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L’innovateur croate Mate Rimac et sa voiture sportive «Concept One» à Sveta Nedelja, près de Zagreb. |
Accro des vitesses et du bricolage, c'est lors d'une course automobile qu'il décide de transformer en voiture électrique sa vielle BMW, dont le moteur à essence venait de lâcher. Il lui installe des pièces détachées achetées sur Internet, puis d'autres qu'il invente et fabrique lui-même.
Une dizaine d'années plus tard, son entreprise Rimac Automobili est devenue un des leaders mondiaux du secteur de la technologie automobile électrique et vend désormais sa voiture sportive «Concept One» au prix hallucinant de 850.000 euros.
«Nous voulons être les meilleurs dans ce que nous faisons et nous sommes en train de changer le monde», lâche, confiant, Mate Rimac lors d'un entretien à l'AFP dans la salle d'exposition de son usine à Sveta Nedelja, petite ville près de Zagreb.
L'inventeur croate a été nommé en décembre par le site Politico Europe parmi les 28 personnes qui «façonnent, secouent et agitent l'Europe». Mais parvenir à maîtriser une technologie aussi complexe et trouver des financements pour développer ses projets a été une très rude épreuve, surtout dans un pays qui n'a pas d'industrie automobile.
M. Rimac a fondé sa compagnie en 2009 lorsqu'il s'est rendu compte qu'il ne restait plus grand chose d'original sur sa BMW. Il décide alors de repartir à zéro pour faire proprement une nouvelle voiture, la sienne.
Succès aux salons automobiles
«Nous avons d'abord dû créer une équipe, ensuite un savoir-faire par la méthode essai-erreur, pour finalement devenir une entreprise capable de fabriquer un produit», explique M. Rimac.
La compagnie a dévoilé son premier «Concept One» en 2011 au salon de Francfort, où personne ne s’attendait vraiment à ce qu’un petit constructeur croate présente un bolide électrique capable d’atteindre les 100 km/h en 2,8 secondes et une vitesse de pointe de 325 km/h.
Rimac Automobili a présenté au salon automobile de Genève la version de série de cette sportive, mais aussi le prototype de son «jumeau diabolique» qui sera encore plus puissant, baptisé «Concept S».
Beaucoup s'attendaient à ce que l'innovateur croate quitte le pays balkanique - qui se remet lentement d’une récession économique longue de six ans, pour développer ailleurs ses technologies, dans la Silicon Valley, en Allemagne ou en Italie.
«J'ai envie de faire ça ici, je me suis obstiné. Je pense que c'est possible et que nous faisons ça très bien», affirme-t-il. Il prévoit de construire une autre usine, également à Sveta Nedelja, et le nombre de ses employés devrait doubler à 300 personnes d'ici la fin de l'année. Ses employés ont une trentaine d'années en moyenne et beaucoup d'entre eux sont des ingénieurs qui arrivent dans l’entreprise directement après l’université.
«Le monde va s'électrifier»
L’entreprise a développé et fabriqué la plupart des composantes du «Concept One», sa carrosserie, le châssis, les batteries, les moteurs électriques, suivant la philosophie de Mate Rimac qui consiste à créer son propre savoir-faire au lieu de l'acheter.
Des ouvriers dans l’entreprise Rimac Automobili à Sveta Nedelja, près de Zagreb. |
«C'est pourquoi nous grandissons aussi vite et devenons les experts sur divers champs», dit M. Rimac qui a obtenu en 2014 des financements de trois investisseurs internationaux et qui est en train de procéder à une nouvelle collecte des fonds.
Deux prototypes du «Concept One», dont le rouge présenté à Francfort, sont exposés dans l’usine, où les ingénieurs s'affairent autour de trois voitures destinées à la livraison d'ici un mois à des clients aux États-Unis, en Allemagne et en Italie. La fabrication est limitée à huit voitures au total.
L'élégante voiture sportive est le produit phare de Rimac Automobili, mais le jeune innovateur explique qu'elle est seulement la vitrine de la technologie que sa société est capable de fabriquer, aussi bien des systèmes d'info-divertissement que des batteries, à des fins très diverses : les voitures ordinaires, les avions, les bateaux, les vélos ou encore les fauteuils roulants.
«Nous aidons le monde à s'électrifier. Notre travail est d'appliquer ces technologies et d'aider les autres industries à s'électrifier», explique M. Rimac. Une filiale de la compagnie, Greyp Bikes, fondée en 2013, a fabriqué un vélo électrique de haute performance pouvant atteindre une vitesse de 70 km/h.
À ce jour, quelque 80 de ces vélos ont été vendus à travers le monde au prix de 8.500 euros.
AFP/VNA/CVN