Les 26es Jeux sportifs d'Asie du Sud-Est (26es SEA Games), qui se sont disputés en novembre en Indonésie, resteront un événement à jamais gravé dans la mémoire collective de la sélection nationale de gymnastique artistique du Vietnam. Les gymnastes ont participé à 13 des 14 épreuves au programme et ont obtenu 11 médailles du plus beau des métaux. Un résultat encore jamais atteint toutes éditions confondues des SEA Games auxquelles la sélection a participé. Et cette panoplie de médailles d'or a largement contribué au bilan satisfaisant de la délégation vietnamienne aux 26es SEA Games (96 médailles d'or).
"Cet exploit retentissant est le résultat d'une préparation minutieuse", affirme Nguyên Thi Kim Lan, chef de la discipline de gymnastique artistique du Département de l'éducation physique et des sports. "Les sportifs ont été formés durant de nombreuses années. C'est le moment pour eux de récolter les fruits de leur labeur", dit-elle. Aux 26es SEA Games, les sportifs n'ont fait qu'affirmé tout le bien que l'on pensait d'eux, avec des exercices tous exécutés à la perfection.
La gymnastique artistique vietnamienne est riche de 50 ans d'histoire. Elle a mené au sommet de grands gymnastes célèbres encore aujourd'hui comme Kiêu Thanh ou encore Thanh Tâm, pour n’en citer que quelques-uns. Par le passé, beaucoup de provinces et villes investissaient dans le développement de cette discipline. C'était l'apogée de la gymnastique artistique au Vietnam. Les grandes villes telles Hanoi et Hô Chi Minh-Ville avaient défini des programmes d'investissement sur le long terme pour former leurs gymnastes. Des investissements qui ont donné de bons résultats dans les compétitions du Sud-Est asiatique.
À la recherche de jeunes talents
Aujourd'hui, rares sont les villes et provinces qui investissent dans le développement de cette discipline, jugée très "exigeante". Pour former un gymnaste professionnel de haut niveau, il faut au minimum 7 à 9 années de formation. Le futur gymnaste doit commencer dès l'âge de 5 ou 6 ans afin de pouvoir développer effectivement et complètement les qualités de souplesse du corps que requiert la discipline. Un entraînement - est-il besoin de le préciser ?- est exigeant, difficile sinon parfois douloureux, jalonné de blessures. Autre aspect, les jeunes gymnastes doivent suivre un régime alimentaire drastique avec peu de sucres, d'amidon et de matières grasses pour s’affréter et avoir une musculature très souple. En raison de ces exigences, les pratiquants se font rares.
L'autre difficulté est que les équipements d'entraînement sont extrêmement coûteux. Seul le Centre national d'entraînement sportif de Hanoi dispose de tout le matériel nécessaire. Mais les équipements modernes et coûteux ne sont utilisés que lors des tournois importants... Pour l'ordinaire, ils sont soigneusement remisés.
Comme seules les grandes villes comme Hanoi, Hô Chi Minh-Ville et Hai Phong peuvent se permettre d'investir dans le développement de cette discipline, la sélection des jeunes pousses est difficile, dans la mesure où les effectifs sont limités. L'année 2009 a fait figure d'année noire pour la discipline. La gymnastique artistique était absente des compétitions organisées dans le cadre des SEA Games. Lors des championnats du Vietnam de gymnastique artistique organisés cette année-là, seules quatre équipes étaient engagées avec quelques dizaines de gymnastes, mais qui depuis sont devenus des figures connues en se hissant régulièrement sur les podiums.
Derrière l'exploit de la sélection de gymnastique artistique aux 26es SEA Games, se pose la question relative à l'investissement dans le développement de cette discipline, au repérage et à la sélection des jeunes espoirs. Les figures de proue de la discipline comme Ngân Thuong et Truong Minh Sang, qui viennent de remporter des médailles d'or aux 26es SEA Games, vont bientôt se retirer des compétitions professionnelles pour devenir entraîneurs. Qui va remplacer ces athlètes de haut niveau pour perpétrer la réussite de la sélection de la gymnastique artistique dans les compétitions internationales ? La réponse reste en suspens, et l'on espère le moins longtemps possible !
Hoàng Hoa/CVN