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Robert Diggs, plus connu sous le nom de RZA, leader de facto du groupe Wu-Tang Clan. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Leur incroyable parcours, qui a inspiré des dizaines d’autres jeunes après eux, est retracé dans un documentaire en quatre parties à sortir en mai aux États-Unis, et intitulé Wu-Tang Clan: Of Mics and Men (Des micros et des hommes)- une référence au livre Des souris et des hommes (Of Mice and Men, en anglais) qui raconte la bataille de travailleurs itinérants en quête de stabilité.
Les neuf membres du groupe, formidablement doués pour les rimes et portés par l’envie d’échapper à leur enfance misérable dans des quartiers difficiles, sont finalement devenus l’un des groupes de rap les plus influents de l’histoire.
"De voir d’où ils viennent, comment ils ont fait ça, ce n’est pas rien", salue le réalisateur Sacha Jenkins. "Maintenant plus que jamais, les gens ont besoin de voir ce qui se passait au cœur de la ville, dit-il. On est 25 ans plus tard, et pas grande chose n’a changé. Et c’est pour ça que la musique du Wu-Tang Clan résonne encore".
"Nos héros"
Entremêlant entretiens et rares images du groupe à ses débuts, le documentaire montre comment la musique a éloigné ses membres, petits délinquants ou dealers de drogue, de la prison.
RZA, leader de facto du Wu-Tang Clan, a formé le groupe en 1992, avec ses deux cousins et quelques amis, le baptisant d’après un film de kung-fu, Shaolin contre Wu Tang (1983). Grands fans de l’imagerie de ces films de série B, le Wu-Tang Clan en a utilisé des extrais sonores (samples) tout au long de leur carrière.
"Pour nous, c’était les décrochages du lycée, les mecs obligés de devenir des dealers..., raconte RZA, leader de facto du Wu-Tang Clan. Plutôt que d’avoir nos gamins dehors à commettre des crimes et des fusillades... Nos gamins sont là dehors en train de rendre le monde meilleur".
L’affiche du documentaire de Sacha Jenkins. |
Pour Al Sharpton, figure historique du mouvement des droits civiques aux États-Unis, le Wu-Tang Clan est emblématique des difficultés auxquelles font face les minorités et les pauvres.
"Leur histoire est notre histoire. Personne ne les a modelés, personne ne les a inventés. Ils viennent d’en bas et ils représentent les gens d’en bas, déclare Al Sharpton. Ils sont nos héros".
Paroles accrocheuses
Dans une scène émouvante, Method Man, l’un des membres à l’origine du refrain le plus connu du groupe, prend le ferry jusqu’à son ancien travail de nettoyage à la statue de la Liberté, où il fait part à son ancien patron de son succès.
"J’ai travaillé ici pendant des années et je ne suis jamais allé voir cette dame!", s’exclame l’artiste de 48 ans en contemplant la statue. "J’imagine qu’on a eu de la chance", dit-il plus tard, d’une voix tremblante trahissant son émotion.
Sur le tapis rouge pour l’avant-première, un autre membre, U-God, a relevé la symbolique du lieu, au cœur de Manhattan, dans le cadre d’un festival qui tente depuis longtemps de promouvoir la diversité. "J’ai versé mon sang à New York, explique-t-il. Je suis New York. Nous sommes tous nés à New York, et la plupart d’entre nous mourront probablement à New York City. Mais quand on s’en ira on emportera New York avec nous".
Fait rare, le Clan était au complet, avec tous ses membres encore vivants et le fils d’Ol Dirty Bastard, mort en 2004 d’une overdose.
"Wu-Tang c’est le monde, informe une autre légende new-yorkaise du rap, Nas. J’ai toujours été fan, je suis chanceux d’être ici et témoin de ça".
Lors de la performance suivant la projection, la foule a grondé au son du tube "C.R.E.A.M" - abréviation de "Cash Rules Everything Around Me" (L’argent contrôle tout autour de moi) - dans lequel les membres racontent leur parcours et leurs épreuves.
Est-ce que l’argent contrôle toujours tout pour RZA?, lui a demandé. "Il contrôle tout autour de moi, rigole-t-il, confirmant que le message du morceau était toujours d’actualité plus de 25 ans après. Mais, il ne me contrôle pas moi".
AFP/VNA/CVN