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Choléra en Haïti : l'ONU présente des excuses "au peuple haïtien"

L'ONU a présenté jeudi 1er décembre pour la première fois des excuses aux Haïtiens pour son rôle dans l'épidémie de choléra qui ravage le pays, sans toutefois reconnaitre sa responsabilité juridique.

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Des malades atteints du choléra sont soignés à l'hôpital Saint Antoine, le 22 octobre à Jérémie, en Haïti.

"Au nom des Nations unies, je vais vous le dire très clairement : nous nous excusons auprès du peuple haïtien", a déclaré son secrétaire général Ban Ki-moon, successivement en créole, français et anglais, devant l'Assemblée générale des Nations unies.
"Nous n'avons tout simplement pas fait assez concernant l'épidémie de choléra et sa propagation", a-t-il ajouté. "Nous sommes profondément désolés pour notre rôle".
Selon de nombreux experts indépendants, le choléra a été introduit en Haïti par des Casques bleus népalais de la Mission de l'ONU sur place (Minustah), qui ont déversé leurs déchets dans une rivière.
Malgré ces excuses, l'organisation internationale maintient qu'elle n'a pas de responsabilité légale dans cette affaire.
"Nous n'avons pas changé notre position juridique", a ainsi expliqué à la presse le vice-secrétaire général Jan Eliasson.
M. Ban a répété que l'ONU avait une "responsabilité morale d'agir". Cette affaire, a-t-il reconnu, "a jeté une ombre sur les relations" entre l'ONU et Haïti et a "terni la réputation des Casques bleus".
Il a présenté formellement à l'assemblée un plan pour aider les familles des victimes de l'épidémie et mieux lutter contre la maladie. Celle-ci a déjà contaminé 800.000 personnes, dont 9.000 en sont mortes, depuis octobre 2010.
Pour cette "nouvelle approche", l'ONU espère mobiliser 400 millions de dollars sur deux ans mais l'argent tarde à venir.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, visite un refuge dans un lycée aux Cayes, le 15 octobre en Haïti.

M. Ban a lancé un appel pressant aux donateurs pour financer ces mesures. "Sur l'échelle des besoins humanitaires mondiaux, les sommes nécessaires pour éliminer le choléra en Haïti sont faibles", a-t-il plaidé. "Cette mission est réaliste et réalisable".
Question de crédibilité
Depuis le déclenchement de l'épidémie et les accusations contre leurs Casques bleus, les Nations unies ont toujours plaidé l'immunité diplomatique accordée à leurs missions. Celle-ci a été confirmée par des tribunaux américains, saisis par les avocats de victimes qui réclament des centaines de millions de dollars d'indemnités.
Lever l'immunité mettrait en péril les opérations de maintien de la paix, a affirmé Jan Eliasson en refusant "d'ouvrir les vannes".
"Ce sont de véritables excuses", a-t-il affirmé, et M. Ban "voulait le faire avant de terminer son mandat" dans un mois.
Philip Alston, rapporteur spécial de l'ONU sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme, estimait récemment que la position de l'ONU était intenable et "affaiblissait sa crédibilité", dénonçant une "chape de silence".
En août dernier, l'ONU avait reconnu pour la première fois son "implication dans le foyer initial" de l'épidémie et promis une "aide matérielle" aux Haïtiens.
M. Ban a confirmé jeudi 1er décembre que deux programmes étaient prévus, chacun pour 200 millions de dollars.
L'un vise à intensifier la lutte contre l'épidémie, qui reprend de l'ampleur après le passage dévastateur de l'ouragan Matthew en octobre, et à améliorer les infrastructures sanitaires catastrophiques du pays.
Seul un quart des Haïtiens ont accès à des toilettes décentes et la moitié à de l'eau salubre.

AFP/VNA/CVN

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