Il y a vingt ans, le discours de Mandela

Nelson Mandela est élu président de la République d’Afrique du Sud et prête serment le 10 mai 1994. Son discours d’investiture pourrait faire partie du trésor d’oeuvres historiques qui marquent les moments cruciaux de l’histoire de l’humanité.

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Chaque fois que je lis quelque chose sur Mandela, je ne puis m’empêcher d’évoquer la mémoire de Tôn Duc Thang, vice-président de la République démocratique du Vietnam au temps de Hô Chi Minh. J’admize en eux la volonté implacable de lutter pour la liberté de leur peuple, supportant sans faille les épreuves les plus dures, en particulier celle de la prison.
Tôn Duc Thang a passé comme forçat quelque dix-sept ans à la sinistre île pénitentiaire de Poulo Condor de l’administration coloniale française. Pour Mandela, le temps de détention et de résidence surveillée a duré 26 ans. Rappelons que Nelson Mandela, figure emblématique du XXe siècle, a mené un combat inlassable contre l’apartheid et la ségrégation raciale. Il n’a cessé d’oeuvrer pour maintenir la paix civile dans son pays et a obtenu le Prix Nobel de la paix en 1999.

Nelson Mandela, figure emblématique du XXe siècle, a mené un combat inlassable contre l’apartheid et la ségrégation raciale.


Le discours d’investiture
Mandela est élu Président de la République d’Afrique du Sud. Il prête serment le 10 mai 1994, il y a vingt ans. Son discours d’investiture pourrait faire partie du trésor d’oeuvres historiques qui marquent les moments cruciaux de l’histoire de l’humanité. Mandela y lance un appel vibrant à ses compatriotes sud-africains «enfin émancipés» (Free at last). Il commence par recommander à son peuple qui a reconquis sa liberté et sa dignité d’adopter une conduite digne de cette victoire spirituelle :
«De l’expérience d’un immense désastre humain qui a duré trop longtemps doit naître une société dont toute l’humanité sera fière.Nos actes quotidiens en tant que Sud-Africains ordinaires doivent produire une réalité sud-africaine concrète qui renforcera la foi de l’humanité et la justice humaine et qui nourrira tous nos espoirs pour que notre vie à tous soit merveilleuse. Tout cela, nous le devons à la fois à nous - même et aux peuples du monde entier».
Mandela exprime le sentiment d’amour et de fierté qui unit les Sud-Africains dans une patrie rénovée :
«À mes compatriotes, je n’éprouve aucune hésitation à dire que chacun d’entre nous est aussi intimement lié à la terre de ce beau pays que le sont les célèbres jacarandas de Prétoria et les mimosas de la brousse. Chaque fois que l’un de nous touche le sol de ce pays, il perçoit le sentiment d’un regain personnel. L’humeur nationale change comme changent les saisons. Nous sommes animés par un sentiment de joie et d’exaltation quand l’herbe reverdit et quand les fleurs s’ouvrent.

Cette unité spirituelle et physique que nous partageons tous avec cette patrie commune explique le profondeur de la douleur que nous portons tous dans nos cœurs quand nous voyions notre pays pleurer lui-même, déchiré dans un terrible conflit et quand nous le voyions méprisé, boycotté, isolé des peuples du monde, précisément parce qu’il était devenu la base universelle de l’idéologie et de la pratique pernicieuse du racisme et de l’oppression raciale».
Le peuple sud-africain étiqueté «hors la loi» est ravi de retrouver sa place au sein de l’humanité. Mandela dit sa gratitude à l’égard des forces progressistes nationales et internationales qui ont contribué à la victoire de la lutte contre l’apartheid et à la création d’une République sud-africaine.

"Nous nous engageons à bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, qu’ils soient blancs ou noirs, pourront se tenir debout et marcher sans crainte", lit-on dans le discours de Nelson. Photo : CTV/CVN


Édifier un nouveau pays sud-africain
Mandela aborde enfin le problème de la construction du nouveau pays sud-africain :
«Le temps de construction arrive. Nous avons enfin achevé notre émancipation politique. Nous nous engageons à libérer notre peuple de l’asservissement dû à la pauvreté, à la privation, à la souffrance, au sexisme, et à toute autre discrimination. Nous avons réussi à passer les dernières étapes vers la liberté dans des conditions de paix relatives. Nous nous engageons à construire une paix complète, juste et durable. Nous avons réussi à implanter l’espoir dans le cœur de millions de personnes de notre peuple. Nous nous engageons à bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, qu’ils soient blancs ou noirs, pourront se tenir debout et marcher sans crainte, sûrs de leur droit inaliénable et à la dignité humaine, une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde.
Comme preuve de son engagement dans le renouveau de notre pays, le nouveau gouvernement par intérim Unité nationale prend la décision en différentes catégories de compatriotes accomplis sont actuellement leur peine d’emprisonnement. Nous dédions ce jour à tous les héros et à toute les héroïnes de ce pays et du reste du monde qui se sont sacrifiés de multiples façons et ont donné leur vie pour que nous puissions être libres.

Leurs rêves sont devenus réalité. La liberté est leur récompense. Nous nous sentons à la fois humiliés et fiers de l’honneur de privilège que vous, peuple sud-africain, nous avons fait en nous nommant premier président d’un gouvernement d’union démocratique non raciste et non sexiste. Nous sommes conscients que la route vers la liberté n’est pas facile. Nous sommes conscients qu’aucun de nous ne peut réussir seul.

Nous devons tous agir ensemble comme un peuple uni, vers une réconciliation nationale, vers la construction d’une nation, vers la naissance d’un nouveau monde.
Que la justice soit la même pour tous.
Que la paix existe pour tous.
Qu’il y ait du travail, du pain, du sel et de l’eau pour tous.
Que chacun d’entre nous sache que son corps, son esprit et son âme ont été libérés afin qu’ils puissent s’épanouir.
Que jamais, jamais et jamais ce pays magnifique ne revive l’expérience de l’oppression des uns par les autres, ni ne souffre à nouveau l’indignité d’être le paria au monde.
Que la liberté règne.
Que le soleil ne se couche jamais sur une réalisation humaine aussi éclatante.
Que Dieu bénisse l’Afrique !»

Huu Ngoc/CVN


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