Consultation médicale sur le VIH/sida. |
Toutefois, ces subventions pourraient bien diminuer peu à peu, ce alors que l’épidémie de VIH évolue de plus en plus dangereusement en raison d’une modification des causes de contamination. Il s’agit là d’un défi que la ville doit relever pour renforecer et assurer durablement l’efficience de ses programmes de prévention et de lutte contre le VIH/sida.
Identifier les nouveaux défis
Mme Vivan Chao, coordinatrice du PEPFAR - l’organisation qui soutient le plus la prévention et la lutte contre le VIH/sida au Vietnam - a indiqué qu’avec la crise mondiale et l’augmentation du PIB per capita dans ce pays, celui-ci se retirera progressivement. Désormais, il réduira de 10% à 15% son soutien chaque année, avec une subvention qui devrait se stabiliser en 2015 autour de 40 mil-lions de dollars. Avant la fin de son soutien, le PEPFAR transmettra au Vietnam ses programmes de lutte contre le VIH/sida, et ce dernier devra dès lors les financer par lui-même. C’est pourquoi, durant cette période de transfert, le Vietnam, et plus particulièrement Hô Chi Minh-Ville, devront faire en sorte d’améliorer l’effectivité des programmes de prévention, tout en modifiant les mesures pour suivre les évolutions de l’épidémie de VIH.
«Avant 2007, les contaminations provenaient de l’utilisation des seringues usagées chez les toxicomanes, mais depuis, les relations sexuelles en sont de plus en plus la cause. Aujourd’hui, selon les enquêtes réalisées par la municipalité, elles représentent plus de 50% des contaminations», alerte Mme Phan Thi Thu Huong - directrice adjointe du Département de prévention et de lutte contre le VIH/sida du ministère de la Santé.
On constate quelques situations dominantes telles que les relations sexuelles en groupe couplées avec l’utilisation d’ecstasy, un taux d’usage en commun de seringues trop élevé (40%), un taux d’utilisation insuffisant du préservatif lors de rapports avec des prostituées ou lors de relations homosexuelles, 75% des personnes n’utilisant pas de préservatifs dans le premier cas, et 41% dans le second.
Mme Thu Huong a ajouté : «Aujourd’hui, la ville concentre ses efforts sur la prévention chez les prostituées, les toxicomanes, mais pas encore chez les utilisateurs de drogues synthétiques. C’est pourquoi, en sus du maintien des anciennes activités, nos services doivent s’informer des nouvelles évolutions et des nouveaux risques afin d’intervenir le plus efficacement possible, sinon l’épidémie pourrait repartir de plus belle».
Rationnaliser pour mieux financer
La municipalité doit disposer de plus de fonds pour ses programmes de prévention puisqu’elle doit maintenir les modèles en cours tout en en mettant en oeuvre de nouveaux suivant l’évolution des modes de contamination. Le budget n’en sera donc que plus conséquent.
Le Dr. Tiêu Thi Thu Vân du Comité de prévention et de lutte contre le VIH/sida de Hô Chi Minh-Ville considère que l’on ne peut exiger une politique publique particulière pour ce programme, il faut recourir aux politiques de la santé publique. C’est pourquoi le recours à l’assurance-santé pour les gens contaminés par le VIH/sida doit être sérieusement envisagé.
Toutefois, une telle extension n’est pas si aisée car les patients bénéficient actuellement de la gratuité complète de leurs soins. Accepteront-ils de payer 20% de leurs frais comme la réglementation de l’assurance santé le prévoit ?
Il faut donc privilégier la consultation des partenaires internationaux pour déterminer quels soutiens seront maintenus, et travailler avec l’assurance santé afin d’arrêter les services médico-sanitaires qu’elle prendra en charge. Parallèlement, il faudra inciter les malades à côtiser pour dans l’intérêt de la collectivité.
S’agissant des dons internationaux, il faudra, selon Mme Phan Thi Thu Huong, rationnaliser sinon refondre leur emploi. La ville devra ainsi fusionner les projets identiques pour faire des économies d’échelle, et supprimer des expenses telles que déplacements, repas...
Par ailleurs, il faudra appliquer des modèles aux normes nationales pour faciliter leur financement, améliorer la qualité des centres provinciaux de traitement et développer le corps médical en milieu rural afin d’éviter aux patients frais de déplacement et de résidence. Un tel processus a un autre avantage, celui d’alléger les responsabilités de la municipalité qui sont très lourdes actuellement en matière de lutte contre le sida.
Préserver les ressources humaines
Pour généraliser le programme de lutte contre le VIH/sida, Hô Chi Minh-Ville a créé un corps professionnel privilégié qui ne relève pas des ressources humaines de la santé publique. Ces spécialistes sont payés par les organismes internationaux mais, dans un avenir proche, leurs salaires vont nettement baisser avec les budgets internationaux.
«Si nos spécialistes ne sont pas intégrés au plus tôt à la santé publique, ils changeront d’emploi afin de maintenir leur niveau de vie... Hô Chi Minh-Ville perdra ainsi un personnel formé et expérimenté, ce qui sera particulièrement grave pour la mise en oeuvre du programme de prévention», a insisté Mme Phan Thi Thu Huong. Il faut donc impérativement trouver des modalités de rémunération et de subventions pour conserver ces +piliers+ de la prévention et de la lutte contre le sida.
«Hô Chi Minh-Ville titularisera ces cadres qui relèveront alors de la fonction publique. C’est le service municipal de la santé qui assumera leur rémunération, ce qui permettra d’assurer une certaine stabilité des effectifs en dépit de la baisse des soutiens internationaux. Ces médecins seront polyvalents et donneront le meilleur d’eux-mêmes», a affirmé Mme Tiêu Thi Thu Vân.
En outre et pour les seconder, la ville mobilisera d’autres personnels de différents services municipaux tels que le Service du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales, mais aussi d’associations, de communautés...
Quang Châu/CVN