïde, une mission de "défense planétaire"
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Vue d'artiste fournie par la NASA le 4 novembre 2021 montrant la mission DART approchant le système binaire d'astéroïdes Didymos. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La mission test inédite, appelée Dart, doit permettre d'apprendre à protéger la Terre d'une éventuelle future menace.
Environ une heure avant l'impact, l'approche pouvait être suivie en direct sur la chaîne vidéo de l'agence spatiale américaine. La caméra embarquée à bord du vaisseau, nommée Draco, montrait un petit point blanc dans le noir du cosmos, se rapprochant peu à peu. Les images, prises à raison d'une par seconde, étaient retransmises avec un délai de seulement environ 45 secondes.
Le vaisseau, pas plus grand qu'une voiture, a voyagé durant dix mois depuis son décollage en Californie, et doit atteindre son objectif à 23h14 GMT lundi 26 septembre, à une vitesse de plus de 20.000 km/h.
L'astéroïde visé, à 11 millions de kilomètres de nous, ne représente aucun danger. Mais la mission Dart (fléchette en anglais) doit permettre à la NASA de s'entraîner au cas où un astéroïde menace un jour de frapper la Terre.
La cible est en réalité un couple d'astéroïdes : un gros, Didymos (780 m de diamètre), et son satellite, Dimorphos (160 m de diamètre), en orbite autour de lui. Les deux ne sont éloignés que d'environ un km l'un de l'autre.
C'est sur le petit, Dimorphos, que doit s'écraser le vaisseau. Cet astéroïde fait actuellement le tour du plus gros en 11 heures et 55 minutes, et le but est de réduire son orbite d'environ 10 minutes.
Le changement pourra être mesuré par des télescopes sur Terre, en observant la variation de l'éclat lorsque le petit astéroïde passe devant le gros.
Quand saura-t-on si cela a fonctionné ? "Je serais surpris si nous avons une mesure ferme du changement en moins de quelques jours, et surpris si cela prenait plus de trois semaines", a déclaré Tom Statler, chef scientifique de la mission.
Scruté de près
Pour atteindre une cible si petite, la dernière phase de vol est entièrement automatisée, comme pour un missile auto-guidé.
Le petit astéroïde, dont on ignore encore la forme exacte, est apparu en direct une heure avant l'impact, pas plus grand qu'un pixel. Il devrait peu à peu remplir toute l'image - jusqu'au silence radio après l'explosion.
Ici, "ce que nous applaudirons, ce sera la perte de communication", a résumé Bobby Braun du Laboratoire de physique appliquée (APL) de l'université Johns Hopkins, dans le Maryland, où se trouve le Centre de contrôle de la mission.
Description de la sonde-missile DART de la NASA destinée à s'écraser sur un petit astéroïde pour modifier sa trajectoire. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Trois minutes après l'impact, un satellite de la taille d'une boîte à chaussures, appelé LICIACube et relâché par le vaisseau en amont, passera à environ 55 km de l'astéroïde pour capturer des images des éjecta.
L'événement sera également observé par les télescopes spatiaux Hubble et James Webb, qui devraient pouvoir détecter un nuage de poussière brillant et ainsi aider à évaluer la quantité de matière éjectée.
Tout ceci doit permettre de mieux comprendre la composition de Dimorphos, représentatif d'une population d'astéroïdes assez communs, et donc de mesurer l'effet exact que cette technique - appelée à impact cinétique - peut avoir sur eux.
Des inconnues
Les astéroïdes ont déjà réservé des surprises aux scientifiques par le passé. En 2020, la sonde américaine Osiris-Rex s'était enfoncée bien plus que prévu dans la surface de l'astéroïde Bennu. De même, la composition de Dimorphos n'est pour le moment pas connue.
"Si l'astéroïde répond à l'impact de Dart d'une façon totalement imprévue, cela pourrait en réalité nous conduire à reconsidérer dans quelle mesure l'impact cinétique est une technique généralisable", a prévenu Tom Statler.
Il y a 66 millions d'années, les dinosaures ont disparu après la collision d'un astéroïde grand d'environ 10 km avec la Terre.
Aujourd'hui, aucun des astéroïdes connus ne menace notre planète pour les 100 prochaines années. Sauf qu'ils ne sont pas encore tous recensés.
Près de 30.000 astéroïdes de toutes tailles ont été catalogués dans les environs de la Terre (on les appelle des géocroiseurs, c'est-à-dire que leur orbite croise celle de notre planète).
Ceux d'un kilomètre et plus ont quasiment tous été repérés, selon les scientifiques. Mais ils estiment n'avoir connaissance que de 40% des astéroïdes mesurant 140 mètres et plus -- ceux capables de dévaster une région entière.
"Notre tâche la plus importante est de trouver" ceux manquants, a déclaré Lindley Johnson, agent de défense planétaire à la NASA. Plus ils sont détectés tôt, plus les experts auront le temps de mettre en place un moyen de s'en défendre.
La mission Dart est un premier pas crucial en ce sens, selon M. Johnson : "C'est une période très enthousiasmante (...) pour l'histoire spatiale, et même l'histoire de l'humanité".
AFP/VNA/CVN