>>Le président de la Chambre des communes britannique soutient le débat sur l'outrage du Brexit
>>Brexit: un second référendum, une idée qui avance mais aussi une gageure
Le référendum de juin 2016, remporté à 52% par le camp du Brexit, avait laissé le pays profondément divisé, et l'accord conclu avec l'UE laisse les deux camps frustrés. |
L'accord de divorce entre le Royaume-Uni et l'UE, fruit de 17 mois de difficiles négociations, est présenté par Theresa May comme le "meilleur possible". En ouvrant les débats mardi 4 décembre, elle dira qu'il "répond aux attentes du peuple britannique", selon des extraits de son discours transmis par ses services.
"Le peuple britannique veut que nous allions de l'avant avec un accord qui respecte le résultat du référendum et nous permette de rassembler le pays, quelle que soit la manière dont nous avons voté", dira-t-elle. Mais le texte suscite l'hostilité de députés de tous bords.
Outre l'opposition travailliste, les europhiles du Parti libéral-démocrate et les députés écossais indépendantistes, l'allié nord-irlandais de Theresa May, le petit parti unioniste DUP, s'oppose au texte, ainsi que des dizaines de députés conservateurs favorables à une rupture franche avec l'UE.
Menacée d'un échec au Parlement, la cheffe du gouvernement a fait planer la menace d'un départ de l'UE sans accord, avec de lourdes conséquences pour l'économie britannique. Elle a aussi averti qu'il pourrait bien ne pas y avoir de Brexit du tout.
Le Labour, principal parti d'opposition, a prévenu qu'il déclencherait une motion de défiance si Theresa May échoue à faire adopter le texte. Mme May affronte en outre les eurosceptiques de son propre camp, qui voudraient aussi la renverser. Elle a souligné lundi 3 décembre que les prochains jours allaient être cruciaux. "C'est un moment important dans notre histoire", a-t-elle dit à ITV. Elle a enjoint les députés à soutenir le texte dans "l'intérêt national".
Second référendum
Le référendum de juin 2016, remporté à 52% par le camp du "Leave", avait laissé le pays profondément divisé. Après des mois de discussions, le texte conclu avec l'UE laisse les deux camps frustrés. Les plus fervents "Brexiters" estiment que le Royaume-Uni ne va pas franchement couper les ponts avec l'UE, tandis que les europhiles espèrent encore faire marche arrière.
Theresa May, ici à la Chambre des communes le 3 décembre, joue son avenir à la tête du gouvernement du Royaume-Uni. |
L'option d'un second référendum a aussi gagné des soutiens. Lundi 3 décembre, des députés des partis conservateur, travailliste, libéral-démocrate et vert ont remis à Downing Street une pétition de plus d'un million de signatures demandant un nouveau vote. "C'est la seule possibilité si le Parlement est dans une impasse", a dit à l'AFP la députée tory Justine Greening.
Le traité de retrait comprend notamment la facture du divorce dont devra s'acquitter le Royaume-Uni, évaluée entre 40 et 45 milliards d'euros, garantit les droits des Européens vivant au Royaume-Uni et des Britanniques dans l'UE et définit une période de transition qui débutera après le Brexit, prévu le 29 mars 2019, pour durer jusqu'en décembre 2020.
Il prévoit un "filet de sécurité" pour éviter le retour à une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et l'Irlande et préserver la paix sur l'île. Ce mécanisme controversé, qui consiste à créer un "territoire douanier unique", englobant l'UE et le Royaume-Uni, n'entrerait en vigueur qu'après la période de transition et seulement si aucune meilleure solution n'était trouvée d'ici à la mi-2020.
Lundi 3 décembre, lors d'un débat enflammé au Parlement, l'Attorney General (ministre chargé de conseiller juridiquement le gouvernement), a déclaré que le texte contenait des éléments "insatisfaisants" mais qu'il garantissait une sortie "pacifique et ordonnée" de l'UE.
Le conseiller principal de Theresa May pour l'Europe, Olly Robbins, a lui qualifié les dispositions relatives à la frontière irlandaise de "nécessité légèrement gênante pour les deux parties".
Les élus critiques de Theresa May voudraient qu'elle renégocie le texte, une option exclue par l'UE. Deux jours après le vote au Parlement britannique, prévu le 11 décembre, Theresa May doit retourner à Bruxelles pour un nouveau sommet européen.