Il faudra 300 ans pour déminer le territoire vietnamien

Depuis la fin de la guerre du Vietnam, les bombes et les mines non explosées ont fait plus de 100.000 morts et blessés. On estime que 800.000 tonnes de ces engins menacent encore la vie des Vietnamiens.

La paix a été signée voilà plusieurs décennies, mais les séquelles de la guerre sont encore présentes. Selon le Service permanent du Comité d’État de pilotage pour la résolution du problème des bombes et des mines laissées par la guerre (Comité 504), «partout dans le pays, il existe encore un volume colossal d’engins explosifs laissé par les armées étrangères».

Environ 800.000 tonnes d’engins explosifs contaminent des terres arables ou des terrains en construction au Vietnam

D’après les statistiques du Comité 504, entre la fin de la guerre (1973) et 2000, quelque 100.000 personnes sont mortes ou ont été blessées après l’explosion d’engins qui dormaient sous des terres arables ou des terrains en construction. En moyenne, environ 4.000 personnes en sont victimes chaque année. Selon les découvertes actuelles, on estime qu’environ 20% de la superficie du territoire est encore contaminé.

Mettre les bouchées doubles

«Au rythme où va le déminage, la dernière bombe sera retirée dans 300 ans. Si nous accélérons, avec l’aide des organisations internationales, on peut espérer réduire ce délai à 100 ans ou 70 ans», estime le général Pham Quang Xuân, chef adjoint du Service permanent du Comité 504.

Le ministère de la Défense nationale et les organisations chargées des activités de déminage détectent annuellement plus de 100.000 hectares de terre minés. Entre 2008 et 2012, plus de 570.000 ha ont ainsi été décelés.

«Le déminage est un travail on ne peut plus dangereux et complexe. Il nécessite du temps et un budget à la hauteur de ses enjeux, confie le général Quang Xuân. De nombreux militaires engagés dans cette mission sont morts. Nous considérons ce travail de déminage comme un combat de la paix».

Afin d’accélérer le rythme de déminage tout en assurant la sécurité de la population, le Premier ministre Nguyên Tân Dung a décidé la mise en œuvre, de 2010 à 2015, d’un programme d’action national. Objectif : prospecter, localiser, expertiser, déminer et désinfecter les régions polluées. Les provinces du Centre tels que Nghê An, Hà Tinh, Quang Binh, Quang Tri, Thua Thiên-Huê, Quang Nam, Quang Ngai ont été les premières à en bénéficier. Ainsi, depuis trois ans, chaque année, des centaines d’hectares de terres ont été déminées et désinfectées pour être utilisées pour l’agriculture. Sur 63 villes et provinces, quarante-neuf ont été signalées et cartographiées comme étant dangereuses.

Linh Thao/CVN

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