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Angela Merkel et Donald Trump parlent à la presse à l'issue d'un entretien en tête-à-tête au premier jour du sommet de l'OTAN à Bruxelles, le 11 juillet. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Le président américain avait ouvert les hostilités avant même le début du sommet en s'en prenant avec une virulence inédite à Berlin. "L'Allemagne est complètement contrôlée par la Russie (...) elle est prisonnière de la Russie", avait-il lancé dans une tirade d'une rare dureté dans ce genre de rendez-vous entre alliés. En séance plénière, il a ensuite insisté pour que les alliés respectent l'engagement pris en 2014 de consacrer 2% de leur produit intérieur brut à la défense en 2024 puis leur a demandé de porter ces dépenses à 4% de leur PIB, selon l'exécutif américain.
La déclaration commune adoptée mercredi 11 juillet par les dirigeants de l'Alliance ne fait aucune mention de cette requête. "Donald Trump a commencé par dire qu'il avait beaucoup d'estime pour les Européens et, deux secondes plus tard, il a lancé son discours sur le partage du fardeau pour les dépenses de défense", a expliqué le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn, évoquant les 4%. "Cette approche comptable est un peu absurde", a-t-il ajouté. "L'OTAN n'est pas un marché où l'on peut acheter la sécurité", a renchéri le président de la Bulgarie Roumen Radev au cours d'une rencontre avec la presse bulgare.
L'atmosphère n'était pas des plus plaisantes et une certaine confusion était perceptible autour de la table après le discours de Donald Trump, a confié l'entourage de M. Radev. Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg a éludé le sujet au cours de sa conférence de presse à la fin de la journée. "Commençons déjà avec les 2% pour lesquels il y a encore beaucoup d'efforts à faire", a-t-il lancé.
Tirade antiallemande
Une quinzaine d'États membres, dont l'Allemagne, le Canada, l'Italie, la Belgique et l'Espagne, sont sous les 1,4% du PIB en 2018 et seront incapables de respecter leur parole, ce qui ulcère le président américain, qui a ensuite exigé, dans un tweet, que les Alliés portent leurs dépenses militaires à 2% "IMMEDIATEMENT". Donald Trump et Angela Merkel ont eu l'occasion de s'expliquer au cours d'un tête-à-tête après la première séance de travail. Le président a alors changé de ton, assurant avoir de "très bonnes relations" avec la chancelière allemande.
Comparaison des dépenses militaires des États membres de l'OTAN |
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Il a précisé avoir discuté du projet de doublement du gazoduc Nord Stream entre la Russie et l'Allemagne, auquel il est fortement opposé, mais il s'est refusé à entrer dans les détails de l'entretien. Angela Merkel s'est dite "contente d'avoir eu l'occasion d'un échange de vues" avec le président américain. "Nous sommes des partenaires, nous sommes de bons partenaires et nous souhaitons continuer à coopérer à l'avenir", a-t-elle simplement commenté. De son côté, le président français Emmanuel Macron a exhorté les membres de l'OTAN à "ne pas fragiliser" l'Alliance atlantique, avant de s'entretenir à son tour avec Donald Trump.
Après l'OTAN, Poutine
Le président américain a dénoncé à plusieurs reprises le projet de doublement du gazoduc Nord Stream reliant directement la Russie à l'Allemagne et exige son abandon. L'attaque lui permet d'enfoncer un coin dans l'unité des Européens, car ce dossier les divise.
Emmanuel Macron (gauche) et Donald Trump arrivent au sommet de l'OTAN à Bruxelles, le 11 juillet. |
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Les pays de l'UE importent les deux tiers du gaz qu'ils consomment, ce qui a représenté en 2017 une facture totale de 75 milliards d'euros, selon les statistiques européennes. À ce jour, un gros tiers du gaz acheté est russe, mais les Européens cherchent à briser cette dépendance.
Les États-Unis sont engagés dans une stratégie de conquête de marchés pour leur gaz naturel. Ils en ont exporté 17,2 milliards de mètres cubes en 2017, dont 2,2% par méthaniers vers les terminaux de l'Union européenne.
Les Européens appréhendaient une réunion difficile.
Donald Trump avait quitté Washington d'humeur belliqueuse, déclarant, avec le goût de la provocation qui est le sien, que sa rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine prévue pour lundi à Helsinki pourrait être "plus facile" que le sommet de l'OTAN.
Les Alliés souhaitent avoir des éclaircissements sur les intentions du président américain en Finlande. L'occasion leur en sera donnée mercredi soir 11 juillet au cours du dîner de travail. La marge de manœuvre de Donald Trump face à Vladimir Poutine sera réduite. La déclaration du sommet est en effet un réquisitoire contre la politique du président russe et toutes les décisions avalisées pendant le sommet visent à renforcer la capacité de dissuasion de l'Alliance pour contrer les actions de la Russie.
AFP/VNA/CVN