Les neuf canons génies
Des canons génies de Huê |
Cuu vi Thân công, les neuf canons sacrés, également considérés comme des génies, sont les plus imposantes pièces d’artillerie du Vietnam qui symbolisent la puissance et la stabilité du règne des Nguyên. Parmi les dizaines de canons en bronze de l’époque des Seigneurs Nguyên (1569-1777) puis de leur dynastie (1802-1945), ces neuf pièces qui ont été fondues sous le règne de Gia Long, le fondateur dynastique, sont incontestablement les plus grandes mais aussi les plus richement décorées. Après avoir renversé les Tây Son (1778-1802) et une fois proclamé empereur, Gia Long donna l’ordre de rassembler l’ensemble des armes des vaincus afin de couler ces neuf grands canons de bronze pour conserver le «souvenir éternel» de ces évènements.
Ce travail de titan a duré 12 mois, de février 1803 à janvier 1804 précisément, et cela à Huê bien entendu... Les canons ont été baptisés avant même leur réalisation du nom des quatre saisons de l’année, Printemps, Été, Automne et Hiver, et des cinq éléments, Métal, Bois, Eau, Feu et Terre.
Chacune de ces pièces est longue de 5-10 m pour un poids de plus de 10 tonnes. Leur fût porte des gravures très travaillées ainsi que des inscriptions indiquant leur nom, leur poids, la manière de s’en servir, le procédé de fonte, le récit des luttes contre les Tây Son et la réquisition des objets en laiton et en bronze. Juste après leur création, les neuf canons furent installés au pied de la Cité royale, devant la porte principale Ngo Môn (Porte du Midi). C’est seulement sous le règne de Khai Dinh (1885-1925) qu’ils ont été installés à leur emplacement actuel. Il s’agit de neuf canons d’apparat et de culte qui n’ont jamais été utilisés pour la guerre, puisqu’en dehors du symbole même, ils étaient considérés comme les génies gardiens de la citadelle.
Les neuf urnes dynastiques
Les neuf urnes dynastiques |
Situées devant le Temple dynastique, derrière le Pavillon de la Splendeur au Sud-Ouest de la cité impériale, les cuu dinh (urnes dynastiques) sont considérées aujourd'hui comme les plus précieuses œuvres de Huê et, plus généralement, du Vietnam. Elles furent réalisées à la fin de l’année 1835 sous le règne de l’empereur Minh Mang afin de concrétiser les souhaits d’existence éternelle de la dynastie et de prospérité du pays.
Chacune porte le nom d'un empereur honoré au sein du temple dynastique. Ainsi, l'urne Cao, ou Urne de la Grandeur, est dédiée au fondateur de la dynastie, Thê Tô Cao, miêu ta - nom dynastique posthume - de l'empereur Gia Long, Nhân, Urne de la Vertu, à Thanh Tô Nhân c’est-à-dire l'empereur Minh Mang, et Chuong, Anh, Nghi, Thuân et Tuyên, aux empereurs Thiêu Tri, Tu Duc, Kiên Phuoc, Dông Khanh et Khai Dinh.
Elles sont précisément disposées autour de l'autel : Cao est seule au centre, devant celui-ci, les autres étant alignées symétriquement de part et d'autre. Bien qu'elles paraissent semblables au premier regard, elles diffèrent toutes par leur poids comme leur taille. Cao est logiquement la plus imposante avec ses 2,50 m de hauteur, 1,38 m de diamètre et ses 2.602 kg. En fait, leurs dimensions représentent la stabilité et la durabilité de la dynastie, et les paysages et sites pittoresques des différentes régions du pays gravés à leur surface, l'unité du pouvoir dynastique.
Chacune comporte 17 motifs traditionnels tels qu’étoiles, fleuves, montagnes, mers, navires, produits maritimes ou forestiers précieux du Vietnam... Cao porte le canal Vinh Tê, le fleuve de Sài Gon, le Mékong et la rivière des Parfums, Nhân, la rivière des Parfums et le mont impérial Ngu... Ces neuf urnes dynastiques sont ni plus ni moins qu’une véritable encyclopédie sur le pays et le peuple du Vietnam.
Âgés de 177 années désormais, ces précieux héritages sont incroyablement bien préservés malgré le climat et les innombrables conflits survenus depuis leur création.
Cuu vi Thân công et Cuu dinh sont deux ensembles d’œuvres d’art distingués qui révèlent le talent des ouvriers et des artistes ayant œuvré à leur naissance, et qui témoigne également de la période d’or du travail du bronze du XIXe siècle du Vietnam.
Thuy Hà/CVN