>>"Le dessin, c’est devenu mon pain quotidien"
>>Croquer les villes pour en préserver l’âme
Trân Thi Thanh Thuy, enseignante à l’Université d’architecture de Hanoï avec son œuvre. |
Photo: VOV/VNA/CVN |
Leur chevalet installé à même le trottoir, les dessinateurs urbains essayent d’immortaliser la vie quotidienne et l’architecture de Hanoï. Le groupe a été créé en septembre 2016 par Trân Thi Thanh Thuy, enseignante à l’Université d’architecture de Hanoï et trois autres personnes. Il est la filiale hanoienne d’Urban Sketchers Vietnam, qui fait partie du réseau mondial des dessinateurs urbains. Ouvert à tous les passionnés des beaux-arts, le groupe compte aujourd’hui des milliers de membres, de tous âges, tous horizons, dont des étrangers, dit Trân Thi Thanh Thuy.
"Notre point commun est l’amour pour le dessin, pour Hanoï, et aussi le souhait de réaliser une sorte de carnet d’images de la ville. Nous voudrions préserver les valeurs patrimoniales dont beaucoup risquent de disparaître au profit d’une urbanisation effrénée", explique-t-elle.
Parmi les membres du groupe, il y a des familles entières. Mettant derrière les soucis de la vie quotidienne, jeunes et moins jeunes s’adonnent à leur passion. Les uns se réjouissent de retrouver des traces d’un passé lointain, les autres découvrent avec intérêt des endroits qu’ils croyaient déjà bien connaître.
"C’est par hasard que j’ai connu le groupe. C’est une excellente initiative qui permet à des adultes et à leurs enfants de passer du temps ensemble, loin des ordinateurs, des tablettes et des smartphones, à dessiner en parcourant les rues et en sentant leur atmosphère", nous confie Pham Thi Ngoc Bich, l’une des membres. "Qu’il pleuve ou qu’il vente, ça ne change rien à notre enthousiasme. Mes enfants sont contents qu’il y ait beaucoup d’autres enfants dans le groupe".
Les week-ends du groupe sont souvent thématiques, les membres étant invités à dessiner soit les rues et les villages anciens, soit les vieilles habitations collectives, soit les architectures françaises. Leur page Facebook, Urban Sketchers Hanoi, attire des milliers de followers. Les membres publient régulièrement leurs dessins, racontent leurs histoires, partagent leurs avis sur tel ou tel aspect de la vie urbaine.
L’idée étant d’attirer le plus d’attention possible sur les valeurs patrimoniales de la ville, ils organisent souvent des expositions. "Les rues de Hanoï", "Croquis de Hanoï 2017", "Les petits dessinateurs de Hanoï"… sont quelques unes de leurs expositions les plus réussies. Ils ont également publié un livre intitulé "Vieilles habitations collectives hanoiennes-Croquis et mémoires".
Ces bâtiments avaient marqué dans les années 1960-1970 un tournant dans le développement immobilier de la ville. Plusieurs générations de Hanoiens y étaient attachées. Les vieux bâtiments et les habitations collectives délabrées auront un jour accompli leur mission, mais tant qu’ils seront encore là, ils participeront du charme unique de Hanoï, un charme sans cesse revalorisé par ses dessinateurs dévoués.