Haïti : le carnaval n'est pas du goût des sinistrés de l'ouragan Matthew

Les dépenses réalisées pour l'organisation du carnaval national dans la ville des Cayes exaspèrent les familles frappées il y a cinq mois par l'ouragan Matthew et qui vivent encore dans des conditions inhumaines.

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Les familles sinistrées qui n'ont pas un toit pour se protéger des pluies digèrent mal cette allocation de fonds publics pour le carnaval

Assis dans les ruines d'une maison située en bord de falaise, Starjuin Régent confectionne des nasses en bambou. À défaut de pouvoir reprendre la pêche, il essaie de survivre en vendant ce petit matériel.

"J'ai perdu mon bateau, ma maison a été détruite. Je me démène seul pour me rétablir mais c'est dur: ma fille vient d'être renvoyée de l'école car je n'avais pas payé", raconte l'homme de 35 ans au regard fatigué.

Starjuin n'a reçu aucune aide pour relancer son activité ou entamer la reconstruction de son petit logement, dont il ne reste que la dalle et deux poteaux. Lui et sa famille ont été accueillis par leur voisin à qui une ONG étrangère a donné une bâche de plastique pour remplacer son toit effondré.

"L'action publique pour aider les citoyens, on n'a jamais vu ça : c'est seulement la bamboche et beaucoup de blablas à la radio", dénonce Starjuin avec colère.

Car à une trentaine de kilomètres, l'heure est à la fête : la ville des Cayes accueille cette année le carnaval national, sur décision du nouveau président Jovenel Moïse.

Alors qu'il n'avait pas encore prêté serment, M. Moïse avait annoncé que les festivités, traditionnellement organisées dans la capitale Port-au-Prince, auraient lieu cette année dans la troisième ville du pays.

"Le président Jovenel Moïse a estimé que nous avions un devoir de solidarité vis-à-vis des Cayens mais aussi des populations du grand Sud", avait indiqué Lucien Jura, alors porte-parole de l'équipe de transition du président.

À l'heure de l'ouverture des trois jours gras, le discours des autorités se fait plus réservé quant aux retombées positives sur l'économie de la région.

"Le carnaval n'amène rien directement aux sinistrés mais, au niveau global, il est évident qu'il y a beaucoup d'activités commerciales : les petites marchandes ont plus d'occasions de faire de l'argent", explique Gabriel Fortuné, le maire des Cayes.

Des stands décorés alors que la peinture est à peine séchée, des hôtels qui affichent complets, et des musiciens qui défilent chaque nuit en drainant des petits groupes de fêtards : l'effervescence est réelle dans la ville côtière.

AFP/VNA/CVN

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