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Le Premier ministre français Édouard Philippe à l'Assemblée nationale, le 5 décembre à Paris. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Les hausses de ces taxes prévues pour le 1er janvier sont "annulées pour l'année 2019", a affirmé le ministre de la Transition écologique François de Rugy.
"Le président (Emmanuel Macron) je l'ai eu au téléphone il y a quelques minutes", a assuré le ministre lors d'un débat avec des "gilets jaunes" sur BFMTV. Il m'a dit: "Les gens ont eu l'impression qu'il y avait une entourloupe, qu'on leur disait c'est une suspension mais hop, ça reviendra après".
"Le président et le Premier ministre ont souhaité de concert que la hausse de la taxe carbone prévue dans le budget 2019 soit supprimée. Le débat citoyen et parlementaire des semaines et des mois à venir devra permettre de trouver les solutions et les financements qui répondront aux enjeux de la transition écologique, solutions qui devront préserver le pouvoir d'achat de nos concitoyens", a expliqué ensuite l'Élysée.
Emmanuel Macron a demandé lors du Conseil des ministres "aux forces politiques et syndicales, au patronat de lancer un appel clair et explicite au calme", a rapporté le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.
"Ce qui est en jeu, c'est la sécurité des Français et nos institutions. Je lance ici un appel à la responsabilité", a dit pour sa part Édouard Philippe lors d'un discours devant l'Assemblée.
"Tous les acteurs du débat public, responsables politiques, responsables syndicaux, éditorialistes et citoyens, seront comptables de leurs déclarations dans les jours qui viennent", a-t-il ajouté.
Édouard Philippe a soumis aux députés dans l'après-midi une déclaration défendant ses annonces d'un abandon dans le budget 2019 de la hausse de la taxe carbone, d'un gel des tarifs du gaz et de l'électricité cet hiver, et du renoncement à durcir le contrôle technique automobile avant l'été, toutes mesures répondant à des demandes des "gilets jaunes".
Il a aussi jugé "nécessaire" un débat sur la réforme de l'Impôt sur la fortune (ISF) - sur la suppression duquel Emmanuel Macron exclut de revenir.
Édouard Philippe a exclu en revanche que le vaste débat citoyen sur les impôts et les dépenses publiques débouche sur "la création de nouvelles taxes" ou "une augmentation des déficits". La déclaration a été approuvée par 358 voix contre 194.
Invité, comme tous les groupes de l'Assemblée, à répondre au chef du gouvernement, le dirigeant Insoumis Jean-Luc Mélenchon a balayé les mesures de l'exécutif, et jugé que la France était "en état d'insoumission générale".
Nouvelle explosion de violences
L'exécutif redoute avant tout une nouvelle explosion de violences ce week-end, après les scènes d'émeutes samedi 1er décembre notamment à Paris. La situation est également tendue dans les lycées.
Les "gilets jaunes" ont poursuivi mercredi 5 décembre leurs actions, ciblant toujours des dépôts pétroliers, routes et zones commerciales, mais les stations-service en pénurie de carburants ces derniers jours sont en cours de réapprovisionnement.
Partout en France, les appels à se mobiliser une nouvelle fois samedi 8 décembre se multiplient et le ministère de l'Intérieur fait état d'une "mobilisation de la part de l'ultradroite et de l'ultragauche".
De même source, "on constate une vraie radicalisation de certains +gilets jaunes+, comme on a pu le voir dans les comparutions immédiates depuis lundi mais aussi dans leurs propos. Ils se radicalisent par la violence et politiquement".
Édouard Philippe a réitéré mercredi 5 décembre l'appel à ne pas manifester à Paris samedi 8 décembre, et prévenu que le gouvernement serait "intraitable" face aux "factieux" et aux "casseurs".
Fait rare, tous les grands syndicats de salariés nationaux ont décidé de se réunir jeudi 6 décembre. De leurs côté, le syndicat SUD-Rail et la CGT du groupe Lafarge-Holcim ciment ont appelé mercredi 5 décembre à manifester samedi 8 décembre aux côtés des "gilets jaunes" dans toute la France, le syndicat ferroviaire appelant aussi les cheminots à laisser ces derniers voyager "gratuitement" en train.