L'étiquette-énergie à l'heure du grand nettoyage européen

Pour le consommateur qui veut soigner l'environnement et son porte-monnaie, jeter un œil à l'étiquette-énergie d'un produit est devenu un réflexe pour choisir un appareil en fonction de ses performances énergétiques.

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Les consommateurs, «ne perçoivent pas une différence aussi grande» entre les catégories A et A+ qu’entre A et B.

Mais le système de classement par lettre, de A à G, du plus écolo au moins économe, est victime de son succès et nécessite un grand nettoyage. Si votre nouvelle machine à laver est notée «A+» et que vous pensez avoir fait à la fois une bonne affaire et une bonne action pour l'environnement, regardez-y de plus près. La classification, révisée en 2010 par l'UE, a introduit de nouvelles catégories allant jusqu'à «A+++», une nuance qui échappe parfois aux consommateurs.

«L'efficacité de l'étiquette a été compromise avec l'addition des catégories +plus+», admet Angeliki Malizou, coordinatrice du projet «écoconception» au Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC). Elle se félicite d'un retour au système de classification par lettre, sans addition, «intuitif», tel que proposé par la Commission européenne en juillet 2015.

Les consommateurs, qui ont largement adopté le classement de A à G mis en place au début des années 1990, «ne perçoivent pas une différence aussi grande» entre les catégories A et A+ qu'entre A et B, souligne Mme Malizou.

Or en ce qui concerne les machines à laver par exemple, A+ est de facto devenue la catégorie la moins performante, puisqu'on ne trouve plus d’appareil moins bien noté : l’évolution technologique, encouragée par les normes européennes d’«écoconception» visant à promouvoir le développement durable, a provoqué un encombrement des catégories supérieures.

Cet étiquetage est ainsi source de «confusion» pour les consommateurs, qui face à un «A+» imaginent à tort réaliser un achat de matériel très performant leur permettant «d'économiser sur leur facture ou sur les émissions de gaz» et qui sont prêts à payer un prix plus élevé pour cette acquisition, regrette Stéphane Arditi, coordinateur de l'ONG européenne CoolProducts.

Des économies perdues

Autre problème : selon une récente étude, en boutique, l'étiquette est mal faite dans un cas sur trois, sinon absente une fois sur cinq. «On estime que le gaspillage d'énergie coûte plus de 10 milliards d'euros d'économies annuelles en Europe, qui devraient revenir aux consommateurs», observe Jack Hunter, du Bureau européen de l'environnement, une ONG bruxelloise.

Au total, les économies d'énergie liées à l'application des directives Ecoconception et Etiquetage énergétique sont évaluées à 465 millions d'euros pour les ménages européens. Mais du côté des industriels, le scepticisme prime.

Les nouvelles catégories qui utilisent les mentions «+» tendent à égarer le consommateur.

«Nous soutenons un retour à l'échelle de A à G. Il faudrait même le faire immédiatement dans les cas où la plupart des modèles d'un type de produits sont classés aujourd'hui en catégories +plus+» et où il y a embouteillage dans le haut du classement, estime Andrea Voigt, directrice-général d'Epee, l'Association européenne des fabricants d'électroménager.

Pour certains produits, en revanche, «il n'est pas nécessaire (de réformer le classement) à court terme», dit-elle: par exemple parmi les chauffages, soumis à l'étiquette-énergie seulement depuis septembre 2015, très peu de pompes à chaleur ont reçu une classification élevée.

La révision sera bientôt entre les mains des colégislateurs de l’Union européenne : le parlement et le conseil. L’eurodéputé italien Dario Tamburrano, rapporteur du projet, vient de finaliser ses propositions et espère un accord avant la fin 2016.

Étiquette 2.0

«Le but est de retrouver la confiance des citoyens après le scandale Volkswagen», confie-t-il. «Sans confiance, personne ne croit dans l'étiquette». La proposition du parlementaire prévoit l'interdiction explicite de tout appareil visant à tromper les résultats d'un test de certification.

Très enthousiaste sur l'innovation et les nouvelles technologies, M. Tamburrano table sur une étiquette 2.0, avec un code pour obtenir plus d'informations depuis son smartphone : une étiquette simple doublée d’une fiche virtuelle.

L’utilisation des nouvelles technologies permettrait d'introduire l’idée d’une «base de données produits» lancée par la Commission mais qui a reçu un accueil glacial des fabricants. Avec des données spécifiques, Dario Tamburrano imagine que l’on pourrait ainsi comparer les produits, ou encore adapter le choix d’un produit à chaque pays en livrant des informations sur le coût de l’énergie sur un territoire donné.

Pour résorber l’encombrement des catégories les plus élevées, la nouvelle législation prévoit de créer un mécanisme de révision automatique à partir du moment où une certaine proportion de modèles obtiendront la meilleure note.

«Il faut être tourné vers le futur, être plus ambitieux», plaide le parlementaire italien. Il entrevoit la possibilité de promouvoir des appareils «intelligents» capables de communiquer avec le réseau électrique et de déterminer à quel moment il est le plus avantageux de lancer la machine, en terme de coût de l’énergie ou de congestion du réseau.

CVN/CVN

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