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Le Sud-Ouest était lancé samedi 3 décembre dans une course contre la montre afin de juguler la nouvelle épizootie de grippe aviaire. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Lot-et-Garonne est venu s'ajouter samedi 3 décembre aux trois départements déjà touchés : le Tarn, le Gers et les Hautes-Pyrénées.
Un nouveau foyer de contamination a ainsi été confirmé dans un élevage de Monbahus (Lot-et-Garonne), où plus de 2.000 canards ont été abattus afin d'éviter toute propagation du virus, qui n'impacte en rien les foies gras ou canards déjà en vente.
Une "suspicion" de grippe aviaire a par ailleurs été signalée dans un élevage de poulets du nord de la Vendée, depuis abattus, selon la préfecture.
Dans le Tarn, d'où est partie l'épizootie, une autre suspicion a été détectée dans un troisième élevage, à Lacapelle-Ségalar. Ce nouveau foyer probable s'ajoute aux deux exploitations déjà touchées par le virus H5N8, qualifié de "hautement pathogène" par les autorités.
Parallèlement, une vaste campagne d'abattage se poursuivait samedi dans trois élevages du Gers : après l'abattage de 690 animaux vendredi dans un élevage, plus de 3.200 autres ont été tués ce samedi 3 décembre dans deux autres exploitations gersoises, a indiqué Dominique Chabanet, de la DDCSPP, l'organisme chargé des opérations d'abattage.
Les trois élevages gersois concernés, à Beaumont, Eauze et Monlezun, ont été livrés le 30 novembre de canards contaminés en provenance d'une ferme du Tarn voisine de celle où le H5N8 a été détecté le 1er décembre.
Mais Benjamin Constant, éleveur à Sainte Radegonde (Gers), près de Beaumont, reste confiant : "On va rentrer dans la période festive, la personne qui souhaite avoir les animaux… bon ben il y aura un petit décalage de quelques jours". "Mais je pense qu'attendre quelques jours pour avoir un produit toujours de même qualité, je crois que personne n’y perdra", déclarel'éleveur, qui est également président départemental du syndicat des Jeunes agriculteurs.
Les mille animaux d'une exploitation d'Ibos, dans les Hautes-Pyrénées, également livrés de canards infectés, ont eux aussi été abattus, selon la préfecture.
"Se mettre en mode guerre"
"Nous espérons stopper net le virus", a déclaré Catherine Galinié, directrice de cabinet à la préfecture des Hautes-Pyrénées.
"Nous appelons les éleveurs à se mettre en mode guerre", avait résumé vendredi 2 décembre le président de la Chambre d'agriculture du Gers, Bernard Malabirade.
Le virus responsable de l'actuelle épizootie est "hautement pathogène et foudroyant dans sa propagation, ce qui entraîne un taux de mortalité extrêmement important de 50% dans les 72 heures", avait averti vendredi 2 décembre le préfet du Gers, Pierre Ory.
Mais cette virulence pourrait favoriser une éradication rapide : le virus responsable de la précédente épizootie du printemps dernier n'était pas mortel pour les canards qui pouvaient ainsi voyager contaminés sans que cela soit su.
La lutte contre la maladie pourrait de plus bénéficier du fait que les exploitants avaient déjà mis en place un impressionnant train de mesures lors de la dernière épizootie, comme l'installation de sas à l'entrée de chaque bâtiment recevant des animaux.
Les préfectures restent donc confiantes d'éradiquer le virus sous huit jours, objectif fixé par le ministère de l'Agriculture.
Elles fondent leurs espoirs sur le fait que les animaux tarnais contaminés qui ont été livrés dans les autres départements étaient des canards "prêts à gaver", qui donc sont enfermés et ne courent pas.
"Ces animaux arrivent dans des espaces clos. C'est un facteur favorable", résume M. Chabanet, directeur de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP).
Reste que, même si le virus ne présente aucun danger pour l'homme et que les canards restent consommables, cette épizootie est un nouveau coup dur pour la filière qui n'est toujours pas sortie de la suspension de l'élevage au printemps dernier.
Ces nouveaux cas repoussent en effet de trois mois la reprise des exportations en dehors de l'Union européenne, en particulier sur le juteux marché japonais.
En 2015, la France avait exporté près de 5.000 tonnes de foie gras, sur les 19.200 produites.