>> Les Accords de Paris vus par des témoins historiques et des experts
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>> Les soutiens internationaux en faveur des Accords de Paris sur le Vietnam
Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Vietnam, Nguyên Duy Trinh (centre) signe les Accords de Paris, le 27 janvier 1973. |
Photo : Archives/VNA/CVN |
Raisons sociologiques et politiques
Pendant la guerre du Vietnam, la radio et la télévision ont joué un rôle particulier, évoquant les manifestations et la répression du mouvement jeune en particulier aux États-Unis, mais aussi en France, en URSS, en Chine et dans le monde.
Aux États-Unis, la manifestation de la jeunesse américaine du 21 octobre 1967 devant le Pentagone en est une parfaite illustration. Dès septembre 1967, le rassemblement se prépare et s’organise. Il touche une grande partie des jeunes américains, directement concernés par la conscription et l’engagement dans la guerre en Indochine.
Selon la presse et les médias, la manifestation du 17 avril 1967 avait déjà eu un grand écho médiatique ; 200.000 personnes avaient défilé à New York et des centaines de jeunes avaient brûlé leurs papiers militaires. Les prises de position d’intellectuels et artistes américains se multiplient (Bob Dylan, John Lennon, Joan Baez, Jane Fonda) et pèsent dans l’opinion publique. Les objecteurs de conscience (Mohammed Ali...) et même les déserteurs de guerre sont de plus en plus nombreux.
À cette époque, les États Unis comptent 510.000 GIs au Vietnam, et plus 70.000 autres dans les pays voisins. Au Sud Vietnam, les États-Unis disposent d’une énorme armée d’hommes pour soutenir leur domination. À défaut d’élections, ils organisent un référendum frauduleux pour justifier l’installation du président Ngô Dinh Diêm au pouvoir.
Au vu du faible crédit de ce président, une répression dictatoriale est imposée à la population. De 1962 à 1967, 14 millions de Vietnamiens ruraux sont déplacés de force vers des camps de "pacification" ou de "concentration". Environ 150.000 prisonniers croupissent et meurent dans des cachots sordides.
En France, le journal L’Humanité du 24 janvier 1973 se souvient particulièrement du 13 mai 1968, avenue Kléber, à Paris : En plein cœur des "événements", les délégations de la Conférence de Paris sur le Vietnam se rencontrent pour la première fois. L’agression américaine dure alors depuis une dizaine d’années. Les bombardements sur le Nord Vietnam sont toujours aussi intenses. L’engagement au sol des GI reste massif et meurtrier, sans compter le Laos, - autre pays martyr de la région - mais aussi le Cambodge, avec une nouvelle agression américaine, en 1970.
Les Vietnamiens de France, - issus de l’Union générale des Vietnamiens de France (UGVF) - jouent un rôle important dans le climat contestataire. Avec les Parisiens, le Parti communiste français (PCF) et les étudiants africains, latino-américains ou des pays de l’Asie du Sud-Est, ils organisent de nombreuses manifestations et des conférences à Paris et en province.
Rappels des faits historiques
Le conseiller spécial Lê Duc Tho (gauche) et l’assistant du président américain pour les affaires de sécurité nationale, Henry Kissinger, après la cérémonie de paraphe des Accords de Paris. |
Photo : Archives/VNA/CVN |
Au grand étonnement du monde, le Vietnam résiste, marquant des points sur le terrain. Aux États-Unis, l’opinion s’inquiète : Les manifestations - d’abord étudiantes puis généralisées - prennent de la place, et deviennent de plus en plus massives. Ailleurs dans le monde, les protestations se multiplient. Le 31 mars 1968, le président Johnson annonce qu’il ne se représente pas pour un second mandat. Le piétinement de ses armées au Vietnam est la cause majeure de cet aveu d’impuissance. En janvier 1969, le nouveau président, Nixon, met en place une politique dite de vietnamisation pour désamorcer les protestations dans le monde, tout en maintenant les buts de guerre. Cyniquement, il s’agit de "jaunir les cadavres". Mais le retrait des soldats américains se met place. C’est une première victoire du peuple vietnamien et des forces de paix de par le monde.
Mais Nixon a également l’ambition de mettre en place une politique internationale novatrice. Il est aidé par un universitaire issu de Harvard, Henry Kissinger. Selon eux, le chemin de la paix avec le Vietnam passe par la Chine et l’URSS. En 1972, le président américain visite Pékin, puis Moscou. S’il n’y obtient pas le blanc-seing attendu, il y trouve la confirmation que, pour les pays socialistes, la coexistence pacifique est plus importante que la défense du Vietnam. Cependant, la diplomatie de Nixon a oublié un facteur essentiel : ni les dirigeants révolutionnaires, ni le peuple du Vietnam, ne veulent abandonner la lutte pour restaurer l’unité du pays, un but suprême jamais oublié. Sur le terrain, l’atroce guerre continue. Finalement, bien décontenancés, les Américains reviennent à la table des négociations. Désormais, Kissinger pour Washington et Lê Duc Tho pour Hanoï abordent - discrètement (à Gif-sur Yvette- Essonne) - le fond du problème et envisagent les décisions stratégiques.
La diplomate Nguyên Thi Binh (1er plan, 2e à gauche) a accordé une interview après la réunion pour discuter de la conférence de quatre parties, le 18 janvier 1969. |
Photo : Archives/VNA/CVN |
Des événements liés au conflit vietnamien (dont le fameux scandale du Watergate, qui éclate en juin 1972) affaiblissent considérablement l’exécutif américain. En Décembre 1972, Nixon tente une ultime manœuvre d’intimidation (nouveaux bombardements massifs sur Hanoï et Haiphong), sans doute pour donner des gages à ses alliés de Saigon. Il démissionne finalement en août 1974. C’est donc une Amérique diminuée, usée par une guerre perdue sur le terrain, en proie aux tempêtes politiques, que Kissinger représente désormais. En octobre 1972, il parvient à mettre au point, avec Lê Duc Tho, un protocole d’accord final. Le 9 janvier 1973, les eux représentants reviennent à Paris. Le 27 janvier 1973 sont signés les accords de paix à Paris, mettant fin temporairement à la guerre du Vietnam.
L'action des négociateurs du diplomate Lê Duc Thọ pour la République démocratique du Vietnam, Nguyên Thi Bình pour le FNL et M. Henry Kissinger pour les États-Unis, mettent fin à dix années de guerre. L'accord prévoit le retrait des forces terrestres américaines dans un délai de 60 jours. En échange de quoi, Hanoï s'engage à libérer tous ses prisonniers. Mais le problème vietnamien n’est pas réglé pour autant : Si les États-Unis se retirent du conflit pour éviter une défaite "formelle", la lutte armée continue jusqu’à la capitulation inconditionnelle du gouvernement de Saïgon, le 30 avril 1975. La manœuvre de Henry Kissinger est de se retirer avant la défaite finale, dans une paix honorable pour les États-Unis.
Perspectives
L’impact des Accords de Paris de 1973 est important, car il n’est pas sans rappeler que la guerre du Vietnam est la plus longue et sans doute l’une des plus meurtrières du XXe siècle.
Nguyên Dac Nhu-Mai/CVN