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Le fardeau de la dette des pays les moins avancés continue de grimper. |
Photo : ONU/CVN |
Malgré des appels répétés à agir, "on peut dire que presque rien n'a été fait jusque-là", dénonce Achim Steiner, le chef du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
"Et pourtant, la crise s'intensifie et risque de se transformer en une crise durable du développement pour des dizaines de pays", met-il en garde lors de la publication d'un rapport sur ce sujet brûlant, paru juste à temps pour les réunions d'automne du FMI, de la Banque mondiale mais aussi du G20 Finances à Washington.
Ces pays pauvres endettés se retrouvent actuellement confrontés à des phénomènes économiques qui convergent pour rendre impossible le remboursement de la dette ou les priver de tout accès à ce type de financement.
"Les conditions du marché changent rapidement parce que la volatilité partout dans le monde est alimentée par une contraction budgétaire et monétaire combinée à une faible croissance", souligne le PNUD.
La crise s'accentue alors que le mécanisme de suspension du remboursement de la dette mis en place pendant la pandémie de COVID-19 a expiré et que le nouveau système créé par le G20 (le Cadre commun pour les traitements de la dette) se montre extrêmement lent.
En attendant, la dette n'a cessé de gonfler durant la décennie écoulée et sans doute plus que ne le laissent penser les chiffres officiels. La Chine joue un rôle très actif dans ce secteur.
Selon les données disponibles, 46 des 54 États retenus par le PNUD avaient une dette publique totale de 782 milliards d’USD en 2020. Elle tombe à 552 milliards si on exclut les trois poids lourds de la liste (Argentine, Ukraine et Venezuela).
La situation se dégrade vite, 19 pays de la liste -jugés trop risqués- se voient de facto exclus du marché. Ce sont 10 pays de plus qu'au début de l'année.
Et la dette d'un tiers de tous les pays en développement se trouve maintenant classée "risque substantiel, extrêmement spéculatif ou défaut" par les agences de notation, souligne George Gray Molina, économiste en chef du PNUD.
Quant aux détenteurs de ces obligations, ils voient leur valeur chuter brutalement à entre 40 et 60% de leur prix initial.
Mais "quand les obligations des pays émergents sont négociées à 40 cents pour 1 dollar, les créanciers privés se montrent soudainement plus enclin à négocier", note M. Molina. Selon lui les créanciers privés sont actuellement le principal obstacle à la nécessaire restructuration.
"La motivation est donc de venir à la table de négociation où l'on pourrait accepter de perdre 15, 20 ou 30 cents par dollar" investi, souligne M. Molina.
"Mais comment arriver à conclure un accord ? Comment les créanciers peuvent-ils être assurés d'être remboursés ? Et c'est là qu'interviennent les garanties financières de certaines des plus grandes économies du monde", insiste l'économiste, tout en notant que c'est ce qui manque actuellement.
Achim Steiner, qui a déjà dénoncé cette crise de l'endettement à de nombreuses reprises, reconnaît "que l'on vit dans une période politique extrêmement difficile mais aussi un moment économique et financier très volatil".
La communauté internationale, juge-t-il, devrait reconnaître que "prévenir, c'est mieux que guérir et certainement beaucoup moins cher que d'avoir à faire à une récession mondiale".
APS/VNA/CVN