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Le siège du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville. |
Le siège du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville. Photo: CTV/CVN |
Ce n’est que vers la fin de 2018 que la conservation du patrimoine architectural est devenue une vraie question d’actualité. La municipalité envisageait alors d’agrandir le palais Thuong Tho qui abrite le siège du Service de l’information et de la communication.
Situé en plein cœur du premier arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, le palais Thuong Tho est un bâtiment de style français, vieux de 130 ans. L’annonce par les autorités municipales de leur intention d’agrandir l’édifice afin qu’il puisse abriter davantage de bureaux a suscité de vifs débats. Services compétents et experts réfléchissent actuellement sur la façon de préserver les valeurs patrimoniales du bâtiment tout en l’adaptant aux nouveaux besoins de ses occupants.
Cette histoire a ouvert la voie à des discussions plus générales sur la conservation des 1.300 anciennes architectures de Hô Chi Minh-Ville, dont beaucoup sont des propriétés privées.
Selon Nguyên Thi Hâu, secrétaire générale de l’Association des historiens de Hô Chi Minh-Ville, le patrimoine architectural participe de l’identité d’une ville. Sa destruction serait donc synonyme de perte d’identité et d’amoindrissement du potentiel culturel et touristique de la ville. D’où l’importance de trouver le bon équilibre entre préservation du patrimoine et développement urbain.
"Dans ce processus, les autorités et les investisseurs jouent un rôle décisif, mais les chercheurs et la population occupent une place tout aussi importante", estime-t-elle.
"Du côté des autorités, il est primordial d’avoir de la vision, de publier des plans d’aménagement concrets et de mettre en œuvre des politiques de préservation et des sanctions nécessaires, et d'adopter de nouvelles lois favorables à la préservation patrimoniale".
Et si préservation et développement pouvaient faire bon ménage? Cette possibilité a été évoquée par l’architecte Trân Van Khai.
"L’État dispose de trois outils: l’aménagement du territoire, les infrastructures et la politique fiscale. En plus de prendre des mesures coercitives, l’État aurait tout intérêt à encourager la conservation d’un patrimoine par son propriétaire. Si celui-ci voit que sa vieille architecture lui rapporte de bons revenus, jamais il ne le détruira", propose-t-il.
La cathédrale Notre-Dame de Saigon. |
Cao Thành Nghiêp, lui aussi architecte, juge nécessaire que Hô Chi Minh-Ville adopte son plan d’aménagement du patrimoine architectural avant son plan d’aménagement urbain. Ce serait une bonne chose pour les investisseurs qui seraient alors incités à préserver les valeurs patrimoniales se trouvant sur le territoire qui leur a été attribué, dans la mesure où ce serait un investissement rentable, estime-t-il.
"Préservation et développement sont étroitement liés. Si le centre-ville est bien préservé, le développement urbain des arrondissements voisins en bénéficiera. La ville doit établir elle-même la liste des monuments à sauvegarder sans attendre que ceux-ci soient classés au niveau national", suggère-t-il.
Où trouver le financement des projets de sauvegarde patrimoniale? Truong Kim Quân, directeur du Centre de conservation des vestiges de Hô Chi Minh-Ville a une idée.
"Les propriétaires des constructions autour d’un ouvrage architectural préservé doivent participer au financement de cette préservation. Car leur proximité avec cet ouvrage leur donne des avantages en termes de coefficient d’occupation des sols et de densité de construction", explique-t-il.
Il est toujours possible de transformer un patrimoine architectural en ressource économique grâce à la promotion de ses valeurs culturelles et touristiques. C’est du reste une responsabilité pour chaque génération de préserver et d’enrichir le patrimoine dont elle a hérité, au profit des générations suivantes.
VOV/VNA/CVN