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Le tissage est un métier très ancien des Banars. |
Après avoir été délaissés, les métiers à tisser des Banars à Glar ont recommencé à fonctionner. Depuis 11 ans, lorsqu’elles ne sont pas dans les champs de café ou de poivre, les femmes se réunissent pour tisser. Sous leurs mains habiles, apparaissent des motifs traditionnels qui embelliront vêtements, écharpes ou ceintures…
L’idée de redonner une nouvelle jeunesse à la brocatelle banar est venue à Mlop il y a 20 ans. Mais ce n’est qu’en 2006 qu’elle a réussi à créer la coopérative d’agriculture et de tissage de brocatelle de Glar. Auparavant, les femmes banars devaient cultiver du coton, en extraire des fibres, les colorer avec des racines, des feuilles, du charbon de bois ou encore des coquilles. Aujourd’hui, elles peuvent se passer de cette étape manuelle, les colorants industriels et les fils tous faits étant disponibles sur le marché. La plus value de leurs produits réside dans leur savoir-faire traditionnel, comme nous l’explique Mlop.
"Le tissage est un métier très ancien. Ma mère et mes soeurs le pratiquaient toutes. Moi aussi, j’adore tisser la brocatelle. À 10-11 ans, je maîtrisais déjà toutes les techniques d’extraction de fibres et de tissage. Maintenant, ça ne vaut plus la peine d’extraire des fibres du coton, on peut se procurer facilement des fils et de la laine au marché", a fait savoir Mlop.
Au moment où Mlop créait sa coopérative, le tissage de brocatelle était au bord de la disparition. Peu de ménages pratiquaient encore ce métier et lorsque c’était le cas, ils ne confectionnaient plus que des habits pour eux-mêmes, essentiellement à l’occasion des fêtes communautaires. À l’époque, la coopérative comprenait 40 membres, que des femmes, qui produisaient des cache-sexes, des habits, des sacs et des portefeuilles, se souvient Mlop.
Le développement du tissage de brocatelle contribue non seulement à préserver l’identité culturelle mais aussi à créer des produits et à réduire la pauvreté. |
Préserver l’identité culturelle banar
"Le tissage n’est pas un métier très rentable, mais nous, les femmes banars, nous l’aimons. On en fait dès qu’on a un peu de temps libre. Moi, je m’occupe de trouver des débouchés. Et nous vendons plutôt bien, dans les provinces voisines mais aussi à Hô Chi Minh-Ville et à Nha Trang", partage Mlop.
Onze ans après sa création, la coopérative d’agriculture et de tissage de brocatelle de Glar compte aujourd’hui plus de 300 membres. La pratique et l’entraide rendent leur travail de plus en plus abouti, les produits deviennent plus beaux, les motifs plus diversifiés, comme en témoigne Hngai, l’une des membres.
"Je sais tisser depuis que je suis toute petite. À 11-12 ans, j’ai appris la broderie avec Mme Mlop, et maintenant c’est à mon tour de transmettre mon savoir-faire. Mon rêve est d’ouvrir beaucoup d’ateliers de brocatelle et de créer de nouveaux motifs, afin de préserver ce métier qui fait partie de l’identité culturelle banar. J’essaye aussi de retrouver des motifs anciens et de les reproduire sur mes produits", a souligné Hngai.
Jusqu’à présent, la coopérative a pu organiser quatre ateliers de formation de trois mois chacun, transmettant ainsi le métier à 200 femmes, se félicite sa créatrice Mlop : "Depuis quelques années, le métier de tissage a retrouvé ses lettres de noblesse. Même les écoliers le pratiquent en vacances. Nous leur organisons des ateliers de formation, pour une trentaine d’apprenants chaque fois. Quant au revenu, il est calculé en fonction des produits. Il faut savoir que la principale activité économique ici reste la culture du café et du poivre. Si on y ajoute les recettes provenant du tissage de brocatelle, le revenu moyen par habitant s’élève à un peu plus de 3 millions de dôngs par mois".
Sur les 10.000 habitants que compte Glar, 95% sont des Banars. Le développement du tissage de brocatelle contribue non seulement à préserver leur identité culturelle mais aussi à créer des produits et à réduire la pauvreté. Le dynamisme des femmes de Glar a fait des émules. La province de Gia Lai multiplie festivals et concours de tissage de brocatelle. Les autorités provinciales soutiennent par ailleurs la création de coopératives et de clubs de tissage traditionnel. Les femmes de Glar l’ont prouvé : tradition et développement peuvent faire bon ménage.
VOV/VNA/CVN