Le président vietnamien Truong Tân Sang |
C'est en ces termes que s'est exprimé l'ambassadeur du Vietnam aux États-Unis, Nguyên Quôc Cuong, lors d'une interview accordée au correspondant de l'Agence Vietnamienne d'Information (VNA en abréviation anglaise) à la veille de cette visite.
Il s'agit de la deuxième visite officielle aux États-Unis d'un chef d'État vietnamien depuis la normalisation des relations bilatérales il y a près de deux décennies. C'est également la première fois depuis cinq ans que les deux nations procèdent à un échange d'une haute délégation. Cette visite se déroulera dans la conjoncture où les relations entre les deux pays se développent tant en ampleur qu'en profondeur, et ce dans tous les domaines.
La visite officielle aux États-Unis du président du Vietnam Truong Tân Sang est dans la lignée directe de la politique extérieure d'indépendance, d'autonomie, de multilatéralisation et de diversification des relations internationales du Vietnam. Politique selon laquelle ce dernier se veut ami et partenaire de confiance dans la communauté internationale et applique sa stratégie d'intégration internationale, a précisé Nguyên Quôc Cuong.
Selon l'agenda, Truong Tân Sang aura un programme très chargé. Outre l'entretien avec Barack Obama, il doit travailler avec les responsables du Congrès américain, plusieurs sénateurs et députés, rencontrer le milieu politique, des entrepreneurs, ainsi que des intellectuels, amis, responsables d'organisations internationales et la communauté des Vietnamiens aux États-Unis. Lors de ces rencontres, les dirigeants des deux pays échangeront leurs points de vue sur les relations bilatérales dans la nouvelle période, les problèmes internationaux et régionaux d'intérêt commun, l'optique étant d'approfondir et de mieux stabiliser leurs relations, a souligné l'ambassadeur Nguyên Quôc Cuong.
Évaluant l'état actuel et les perspectives des relations entre les deux pays, le diplomate vietnamien a remarqué que les relations bilatérales - qui reposent sur des mécanismes de coopération stables - affichaient de belles perspectives dans les années à venir, ne serait-ce qu'au regard de leurs potentiels.
Selon Nguyên Quôc Cuong, une décennie s'est écoulée depuis l'établissement par les deux pays du cadre des relations de partenariat constructif, amical et de coopération dans plusieurs domaines sur la base de l'égalité, du respect mutuel et de l'intérêt commun en 2005. Avec l'actuelle portée des relations entre les deux pays et de leurs potentiels, il est temps de former un nouveau cadre de partenariat des relations bilatérales. Le prochain entretien entre les président Barack Obama et Truong Tân Sang devrait permettre de définir ce nouveau cadre, avec des règlements et contenus clairs.
En près de deux décennies depuis la normalisation des relations entre les deux pays, ces dernières se sont développées dans plusieurs domaines. Dans la politique et la diplomatie d'abord, où les deux pays ont maintenu l'échange de visites et des rencontres à haut niveau en marge des conférences internationales, mais aussi la coopération et la coordination efficaces lors des forums régionaux et internationaux, notamment le Forum économique de l'Asie-Pacifique (APEC), le Forum régional de l'ASEAN (ARF), le Sommet de l'Asie de l'Est (EAS), la conférence des ministres de la Défense élargie (ADMM+)...
Sur le plan économique ensuite, où, depuis 2005, les États-Unis sont le marché d'exportation le plus important du Vietnam avec un volume de produits exportés qui a augmenté de plus de 100 fois en près de 20 ans. Les deux parties ont renforcé leur coopération dans les domaines des sciences et technologies et les échanges populaires. Actuellement, environ 16.000 étudiants vietnamiens poursuivent un cursus aux États-Unis, soit deux fois plus qu'en 2008, faisant du Vietnam le premier pays de l'Asie du Sud-Est et le huitième au niveau mondial dans ce domaine. En 2012, près de 400.000 touristes américains ont voyagé au Vietnam, se classant au 4e rang mondial.
Règlement des conséquences de la guerre
En ce qui concerne le règlement des conséquences laissées par la guerre et les problèmes sur lesquels les points de vue des deux pays divergent, le diplomate vietnamien a précisé qu'il était impossible de laisser en suspens les problèmes laissés par la guerre en parlant des relations bilatérales.
Le Vietnam a subi de lourdes pertes tant humaines que matérielles durant cette guerre. Avec les ressources actuelles, il lui faudra une centaine d'années pour achever les travaux de déminage dans les villes et provinces de l'ensemble du pays.
En dépit de cela, le Vietnam considère la recherche des soldats américains portés disparus pendant la guerre comme une affaire humanitaire et coopère sans conditions avec les États-Unis dans ce domaine.
En mai 2013, les deux pays ont effectué avec succès 109 recherches conjointes, 125 remises et rapatriements des restes des soldats MIA (Missing in action). Les Américains ont identifié 693 des 1.983 soldats portés disparus. Les États-Unis ont, de leur côté, aidé à collecter et partager les informations sur un millier de soldats vietnamiens disparus, et ont remis leurs effets personnels à leurs familles.
Le Vietnam a reconnu que la coopération et le soutien du gouvernement, des organisations et particuliers américains dans le règlement des conséquences de l'agent orange/dioxine et l'assistance aux victimes de ce produit toxique étaient de plus en plus forts, a déclaré Nguyên Quôc Cuong, espérant que la partie américaine en fasse encore davantage dans ce domaine.
Quant à la démocratie et aux droits de l'homme, l'ambassadeur a reconnu les différences entre les deux parties. Toutefois, selon lui, l'important réside dans le fait que les deux pays soient prêts à changer leurs points de vue pour renforcer la compréhension mutuelle et pallier les différences qui les séparent. Dans cet esprit, il a fait savoir que lors de la visite du président Truong Tân Sang aux États-Unis, le Vietnam serait prêt à changer d'avis sur les problèmes relatifs aux droits de l'homme et à la liberté de culte.
Nguyên Quôc Cuong a affirmé que seuls l'amitié, la coopération pour l'intérêt commun s'appuyant sur la Charte de l'ONU et du droit international, le respect des institutions politiques, de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chaque pays permettraient de porter les relations Vietnam - États-Unis à une nouvelle hauteur comme de satisfaire l'aspiration et les intérêts communs des deux peuples.
VNA/CVN