"Après 20 ans de sous-investissement, il y a un besoin absolu d'investir dans les secteurs clés comme l'eau et l'énergie (...) Ce genre de projets va probablement se poursuivre", juge l'éco- nomiste Monica Malik de la Banque d'investissement EFG-Hermes.
L'infrastructure avait un peu souffert des années de revenus pétroliers modestes lors de la chute des prix du pétrole entre 1980 et 1990. Mais la hausse à partir de 2005 des prix du pétrole a permis aux pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG, Arabie saoudite, Koweït, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et Oman) de consolider leurs finances publiques, jusqu'au record de juillet (147 dollars le baril), avant que le baril ne dégringole à environ 40 dollars.
La puissance pétrolière et gazière qu'est l'Arabie saoudite et le riche émirat d'Abou Dhabi, "vont probablement maintenir leurs plans d'investissement", poursuit Mme Malik, notant qu'ils n'ont pas de problèmes de liquidités.
L'économiste saoudien Salim al-Gudhea est d'accord pour dire que son pays, doté d'énormes réserves financières, ne va pas revenir sur ses mégaprojets. "Le gouvernement a annoncé des investis- sements de 400 milliards de dollars sur 5 ans" souligne-t-il, notant "une forte volonté politique de ne pas ralentir l'économie".
En publiant lundi son projet de budget 2009, le gouvernement saoudien a assuré que les dépenses pour les grands projets seraient maintenues en dépit d'une prévision de déficit, pour la première fois depuis 2002, provoquée par la chute des prix du pétrole.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), l'économie saoudienne a connu une croissance de 3,5% en 2007 et devrait atteindre 5,9% cette année.
Même si les revenus pétroliers projetés pour 2008 ont été ramenés par la Saudi British Bank de 350 à 287 milliards de dollars, ils n'en restent pas moins supérieurs de plus de 40% à ceux de 2007 lorsqu'ils ont atteint un record de 205,5 milliards de dollars.
Le Qatar, avec 15% des réserves de gaz du monde, a indiqué qu'il allait aussi de l'avant dans ses projets tandis qu'à Bahreïn, aucun projet, public ou privé, n'a été reporté ou annulé, selon Issam Fakhro, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie. Mais le tableau diffère lorsqu'il s'agit de l'immobilier, qui semble dans une phase critique notamment à Dubaï, qui fut le pionnier de ce secteur lorsqu'il l'a ouvert à l'investissement étranger. "Le domaine qui verra le plus probablement des projets annulés ou mis en veilleuse sera celui de l'immobilier à Dubaï", note ainsi Mme Malik. "Ce sera plus difficile pour les promoteurs de trouver des fonds pour leurs projets et il peut y avoir un nombre plus grand de projets reportés", estime la Banque d'investissement Al Mal Capital de Dubai.
Nakheel, le promoteur d'îles artificielles à Dubaï, a licencié le 30 novembre 500 employés, soit 15% de son personnel, tandis que Meraas, un autre promoteur, a annoncé un réexamen du projet Jumeirah Gardens de 95 milliards de dollars annoncé en octobre au début de la crise financière. Mais l'infrastructure ne semble pas affectée, Dubaï voulant apparemment profiter de la baisse du prix des matériaux de construction. L'émirat vient d'accorder un contrat de 1,3 milliard de dollars pour un nouvel aérogare à l'aéroport international de Dubaï, le plus actif du Moyen-Orient.
Et en dépit des doutes sur la capacité de Dubaï d'honorer sa dette, de 80 milliards de dollars, la banque Citigroup vient d'accorder des facilités de 8 milliards de dollars à son secteur public.
AFP/VNA/CVN