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Les exploitations agricoles rejettent dans la nature |
Photo : CTV/CVN |
Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, à l’heure actuelle, il n’y a aucune statistique ou étude officielle portant sur les déchets plastiques d’origine agricole.
Une menace pour l’environnement
D’après Nguyên Hoàng Thai, de l’Institut national de planification et de projection agricole (ministère de l’Agriculture et du Développement rural), chaque province rejette en moyenne chaque année de 50 à 100 tonnes de déchets plastiques d’origine agricole. Il s’agit principalement de bâches pour les serres, de sacs d’engrais, de filets et ficelles. Notamment, les emballages vides de produits phytosanitaires ou de pesticides, considérés comme dangereux, ne sont pas encore collectés et traités.
En effet, selon un chiffre du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, les exploitations agricoles déversent annuellement 14.000 tonnes d’emballages de produits phytosanitaires et d’engrais. Quelques provinces méridionales comme Long An ou Dông Nai traitent ces déchets dans des incinérateurs.
Pourtant, la quantité collectée est trop faible par rapport à ce qu’il reste dans les champs. À titre d’exemple, la province de Dông Nai ne peut traiter que 18 tonnes de déchets plastiques d’origine agricole sur les 100 tonnes qu’elle produit chaque année.
Le secteur aquacole est également touché par ce fléau. Aussi responsable de cette pollution, il rejette de nombreux éléments à la mer comme filets ou outils de pêche, flotteurs en mousse.., provoquant la déformation ou la mort de nombreuses espèces marines. On les trouve aussi dans l’estomac des poissons, tortues et autres mammifères marins qui meurent de faim, leurs organismes ne pouvant plus contenir de nourriture.
Le Dr.-Pr.Nguyên Chu Hôi, président de l’Association de la nature et de l’environnement marin du Vietnam, a informé que les déchets plastiques menaçaient l’écosystème maritime, les ressources halieutiques, ainsi que l’avenir de millions de pêcheurs vietnamiens.
Concrètement, chaque année, la superficie des mangroves recule de 15.000 ha et environ 80% des récifs coralliens du pays sont menacés. En outre, on estime qu’environ 100 espèces marines sont en danger à différents niveaux et 100 autres sont classés dans le Livre Rouge du Vietnam.
Inverser la tendance
Ramassage de déchets plastiques dans la région maritime du quartier de Hai Cang, |
Photo : Nguyên Linh/VNA/CVN |
"Les déchets plastiques influencent gravement la qualité de l’environ-nement, les écosystèmes et le développement économique, sans compter les impacts négatifs sur la santé humaine", a affirmé Ngô Ngoc Dung, de l’Institut des ressources naturelles et de l’environnement relevant de l’Université nationale de Hanoï.
D’après elle, à la saison des pluies, les résidus plastiques sont emportés dans les lacs, canaux et rivières, où ils se dégradent en nanoparticules de polystyrène. Une menace directe pour les organismes aquatiques et l’Homme. En plus, en utilisant des eaux polluées par les produits phytosanitaires résiduels contenus dans ces déchets, on serait davantage touché par des troubles cardio-vasculaires et des maladies de sang et de peau.
Selon le Dr. Dang Kim Chi, de l’Association de protection de la nature et de l’environnement marin du Vietnam, le volume de produits plastiques fabriqués chaque année a augmenté de 20 fois en 50 ans. Un chiffre qui pourrait doubler dans les 20 ans à venir. Selon les prévisions, en 2050, le monde pourrait produire plus de 1,1 milliard de tonnes de plastique dont seulement 14% seraient recyclées.
En Asie, le Vietnam figure parmi les cinq pays rejetant le plus de plastique à la mer. La Chine (en tête de liste) suivie par l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam, déversent à eux seuls chaque année, plus de 4 millions de tonnes. Cela représente la moitié du total mondial des déchets plastiques déversés dans les océans, selon l’ONG américaine Ocean Conservancy, spécialisée dans la sauvegarde des écosystèmes marins. Il s’agit d’un défi de taille pour l’environnement.
D’après le Dr. Dang Kim Chi, afin de limiter les impacts négatifs, il faut mettre en place des mesures globales encourageant à réduire l’utilisation du plastique et faire appel aux nouvelles technologies pour mieux le recycler. Pour faire face à ce fléau, de nombreux pays ont appliqué des mesures, notamment des taxes afin de forcer les entreprises à limiter leur usage de produits plastiques.
Une mer "propre" en 2030
Le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc vient de publier un plan d’action national sur la gestion des déchets plastiques d’ici 2030. L’objectif du pays est de réduire de 75% des plastiques en mer en 2030 et de collecter 100% du matériel de pêche. Par ailleurs, l’ensemble des sites et services touristiques n’utiliseront pas d’articles plastiques à usage unique. De plus, chaque année, seront organisées au moins deux campagnes de collecte et de nettoyage des plages, et toutes les réserves maritimes s’élaboreront pour sensibiliser le grand public à cette cause. Enfin, tous les cinq ans, le gouvernement réalisera une évaluation de l’état des lieux des déchets plastiques.
Huong Linh/CVN