Dans son atelier de Saint-Lizier, en Ariège (Sud de la France), le montagnard Jean-Louis Orengo, tout à la fois trappeur, aventurier, ichnologue (spécialiste des empreintes laissées par les animaux et les hommes), l’a conçue dans les années 1990 pour les bivouacs. Il ne voulait plus avoir à choisir entre la fourchette et la cuillère pour alléger son barda.
Le montagnard Jean-Louis Orengo a conçu la fourchette-cuillère dans les années 1990 pour les bivouacs. |
Avec son nom désuet, cette cuillère dont l’arrondi est interrompu par quatre dents n’a pas rencontré le succès commercial au départ. C’est finalement une version haut de gamme (argenté, mat, titane noir) qui connaît l’engouement cette année, avec son air d’empreinte de patte animale.
Georgette acceptée par les gastronomes
Avec son bord tranchant, elle permet de couper un poisson ou de séparer des mets durs, de piquer tout aliment solide avec ses quatre fourchons et de prendre dans la même bouchée une cuillerée de soupe ou de sauce.
Pour les gastronomes, elle présente l’avantage de saisir en même temps des aliments solides et liquides. Elle est idéale par exemple pour déguster les profiteroles, ces petits choux garnis de glace à la vanille et recouverts de sauce au chocolat chaud.
Gilles Goujon, chef trois étoiles de l’Auberge du vieux puits à Fontjoncouse (Sud de la France), a adopté Georgette depuis peu pour déguster son plat emblématique : l’œuf «pourri» à la truffe. «C’est intéressant pour la mise en bouche, elle a un galbe agréable, comme une cuillère à sauce, et son côté tranchant permet de couper l’œuf, et le jaune coule noir de truffe», décrit-il avec délectation. D’autres grands chefs français comme Alain Ducasse, Hélène Darroze ou Franck Putelat l’utilisent.
Georgette, la fourchette-cuillère dont l’arrondi est interrompu par quatre dents |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Paul Fontvielle, patron du restaurant gastronomique le Carré de l’ange à Saint-Lizier, a été le premier à l’employer et à créer un menu spécial avec Georgette comme unique couvert, de l’entrée au dessert.
«Il y a des phénomènes de mode», explique Sylvie Amar, designer, qui va présenter Georgette cet automne à Paris au salon Équip’Hôtel, le rendez-vous des métiers de la restauration. «C’est un bel outil, ergonomique et fonctionnel. Un mix de deux outils ancestraux, c’est difficile», estime-t-elle, étonnée qu’un particulier ait mis au point un couvert aussi abouti. Le grand public se l’appropriera d’ici trois ans, prédit-elle.
Avant Georgette, on n’avait rien inventé depuis la fourchette il y a 400 ans, assure Bernard Garcia, le président du syndicat des hôteliers de l’Ariège. Comme d’autres avec leur couteau, Jean-Louis Orengo, 59 ans, va au restaurant avec sa cuillère-fourchette glissée dans un étui en cuir.
Il a peut-être rendu sans le savoir un service aux personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Des personnes souffrant de tremblements ont pris contact avec lui pour le remercier de sa trouvaille.
AFP/VNA/CVN