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Des conteneurs sont chargés dans le port de Long Beach en Californie (Ouest), le 6 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"S'il y a une région aux États-Unis qui sera la plus atteinte par la guerre commerciale, ce sera Los Angeles", explique Stephen Cheung, ancien directeur du commerce international au port de la mégapole californienne. "La Chine est notre premier partenaire économique", dit-il, soulignant qu'en 2017, les transactions entre l'empire du Milieu et les ports de la région ont dépassé 170 milliards de dollars. Mais il craint aussi que le cycle de représailles engagé depuis la mise en place de mesures protectionnistes américaines sur les produits chinois la semaine dernière menace toute l'économie internationale. "Nous craignons que ce cycle continue au point de provoquer une dépression", dit M. Cheung, désormais patron de l'ONG World Trade Center Los Angeles.
Avec 40 millions d'habitants, la Californie accueille les géants technologiques de la Silicon Valley, les industries du cinéma et de la télévision. L'État exporte des voitures électriques, des moteurs, des pièces automobiles et de l'aluminium, en plus d'être le verger de l'Amérique. Justement, les représailles chinoises visent les pistaches, les amandes, les noix, les oranges, les citrons et les fraises du "Golden State".
"Même si nous ne connaissons pas les ramifications exactes que ces taxes auront sur nos productions, nous pressentons que la perte du marché chinois va bénéficier à d'autres exportateurs étrangers, provoquant la perte d'opportunités de vente à long terme pour nos agriculteurs", commente Sara Neagu-Reed, de la Fédération des agriculteurs de Californie.
Des ouvriers agricoles mexicains récoltent des salades dans un champ de Brawley, en Californie (Ouest). |
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La Chine était en 2016 le troisième marché pour les produits agricoles californiens, derrière le Canada et l'Union européenne, avec 2 milliards de dollars d'exportations. "Nous sommes très inquiets", dit plus prosaïquement Holly King, patronne des producteurs d'amandes de l'État. Le secteur, qui a exporté pour 518 millions de dollars en 2016, est désormais frappé de droits de douane de 50%. Pour les pistaches, qui pesaient 530 millions de dollars cette même année, les taxes sont de 45%.
Casey Creamer, vice-président de la Mutuelle des producteurs d'agrumes de Californie qui représente 2.500 professionnels, assure toutefois que l'organisation soutient l'administration face aux pratiques commerciales chinoises qui "ont fait beaucoup de mal à notre industrie". Depuis le début de l'année, Donald Trump a multiplié les mesures protectionnistes à l'encontre de ses partenaires commerciaux, accusés de profiter des largesses des États-Unis. De nombreux professionnels reconnaissent que la Chine use de pratiques commerciales déloyales, mais "au lieu d'utiliser des tarifs douaniers comme une tactique", estime M. Cheung, l'administration Trump devrait négocier un accord bénéficiaire aux deux parties.
"Frustrant"
Le vin, autre produit phare de la Californie, a été frappé de tarifs douaniers de 35%. "On a commencé à exporter en Chine il y a dix ans, on a construit un bon réseau, mais tout s'est brusquement arrêté", déplore Michael Honig, un viticulteur de la Napa Valley au nord de San Francisco.
Un ouvrier agricole participe aux vendanges à Kenwood, en Californie (Ouest). |
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Son partenaire asiatique a suspendu toutes ses commandes en attendant de voir comment évolue la situation. "C'est frustrant", commente le vigneron. Mario Cordero, responsable du port de Long Beach, qui avec Los Angeles a vu passer 7,5 millions de conteneurs en 2017, dit ne pas avoir jusqu'ici entendu parler de cargaisons bloquées. Il faudra selon lui six mois pour avoir un meilleur aperçu des effets des taxes.
Côté emplois, l'ONG California Budget and Policy Center estime que 285.000 salariés sont affectés par cette guerre commerciale. Pour Stephen Cheung, les consommateurs verront une hausse des prix d'ici quelques semaines, ce qui devrait rendre les importateurs plus réticents à passer commande. La Californie pourrait aussi perdre les investisseurs chinois, ajoute-t-il. "L'économie subit déjà" les conséquences de la guerre commerciale et si elle dure, "il faudra du temps pour revenir à un fonctionnement normal", prédit M. Cheung.
AFP/VNA/CVN