Honduras : le président vise la réélection, l'opposition crie à la fraude

Quelque six millions d'Honduriens étaient appelés dimanche 26 novembre à élire leur président lors d'un scrutin contesté, l'actuel chef de l'État Juan Orlando Hernandez visant la réélection, pourtant interdite par la Constitution, au grand dam de ses adversaires.

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La Constitution du Honduras, en vigueur depuis 1982, interdit la réélection. Mais le Parti national (PN, droite) au pouvoir - qui contrôle les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire - soutient qu'une interprétation de la Constitution par la Cour suprême permettrait de passer outre. L'opposition, qui dénonce une "manoeuvre", affirme que le pouvoir judiciaire n'a pas cette prérogative.

Des Honduriens attendent de recevoir leur carte d'électeur pour voter à la présidentielle, le 25 novembre 2017 à Tegucigalpa.

Dans ce petit pays au cœur du "triangle de la mort" de l'Amérique centrale, miné par les gangs et la pauvreté, affichant un des plus forts taux d'homicide au monde, même s'il a diminué, ces tensions risquent de rouvrir les blessures du coup d'État de 2009.
Cette année-là, l'ancien président Manuel Zelaya avait été chassé du pouvoir par l'armée, soutenue par la droite et le monde des affaires, après s'être rapproché du vénézuélien Hugo Chavez. Il avait notamment été accusé de vouloir amender la Constitution afin de briguer un second mandat.
Arrivé au pouvoir en 2013 après des élections contestées par la gauche, Juan Orlando Hernandez, 49 ans, figure parmi les trois candidats, sur neuf, qui ont une chance de l'emporter dimanche 26 novembre, lors de ce scrutin à un seul tour.
Salvador Nasralla, 64 ans, un journaliste de télévision, nouveau en politique, est le candidat de la coalition de partis de gauche Alianza de Oposición contra la Dictadura (Alliance de l'opposition contre la dictature). Luis Zelaya, 50 ans, du Partido Liberal (PL), l'autre formation de droite du pays, figure aussi dans le trio de tête, au côté du chef de l'
État sortant.
Calme trompeur 
Les rues de Tegucigalpa étaient décorées aux couleurs des deux principaux partis, le PL et le PN. Des kiosques aux couleurs de ces formations ont vu les jours dans les quartiers de la capitale pour informer les électeurs.

Des soldats honduriens transportent du matériel électoral pour la présidentielle, le 25 novembre 2017 à Tegucigalpa.

Mais ce calme est trompeur, jugent certains analystes, pour qui la volonté affichée du chef de l'État de s'accrocher au pouvoir augure d'une "élection compliquée".
"Pour la première fois, ce n'est pas une lutte entre conservateurs et libéraux, mais entre une dictature et la démocratie", estime l'analyste politique Victor Meza, du Centre de documentation du Honduras. "La démocratie est en danger depuis que l'autoritarisme présidentiel a commencé à se renforcer", a-t-il ajouté.
Les deux principaux adversaires du président Hernandez accusent le Tribunal suprême électoral (TSE) d'avoir préparé une fraude pour le déclarer vainqueur, ce que l'institution nie.
"J'espère que vous ne vous découragerez pas lorsque de fausses informations commenceront à circuler. Nous devons rester vigilants", a lancé vendredi 24 novembre à ses partisans Salvador Nasralla.
"Notre obligation est de garantir un processus électoral transparent qui dispose de mécanismes de vérification, non seulement par le tribunal mais par les autres acteurs du processus", tels que les observateurs internationaux, a déclaré à l'AFP un des magistrats du TSE, Marco Ramiro Lobo.
16.000 observateurs 
Selon le TSE, ces élections seront "les plus scrutées de l'histoire", avec la présence de 16.000 observateurs, dont 600 internationaux.
Des délégations de l'Union européenne (UE), de l'Organisation des 
États américains (OEA), du Centre Carter et de plusieurs pays sont arrivées au Honduras ces jours-ci.
Pour le cabinet Eurasia, il ne devrait pas y avoir "d'incident majeur, étant donné la présence d'observateurs internationaux".
"Un second mandat d'Hernandez signifie la poursuite de politiques favorables aux affaires et responsables au niveau fiscal, ainsi qu'un probable programme de suivi du FMI; sur le long terme, Hernandez devrait chercher à modifier les règles électorales afin de briguer un troisième mandat", ajoute le cabinet.
Ces élections présentent un risque "de nouvelle crise (...) car il y a eu des petits coups d'
État", juge le chercheur Marvin Barahona, en référence à la décision de la Cour suprême autorisant la réélection.
Outre le chef de l'
État, quelque six millions d'Honduriens sont appelés à désigner trois vice-présidents, 128 députés, 20 membres du Parlement centre-américain et les maires de 298 municipalités.
Les premiers résultats partiels sont attendus environ deux heures après la fermeture des bureaux de votes à 16h00 locales (22h00 GMT), avec la possibilité de prolonger le vote d'une heure.

AFP/VNA/CVN 

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